- Propos recueillis par Anne-Claire Pophillat | Crée le 11.11.2025 à 08h00 | Mis à jour le 01.12.2025 à 18h16ImprimerAlain Descombels a présenté le programme du Rassemblement national, qui présentera une liste citoyenne aux provinciales, lundi 10 novembre. Photo A.-C.P.Le Rassemblement national en Nouvelle-Calédonie annonce présenter une "liste citoyenne" aux prochaines provinciales. Si sa composition n'est pas encore connue, Alain Descombels, le délégué territorial du RN, a présenté lundi 10 novembre un programme "acté par Marine Le Pen", essentiellement tourné vers l’économie, estimant que "la situation est plus que dramatique" et "qu’aucun parti politique ne fait de propositions concrètes". Entretien.
Quel est l’objet de ce programme que vous présentez en vue des élections provinciales ?
C’est une candidature officielle. Il s’agit de marquer l’esprit des Calédoniens, leur dire que ce programme, qui est très important sur le plan économique, ne peut se réaliser que si nous sommes dans une liste citoyenne, avec des chefs d’entreprise, des gens de la société civile, issus des associations, dont on a besoin pour travailler ensemble. Nous sommes maintenant à six ou sept mois des échéances. Il ne faut pas attendre le dernier moment pour le présenter aux Calédoniens, et surtout leur expliquer que, quelles que soient les décisions statutaires qui seront prises, nous sommes dans une situation qui est plus que dramatique, et que je ne vois aucun parti politique nous faire des propositions concrètes. C’est quoi le projet de Calédonie Ensemble, celui de l’Éveil océanien, de Sonia Backès ? Qu’est-ce que vous proposez pour garantir aux Calédoniens que ça va redémarrer ? Nous, nous avons des solutions, mais il faut que l’État s’engage, et pour l’instant, il ne semble pas beaucoup s’engager sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.
On voit bien que les Calédoniens ne sont pas concernés par Bougival, mais par le fait de savoir quand ils vont retrouver du travail.
Pour l’instant, vous critiquez une vision "au coup par coup" de l’État ?
Ce n’est pas parce qu’on va mettre 50 milliards de francs là qu’on va s’en sortir. On a le sentiment d’un saupoudrage. Et ce n’est pas parce qu’il y aura un accord de Bougival qui est relativement imparfait que les gens vont consommer de nouveau. Sur l’ensemble des ménages calédoniens qui travaillent, 5 % gagnent plus d’un million de francs par mois contre 40 % qui sont en dessous du seuil de pauvreté. Ça veut dire qu’il y a un déséquilibre et qu’il va s’agrandir.
La situation est tellement dramatique, que si on n’avance pas avec des choses concrètes, on va au carton. La tension sociale est forte. Or, dans toutes les discussions qu’on a, on se rend compte que sur la partie du développement économique, on n’avance pas. Aujourd’hui, quand on demande à Paris : qu’est-ce que vous allez faire sur les mois à venir, on voit bien qu’ils ne savent pas. Et ça nous fait peur. Il s’agit juste de boucher les trous. Avec les accords de Matignon et de Nouméa, il y avait un projet économique immédiat. Là, on nous dit qu’on va voir ça après. C’est pour ça qu’on veut réveiller. On voit bien que les Calédoniens ne sont pas concernés par Bougival, mais par le fait de savoir quand ils vont retrouver du travail. C’est un cri d’alarme qu’on lance.
L’investissement pour le nickel doit être conséquent, avec une volonté politique de l’État qui, pour l’instant, ne le manifeste pas.
Quelles sont les principales mesures que vous proposez, quelle est l’urgence selon vous ?
