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    Nouvelle Calédonie
  • Gil Brial, Les Loyalistes au Congrès, 2e vice-président de la province Sud
    Propos recueillis par P. Ch. | Crée le 13.03.2023 à 18h10 | Mis à jour le 13.03.2023 à 18h13
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    Gil Brial apprécie la clarté de la position de l'État. "Quand sa parole est ambiguë, elle est au mieux interprétée, au pire dévoyée." Photo Marion Thellier
    Comment tomber d'accord avec les indépendantistes sur les cruciales questions du corps électoral et du dossier minier ? Après la visite de Gérald Darmanin, Gil Brial, représentant du groupe Les Loyalistes au Congrès, a répondu à nos questions.

    Les Loyalistes se sont positionnés sur un délai de résidence de trois ans pour voter aux élections provinciales, pensez-vous que ce soit audible par le camp indépendantiste pour qui le sujet des listes électorales est "la mère de toutes les batailles" ?

    On répète depuis plusieurs mois qu'il s'agit d'une question de principe juridique. Le gel du corps électoral était possible dans la période de l'accord de Nouméa. Celui-ci étant achevé, la nouvelle page que nous avons à écrire ne pourra pas s'écrire avec un corps électoral gelé. Le droit français et européen le disent, le maintient du gel du corps électoral va à l'encontre des engagements internationaux de la France.

    Au niveau politique aussi c'est aussi une affaire de principe. Ce qui a été validé par les Calédoniens en 1998 avec l'accord de Nouméa, c'était bien un corps électoral glissant. Au bout de dix ans de présence, vous pouviez voter aux élections provinciales. Les élections provinciales doivent se tenir en mai et ne pourront donc pas avoir lieu avec un corps gelé.

    "La question du corps électoral, c'est un moyen de pression pour trouver un accord."

    Ensuite, personne ne porte l'idée d'un corps électoral complètement ouvert comme une durée de présence de 6 mois par exemple. Il faut être réaliste mais aussi être pragmatique et tenir compte de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie. Trois ans, c'est suffisant pour connaître le contexte et s'engager sur ce territoire. Est-ce que les indépendantistes en veulent, c'est sûr que non mais je ne suis pas là pour défendre le point de vue indépendantiste mais celui des Calédoniens qui ont dit trois fois non à l'indépendance ainsi que ceux qui n'ont pas pu s'exprimer, mais paient des impôts, ont créé des familles et pour certains, ont créé de l'emploi.

    Ils doivent donc pouvoir s'exprimer.

    Comment, dans ce contexte, envisagez-vous l'élaboration d'un accord politique ?

    La démarche de Gérald Darmanin est positive. Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a tenu son engagement vis-à-vis des indépendantistes de venir après le congrès du FLNKS. Il respecte tout le monde et s'approprie le dossier calédonien. J'ai été bluffé par sa capacité à rentrer dans le dossier. La méthode Darmanin, c'est de commencer par régler le dossier du corps électoral alors que vu la sensibilité, on se disait qu'il fallait prendre ce point-là en dernier. C'est un énorme obstacle sur le chemin du consensus donc autant le faire sauter tout de suite. Maintenant, les indépendantistes sont réalistes : ils savent qu'au niveau juridique et international, on ne pourra pas maintenir ce corps électoral en l'état et qu'il faudra donc trouver des solutions pour que la majorité des Calédoniens soit respectée.

    Et si on ne tombe pas d'accord avant les prochaines provinciales de 2024, ces élections s'organiseront avec un autre corps électoral. C'est un moyen de pression pour trouver un accord.

    Justement, les propos de Gérald Darmanin tranchent avec ceux de ses prédécesseurs et laissent peu de latitude aux indépendantistes. Comment jugez-vous le "style Darmanin" ?

    Ce qui m'a frappé, c'est son sens de l'écoute. Il ne vient pas avec des vérités à asséner, il essaye de savoir ce qu'on veut pour mettre en place des passerelles afin d'arriver au consensus. Cette démarche fonctionne. Ensuite, sur ses propos, c'est important que l'État soit clair pour que cette parole soit respectée. Quand elle est ambiguë, cette parole est au mieux interprétée, au pire dévoyée. Là, c'est important que l'État soit clair sur le corps électoral, sur l'accompagnement de l'industrie minière et les conditions pour continuer à nous aider, mais aussi être clair sur le calendrier, notamment de sortie de l'accord de Nouméa.

    À propos du nickel, il a indiqué, en substance, que la Nouvelle-Calédonie n'en retirait rien et que l'État mettait la main à la poche. Ce n'est pas un constat d'échec de l'ensemble de la classe politique de ces vingt dernières années ?

    Complètement. Le nickel, c'est encore plus un point de clivage. D'ailleurs, en 1998, il y a d'abord un préalable minier avant de parvenir à l'accord de Nouméa. Aujourd'hui, on est aussi au bout de cette logique industrielle minière qui ne convient pas à la Nouvelle-Calédonie, malgré le fait qu'on détienne le quart des réserves mondiales. Il nous faut donc revoir cette stratégie minière auquel cas l'État ne nous aidera plus. C'est essentiel.

    "Il est important que l'État soit clair pour que cette parole soit respectée."

    La problématique, c'est qu'il y a des modèles différents. Il faut donc être capable de sortir du dogme politique, de regarder l'ensemble des modèles. Il semble nécessaire de réorienter notre stratégie autour de la fourniture de batteries puisqu'il existe une demande mondiale. Cette stratégie commune doit créer de la richesse, afin que les Calédoniens puissent en retirer les fruits, mais aussi pour que le nickel soit une source de financement des politiques publiques.

    En clair, l'État vous a mis au pied du mur. Ce n'est pas la première fois dans l'histoire récente du pays, mais est-ce que cela peut marcher ?

    C'est malheureusement comme cela qu'on règle les problématiques. C'est à nous à prendre nos responsabilités et c'est pour cela que le retour à la table des indépendantistes est essentiel. C'est bien qu'on ait des "deadlines". Et encore une fois, c'est important que l'État soit clair sur ce qu'il attend de nous et sur ce qu'il veut faire pour la Nouvelle-Calédonie. En disant non à l'indépendance, on est pleinement français et on peut porter la politique française dans la région Pacifique. Il faut à présent être capable d'évacuer les dossiers compliqués qui nous pourrissent la vie, sur lesquels on pouvait être dogmatiques mais qui était liés à la question de l'indépendance ou non et qui, pour moi, est réglée. Et il faut adosser le règlement de ces dossiers à un plan de relance économique afin que la Nouvelle-Calédonie redevienne attractive.

    Quel regard portez-vous sur la situation sociale actuelle ?

    Je comprends l'inquiétude des travailleurs indépendants, ils ne font pas de cinéma. Une proportion importante d'entre eux gagne peu et est légitimement inquiète. Pour 100 habitants, on a trois à quatre fois plus d'entreprises qu'en France. C'est donc un tissu important. Alors oui il faut réformer le Ruamm, mais cette réforme va détruire des emplois et on va perdre de la consommation, nous disent les experts. Il faut une réforme globale, qui travaille sur les recettes et la nécessité de faire des économies, non pas de toujours faire plus payer les Calédoniens. Un plan d'économie d'un milliard a été présenté en décembre 2021 au conseil d'administration de la Cafat mais il n'est toujours pas mis en place.

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