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    Nouvelle Calédonie
  • Par Charlie Réné | Crée le 28.09.2018 à 04h25 | Mis à jour le 28.09.2018 à 06h26
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    Les kits de secours ont été utilisés dans les écoles de Nouméa pour les enfants dont les parents ne pouvaient pas se libérer aux heures de midi.
    Newrest a pris acte des décisions des autorités dans la « crise des cantines », mais rappelle, comme ses employés, qu’en l’état rien ne l’accuse. Une nouvelle intoxication alimentaire est suspectée à Dumbéa.

    Plusieurs enfants qui se plaignent de maux de ventre, des vomissements… Le scénario, répété dans une école de Dumbéa hier (lire par ailleurs), est tristement commun dans le Grand Nouméa depuis le mois de juin. De quoi sérieusement parasiter le discours développé par Newrest et ses employés. Un discours qui change de ton pour le groupe qui gère depuis bientôt un an la Restauration française, et qui s’est une nouvelle fois exprimé, par voie de communiqué hier matin, sur ce qu’il convient désormais d’appeler « la crise des cantines ». Mardi, à l’annonce de la suspension du service dans les écoles de Nouméa, l’industriel dénonçait « l’acharnement » dont il était « victime » et avertissait que la décision de la mairie entraînerait l’arrêt des investissements, la suppression de nombreux postes et d’éventuels recours juridiques. Le plan mis en place par les autorités mercredi, et qui vise une reprise du service dès le 4 octobre, a semble-t-il calmé les esprits. « Loin de fuir nos responsabilités, au regard de ces problématiques récurrentes qui restent inexpliquées (…), nous avons besoin de support pour comprendre et trouver des explications à cette situation, écrivait hier Newrest. Même si cela n’est pas avéré à date, nous avons l’humilité de penser que nous pouvons un jour être en responsabilité sur un cas d’intoxication alimentaire ».

     

    Les employés de Newrest défendent leur travail

    Le ton change, mais pas la ligne. Newrest, pointé du doigt depuis deux mois, rappelle n’avoir jamais été désigné responsable par les contrôles qui ont fait suite aux infections alimentaires. « Suspicions d’infection », corrige le communiqué de la société comme d’ailleurs ses employés, réunis sur le parvis de la Restauration française, hier matin. Un débrayage lancé en intersyndicale « indépendamment de la direction », répètent les participants, qui « subissent la situation, dans leur vie professionnelle et personnelle », et veulent « défendre leur travail ». Comme Karen, 27 ans d’ancienneté à « RF » : « C’est peut-être un autre groupe qui a repris, mais on a gardé la même façon de préparer les repas, avec des contrôles encore plus réguliers, assure la responsable entrées - desserts. Nous aussi on recherche le pourquoi de tout ça. On mange chaque jour le même repas que les enfants ». Un peu plus loin, Marie-Françoise, secrétaire du CHSCT*, convient que les décisions des autorités - qui passent par une désinfection complète des locaux ce week-end - semblent « cohérentes ». « Il faut que toute la lumière soit faite, mais on ne peut pas continuer à ne parler que de Newrest, s’agace la responsable comptable. Les bacs que nous déposons le matin dans les cantines sont pris en charge jusqu’au midi par le personnel de la mairie, pas par Newrest. Il n’y a aucune transparence sur les contrôles faits sur cette partie ».

     

    Des questions pour des « experts indépendants »

    Pourquoi si peu d’écoles ou si peu d’élèves à chaque intoxication, alors que « les marmites sont les mêmes » ? Pourquoi une telle série ? Parmi les cent vingt employés de la Restauration française, « on se pose des questions ». Et leur direction interpelle dans le même sens, rappelant que trois à trente élèves sont touchés à chaque fois, sur 16 000 plats servis en moyenne, dans une à trois écoles sur 104… « Des éléments troublants », pointe Newrest, qui rappelle que seuls quatre cas ont fait l’objet de conclusions du Sivap, et qu’elles « innocentent » la société. Newrest, qui s’apprête à procéder à une mise à blanc complète de sa cuisine centrale pose des questions, donc. Et demande « la nomination sans délais d’experts indépendants » pour y répondre. Côté parents, les interrogations se sont depuis longtemps muées en inquiétudes, voire en colère.

    *CHSCT : comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail.

     

    Faute de cantine, c’est la cohue aux portes des écoles

    «Il y a du monde. On dirait que c’est la fête de fin d’année », lançait un élève, hier à 11 h 15 au sortir de l’école Ernest-Risbec à Nouméa. Pourtant, pour les parents d’élèves, ce n’était pas jour de fête. Informés mercredi de la fermeture des cantines, bon nombre d’entre eux se sont pressés dans les établissements scolaires pour chercher leur bambin d’ordinaire demi-pensionnaire. Au prix d’une organisation acrobatique.