D’abord une réflexion sur le nickel, qui se trouve dans une situation dramatique depuis plusieurs années. Il faut que nous ayons un accord avec l’Europe pour avoir des financements, notamment sur la partie énergétique, parce que ça ne se fera pas sans un EPR (réacteur pressurisé européen), c’est-à-dire une mini-centrale nucléaire qui est le seul moyen pour obtenir de l’énergie à bon compte, puisque quand on est quatre fois plus cher que les concurrents en activité électrique, je ne vois pas comment on peut s’en sortir. Il y en aurait pour quatre à cinq ans de construction, donc il faut maintenir la filière pendant cette période. L’investissement pour le nickel doit être conséquent, avec une volonté politique de l’État qui, pour l’instant, ne le manifeste pas. Et il faudrait essayer d’imposer à l’Europe un volume minimum d’import de nickel calédonien. Cela ferait une garantie pour les investisseurs.
Lors de sa visite, Marine Le Pen avait aussi acté un certain nombre de choses, dont la mise en place d’une base navale.
Vous plaidez également pour la mise en place de prêts garantis par l’État, comme pendant le Covid ?
Pour aider au redémarrage, il faut que les banques prêtent aux entreprises des sommes entre 5 à 40 millions de francs qui seraient garanties par l’État. Cela permettrait de faire repartir le tissu des artisans, on a évalué qu’il y en avait pour à peu près 7 à 8 milliards de travaux de réfection à faire sur les sociétés. Notre objectif est que l’État, le gouvernement calédonien et les banques jouent le jeu pour pouvoir relancer l’économie. Sinon je ne vois pas comment la Nouvelle-Calédonie va s’en sortir.
Personne ne croit à un accord pour la Calédonie avant le prochain président.
Vous êtes opposés à Bougival et les députés Rassemblement national ont voté contre le report des élections provinciales. Pourquoi ?
Nous demandons que l’État s’engage sur des propositions concrètes pour essayer de redresser la Nouvelle-Calédonie. Il faut que l’État nous dise ce qu’il veut faire de la Calédonie. C’est pour ça qu’on rejette Bougival, c’est qu’il aurait dû s’accompagner d’une partie économique. Savoir si on va se mettre d’accord ou pas, c’est secondaire, parce que de toute façon, la Calédonie risque, économiquement, de s’effondrer. Ça ne sera rien de s’engager sur une réflexion statutaire si on n’y adosse pas un programme économique qui soit adapté à cette solution statutaire. Au RN, notre objectif était de faire des élections fin janvier pour avoir des élus qui soient plus légitimes que ceux qui ont signé Bougival. Personne ne croit à un accord pour la Calédonie avant le prochain président. On a décidé de faire un programme qui se base sur l’idée que le RN peut, dans les mois à venir, par une dissolution, prendre une partie des responsabilités.
Localement, le RN rencontre des difficultés pour rassembler, qu’est-ce qui pourrait changer cette fois-ci ?
On voit deux choses depuis que Marine Le Pen est venue, c’est que quand vous avez trois députés, comme en 2017, et que vous en avez 140 comme aujourd’hui, ça change la donne. On le voit au niveau de nos adhésions, on en a eu un peu plus de 250 en plus, donc on est à peu près à 750. Les Calédoniens savent que le pouvoir peut changer en France, qu’il y a une forte remontée du RN. Et il faut savoir que tous les élus politiques calédoniens viennent voir le RN, il n’y en a pas un qui manque à l’appel. Et nous, ce programme, on a la garantie que le Rassemblement national va le soutenir. Donc je pars avec un peu de poids à Paris, peut-être pas beaucoup ici, c’est pour ça que notre objectif n’est pas de faire une liste RN, mais une liste où on associe des gens qui sont intéressés par notre travail.
Qui va composer la liste citoyenne ?
Je ne serai pas tête de liste. Il y a des discussions.
Avant les provinciales se tiendront les municipales. Quelle est votre approche de ce scrutin, allez-vous soutenir des candidats ?
Oui, nous allons en soutenir sur les grandes mairies du Sud. On est en train d’y travailler. Je ne vous cache pas que ça ira à l’inverse des propositions faites par Sonia Backès et sa liste. On n’est d’accord sur rien. Je trouve qu’on a fait une mandature inexistante sur le plan économique, et que si on en est là, il y a quand même des responsabilités partagées. Ce n’est pas notre vision politique. Et on apportera notre réflexion, on participera peut-être à des meetings politiques.
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