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    Nouvelle Calédonie
  • | Crée le 05.11.2018 à 04h25 | Mis à jour le 05.11.2018 à 06h13
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    Avec 56,4% des voix, le non est arrivé en tête avec une confortable avance et un taux de participation record. Pourtant, nombre de non-indépendantistes espéraient un écart encore plus grand pour clore le débat.

    La Calédonie a parlé et parlé fort. Jamais consultation ou élection n’avait attiré autant de monde dans les isoloirs. Avec un taux de participation de 80,63 %, personne ne peut contester le résultat. Et celui-ci est sans appel : 56,4 % des votants ont refusé de voir la Nouvelle-Calédonie accéder à la pleine souveraineté. Un non ferme, mais pas totalement frustrant pour les indépendantistes qui ont réussi un score très au-dessus de celui annoncé par les différents sondages. La campagne du FLNKS semble avoir payé avec, par exemple, des résultats qui ont assez nettement dépassé ceux réalisés lors des dernières provinciales dans le Grand Nouméa.

    Des scores qui reflètent cependant , à un ou deux points près, les équilibres enregistrés lors de ces mêmes élections territoriales depuis vingt ans. Et c’est bien cet argument que les différents partis loyalistes vont utiliser pour essayer de convaincre de l’inutilité des deux référendums prévus en 2020 et en 2022. Car même s’ils ont des désaccords sur la marche à suivre, ils partagent tous cet avis, pointant notamment du doigt l’immobilisme dans lequel est la Calédonie, tout particulièrement sur le plan économique, tant que la question de l’avenir institutionnel n’est pas réglée.

    Mais il y a fort à parier que les indépendantistes, que beaucoup voyaient à 30 %, auront à cœur de ne rien lâcher sur ce point avec un score définitif de 43,6 % pour le oui. Quoi qu’il en soit, l’analyse de ce même score démontre le caractère communautaire du vote. La très grande majorité des Kanak a très certainement voté pour l’indépendance alors que la très grande majorité des membres des autres communautés a probablement voté contre. Et c’est là que les indépendantistes ont loupé leur pari, qui était de convaincre au-delà du monde kanak. Les responsables parlaient surtout hier soir d’une base électorale ferme et il était désormais question pour eux de chercher à convaincre plus largement.

    De leur côté, les opposants au oui avaient du mal à cacher leur déception hier. Car si la plupart de leurs leaders politiques insistaient sur l’important écart qui séparait les deux camps, beaucoup rêvaient d’un score encore bien plus large qui aurait, à leurs yeux, clos définitivement le débat.

    C’est donc une société calédonienne toujours très clivée qui doit désormais trouver des solutions pour la suite.

    Et le travail du Premier ministre, qui arrive aujourd’hui pour rencontrer les différentes composantes politiques, s’annonce ardu puisque même les analyses du résultat risquent d’être très différentes selon les sensibilités. Et les Calédoniens savent qu’elles peuvent être nombreuses et variées.

    Seul un point, finalement, contentait hier l’ensemble des électeurs : celui d’avoir vu une campagne et un vote se dérouler dans le calme. Beaucoup y voyaient un signe de maturité de la société calédonienne.

    Une maturité qui n’a pas empêché hier soir quelques débordements, avec notamment, au moment où nous écrivions ces lignes, un blocage sur la route de Saint-Louis. Presque un classique, déploraient, désabusés les personnes qui ne pouvaient rentrer chez elles.


    Je veux dire la fierté pour le chef de l’Etat que la majorité des Calédoniens ait choisi la France

    C’est de manière très solennelle, dans un entretien enregistré depuis son bureau de l’Elysée que le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, a pris la parole, hier soir, pour évoquer le référendum en Nouvelle-Calédonie. Il s’est tout d’abord félicité que la promesse faite il y a 30 ans ait été tenue, insistant sur le fait que l’Etat, malgré différents changements de majorité à Paris comme en Calédonie, a toujours tenu ses engagements.

    Y compris ceux d’organiser le scrutin dans la plus grande transparence, avec notamment des observateurs de l’Onu et de pays voisins, et de rester neutre lors de la campagne. Il a d’ailleurs tenu à « saluer l’engagement des forces politiques calédoniennes et des autorités coutumières kanak dans une campagne responsable, respectueuse des points de vue adverses, veillant à chaque instant à éviter les tensions et à préserver l’acquis de trente années de dialogue et de paix ».

    Le chef de l’Etat a ensuite invité la Calédonie à se « tourner vers l’avenir ».

    Emmanuel Macron a ensuite évoqué le résultat, « je veux dire la fierté pour le chef de l’Etat que la majorité des Calédoniens ait choisi la France. C’est pour nous une marque de confiance dans la République française, dans son avenir et dans ses valeurs ». Pour le président, le seul vaincu est « la tentation du mépris, de la division, de la violence, de la peur. Le seul vainqueur est le processus en faveur de la paix qui porte la Nouvelle-Calédonie depuis trente ans, l’esprit de dialogue que plus rien n’entamera, l’esprit de responsabilité qui a conduit à une participation exceptionnelle ». Il a ensuite expliqué mesurer la déception des indépendantistes, en leur disant que « l’Etat est engagé aux côtés de la Calédonie » pour engager dans la durée la dignité de toutes les composantes de la société autour des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.

    « Ces valeurs sont celles de la République française comme elles sont celles de l’Océanie. Nous pouvons les partager au-delà de nos divergences dans l’humilité et dans le respect, » a-t-il souligné.

    Le chef de l’Etat a ensuite invité la Calédonie à se « tourner vers l’avenir » en expliquant que des discussions allaient débuter dès aujourd’hui avec le Premier ministre, Edouard Philippe, non sans jouer la carte du symbole en rappelant l’arbre qu’il avait planté avec une petite fille à Ouvéa.

    Il est à noter qu’il n’a évoqué à aucun moment la tenue d’un deuxième, puis d’un troisième référendums.

    Ce discours, qui avait été enregistré avant que la totalité des résultats ne soit connue, a laissé transparaître la satisfaction d’un président de la République qui avait déclaré lors de sa dernière visite que « la France serait moins belle sans la Nouvelle- Calédonie ». Il est à noter qu’il n’a évoqué à aucun moment la tenue d’un deuxième, puis d’un troisième référendums. Il y a fort à parier que ce point fera donc bien partie des discussions qui vont être engagées avec les politiques locaux, et surtout, avec les indépendantistes. Le gouvernement cherchera-t-il, après ce résultat, un nouvel accord qui évite un retour aux urnes ? Rien n’est impossible à ce stade, mais gageons que rien ne se décide avant les prochaines échéances électorales puisqu’il paraît difficile de voir les partis calédoniens faire des concessions à quelques mois des provinciales.

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