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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 13.08.2025 à 15h04 | Mis à jour le 21.08.2025 à 17h22
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    Dominique Fochi (au centre), secrétaire général de l’Union calédonienne, entourée de Laurie Humuni (à gauche) du RDO, Henri Juni (à droite) de la CNTP et Marie-Pierre Goyetche (tout à droite), présidente du Parti travailliste, lors d’une conférence de pre Photo Baptiste Gouret
    Les responsables du Front ont annoncé officiellement, ce mercredi en conférence de presse, le rejet du projet d’accord signé le 12 juillet avec l’État et les non-indépendantistes, conformément à la décision prise en congrès de ce week-end. S’ils se disent "ouverts au dialogue", celui-ci devra toutefois porter exclusivement sur les modalités d’accès à la pleine souveraineté, qui devra être déclarée "avant les élections présidentielles de 2027".

    La décision était attendue, elle est désormais officielle : le Front de libération nationale, kanak et socialiste (FLNKS) rejette officiellement l’accord de Bougival, signé le 12 juillet en banlieue parisienne par l’ensemble des délégations politiques calédoniennes après dix jours de négociations. Le mouvement l’a annoncé ce mercredi 13 août, lors d’une conférence de presse.

    Une position qui fait suite au congrès organisé à la tribu de Nepa, à La Conception, ce week-end et qui a réuni environ 500 militants, représentants des groupes de pression et autres institutions invitées (Sénat coutumier, EPKNC…). Au terme de "débats intenses et riches", selon Dominique Fochi, secrétaire général de l’Union calédonienne, une motion de politique générale a été adoptée "à l’unanimité" confirmant le "rejet total et sans ambiguïté" de l’accord, jugé "incompatible avec le droit à l’autodétermination, contraire à l’accord de Nouméa et porteur d’une logique de recolonisation".

    Maintien des provinciales en novembre

    "Bougival, c’est derrière nous, la parenthèse est fermée", a affirmé, ce mercredi, Marie-Pierre Goyetche, présidente du Parti travailliste. Par conséquent, le mandat des cinq signataires, absents de la conférence de presse, "est caduc". Alors que le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a annoncé son retour sur le territoire le 18 août pour "clarifier l’esprit de l’accord", les responsables du Front ont fermé la porte à toute nouvelle négociation qui porterait sur ce compromis conclu il y a un mois. "Le FLNKS ne participera pas au comité de rédaction" convoqué par Manuel Valls, "ni à aucune discussion en relation avec la mise en œuvre du projet d’accord de Bougival", a souligné Marie-Pierre Goyetche.

    Ce "rejet en bloc" entraîne, selon le Front, le retour de l’accord de Nouméa comme cadre institutionnel de la Nouvelle-Calédonie et impose, par conséquent, la tenue des élections provinciales en novembre. L’occasion de "vérifier la légitimité des gens qui veulent discuter sur l’avenir du pays", estime Sylvain Pabouty, de la Dynamique unitaire Sud.


    Christian Tein, président du FLNKS, était présent en visioconférence depuis l’Hexagone, où il est toujours sous contrôle judiciaire pour son rôle présumé dans l’organisation des émeutes de mai 2024. Photo Baptiste Gouret

    Pour autant, les responsables du FLNKS le martèlent : "On veut continuer à discuter avec l’État", indique Henri Juni, secrétaire général du CNTP, mais dans le cadre de rencontres bilatérales menées en présence de représentants de l’ONU, portant exclusivement sur les modalités d’accès à la pleine souveraineté. Le mouvement indépendantiste reprend ainsi son projet d’accord de Kanaky, qu’il veut voir signé le 24 septembre 2025, ouvrant une période de transition vers l’accès à la pleine souveraineté, souhaité "avant les élections présidentielles 2027".

    Si Manuel Valls accepte de les recevoir en suivant ces critères, le bureau politique du FLNKS prévoit de remonter une équipe de négociations autour de son président, Christian Tein, présent en appel vidéo à la conférence de presse de ce mercredi matin.

    Reprise de la mobilisation

    Sous contrôle judiciaire et toujours interdit de séjour en Nouvelle-Calédonie pour son rôle présumé dans les émeutes de 2024, ce dernier a de nouveau dénoncé depuis Mulhouse un accord "à marche forcée". "On a l’impression que le gouvernement français à envie de revivre les difficultés que le pays a traversées", a lancé Christian Tein. Le Front met justement en garde l’État "contre toute nouvelle tentative de passage en force", en référence à l’adoption en mai 2024 du projet de loi constitutionnelle par l’Assemblée nationale malgré la contestation indépendantiste, qui avait donné lieu aux émeutes.

    "Ne commettez pas la même erreur", a averti Sylvain Pabouty, à l’adresse de Manuel Valls. Le FLNKS reproche en effet au ministre des Outre-mer sa déclaration, au lendemain du congrès du FLNKS, dans laquelle il a confirmé que le calendrier de l’accord de Bougival devait être respecté, et que son rejet relèverait du "choix du pourrissement et de la confrontation". "Comment peut-il, avant même d’arriver ici, prononcer ces mots ?", s’est agacée Marie-Pierre Goyetche, qui critique également le "chantage économique et social orchestré par l’État". Les responsables du mouvement ont ainsi appelé "l’ensemble des forces vives indépendantistes à tout mettre en œuvre pour stopper pacifiquement l’agenda de l’État prévu à Bougival". "On repartira dans les villages, dans les quartiers, dans les tribus… Partout", a annoncé Christian Tein.

    "Une nouvelle trahison", pour Le Rassemblement-Les Loyalistes

    La coalition non-indépendantiste Le Rassemblement-Les Loyalistes a rapidement réagi après l’annonce officielle du rejet de l’accord par le FLNKS. Dans un communiqué diffusé ce mercredi 13 août, les deux délégations emmenées par Virginie Ruffenach et Sonia Backès déplorent la décision du mouvement indépendantiste, qu’elles qualifient de "reniement de sa signature" et de "nouvelle trahison de sa parole". "Le FLNKS choisit d’obstruer davantage l’avenir du territoire."

    La coalition continue de défendre le compromis signé le 12 juillet, qui serait "la seule voie viable pour sortir la Nouvelle-Calédonie de la situation critique dans laquelle elle se trouve", et réaffirme que les équilibres politiques qui y sont inscrits "ne peuvent être remis en question". Les deux partis indiquent également qu’ils participeront bien au comité de rédaction convoqué par Manuel Valls, de retour le 18 août en Nouvelle-Calédonie, et proposent même "la formation d’un comité ad hoc, composé de loyalistes et d’indépendantistes favorables à l’accord de Bougival, de membres de la société civile et d’experts" afin "d’approfondir certains aspects techniques".

    Ils concluent en appelant à la "mobilisation d’un large front politique, réunissant l’ensemble des responsables politiques et des membres de la société civile favorables à l’accord de Bougival" pour faire entendre ce qu’ils estiment être "la voix de la majorité des Calédoniens".

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