    Se libérer, aller et revenir à l’école, éviter les embouteillages… Rapidement et dans le stress. « C’est compliqué, mais de toute façon, on n’a pas le choix », répètent tous les parents. Souvent résignés et inquiets pour la santé de leur enfant. Maman d’un élève de CM2, Céline est de ceux qui ne décolèrent pas. Car « de la veille pour le lendemain », elle est contrainte de se libérer pour chercher son fils et le faire manger à la hâte. « Aujourd’hui, je n’avais pas d’obligation en fin de matinée. Mais ce ne sera peut-être pas le cas demain. Je dois m’organiser avec mon mari », lâche-t-elle amère. Père de famille, Thomas Jondeau, lui, est obligé d’annuler des déplacements dans les îles pour s’occuper de ses enfants durant la pause déjeuner.

     

    je vais retirer ma fille de la cantine

    Lorsque c’est possible, la famille proche est mise à contribution. Les grands-parents sont en première ligne. Sandwich et jus dans sa besace, Célestine Sablan attend son petit-fils Charles. « On va manger ici sur le parking de l’école. Comme on n’a qu’une heure, on n’a pas le temps de rentrer à la maison », regrette-t-elle.

    Un casse-tête sur le plan logistique. Et une inquiétude sur le plan sanitaire. De quoi passer l’envie à certains de recourir à nouveau à la restauration scolaire. « Je vais retirer ma fille de la cantine jusqu’à la fin de l’année et lui donner un vrai repas qu’elle mangera avec ses copines. Elle est en CM2 donc l’année prochaine, elle sera de toute façon plus autonome », prévient Alice. Et qu’en est-il du remboursement de la cantine pour ces journées ? Cette question, les parents ne se la posent déjà.

    Nouvelle cohue, un peu plus tard, à 12 h 15. « J’ai vite cuisiné du riz et un poulet rôti et je ramène mes filles à l’école. C’est le bazar », s’exclame Sylvain Meouainon devant l’entrée de l’école Paul-Boyer. Comme lui, Eugénie Tina ramène son fils. Mais c’est décidé, la semaine prochaine, elle optera pour le kit de secours. « Heureusement que ça existe. C’est trop compliqué de se libérer plusieurs jours d’affilée », constate-t-elle.

    Prévus dans tous les établissements pour l’ensemble des élèves, ces kits ont très peu servi hier. « On y trouve des boîtes de raviolis, du pâté et de la compote. Des coordinatrices ont aussi livré du pain dans les écoles. Grâce aux kits, on est certain qu’aucun enfant ne manque de nourriture, détaille Jean-Pierre Delrieu, premier adjoint au maire, également président de la Caisse des écoles. Mais nous incitons les parents à venir chercher leur enfant. »


    Nouvelle suspicion, hier dans une école primaire de Dumbéa

    Hier en fin d'après-midi, la mairie de Dumbéa a confirmé que « moins d’une dizaine d’enfants » scolarisés à l’école primaire Louise-de-Greslan, à Koutio, auraient été victimes d’une suspicion d’intoxication alimentaire. Contrairement aux écoles nouméennes, cet établissement continue à être livré en liaison froide par Newrest, le prestataire des cantines scolaires dans le Grand Nouméa. Les services du Sivap (service d'inspection vétérinaire, alimentaire et phytosanitaire) ont procédé aux analyses habituelles des plateauxrepas. Les services de la Dass (direction des affaires sanitaires et sociales) ont également été requis par la municipalité. Avant d'évoquer un nouveau cas de suspicion d’intoxication, la municipalité préférait hier soir rester prudente et disait attendre le résultat des analyses qui devraient être connues aujourd'hui. Le dernier cas d'intoxication alimentaire survenu sur la commune de Dumbéa remonte à la semaine dernière : vendredi, une dizaine d'enfants de l'école Alphonse- Dillenseger avaient été pris en charge après des maux de ventre et vomissements. A noter que ce vendredi, à partir de 11 h 30, les APE des écoles de la commune ont prévu une mobilisation devant l’hôtel de ville de Dumbéa.

     

    125

    Le nombre d’employés de la Restauration Française, filiale de Newrest qui représente 80 % du chiffre d’affaires du groupe international sur le Caillou.

     

     

    142

    Le nombre d’enfants concernés par des suspicions d’infections alimentaires entre le 28 juin et le 25 septembre.

     

    220

    Le nombre d’enfants auxquels ont été servies des rations de secours hier. Boîtes de ravioli réchauffées, compote, ou pain pâté…

     

    « On remercie les parents, on est conscient de leur effort »

    Jean-Pierre Delrieu.

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