- Anthony Tejero | Crée le 27.11.2025 à 12h56 | Mis à jour le 01.12.2025 à 18h41ImprimerHélène Bae, 26 ans, et Robin Goroma, 43 ans, se sentent prêts à quitter le CHS pour réaliser leur projet de réinsertion dans la société et la vie professionnelle. Photo Anthony TejeroLes premières places en "colocation thérapeutique" seront disponibles en décembre dans le pays. Trois villas, basées à Dumbéa, permettront d’accueillir temporairement plusieurs patients atteints de troubles psychiques, dont l’état jugé stable leur permet de sortir de l’hôpital, mais qui ont encore besoin d’un suivi individualisé pour optimiser leurs chances de réinsertion sociale et professionnelle. Rencontre avec Robin Goromara et Hélène Bae, "impatients" de commencer cette nouvelle vie.
"Dès que j’ai entendu parler de ce projet de colocation l’an dernier, une petite lumière s’est allumée dans l’obscurité. Et désormais, je la vois se rapprocher à grands pas." Depuis 2012, la vie de Robin Goromara est rythmée par des "allers-retours" permanents entre Koné et le CHS Albert-Bousquet, où il est suivi depuis qu’on lui a diagnostiqué une schizophrénie. Dans quelques jours, ce quadragénaire s’apprête à changer son quotidien, en quittant enfin l’établissement hospitalier de Nouville pour s’installer dans un logement d’un genre nouveau sur le Caillou : une colocation dite thérapeutique. Ces villas, situées à Dumbéa-sur-Mer, vont accueillir neuf patients du CHS pour les aider à se réinsérer dans la société. De quoi espérer voir cette fameuse lumière au bout d’un tunnel parfois très long pour ces Calédonien (ne) s qui doivent apprendre à vivre avec la maladie mentale.
"Retrouver le bien-être de mes 20 ans"
"Je suis à la fois très excité et stressé de cette installation à l’extérieur, poursuit Robin Goromara, qui tente actuellement de passer son code de la route, avec l’espoir de devenir un jour chauffeur ou ambulancier. En attendant, j’ai un travail qui m’attend à la cafétéria du CHS où j’irai tous les jours, ce qui m’aidera à lutter contre les idées noires. J’ai vraiment envie de retrouver l’autonomie et le bien-être de mes 20 ans, avant la maladie." Ce patient s’est fixé comme objectif de rester six mois dans cette colocation avant d’envisager emménager seul dans son propre logement.
Une ambition également partagée par Hélène Bae, 26 ans, "impatiente" de quitter le CHS au terme d’une "année difficile", où les équipes l’ont prise en charge après un "conflit personnel" sur fond, là encore, de schizophrénie et de "mal-être". "Ce séjour à Nouville a été long. Actuellement, je fais mes cartons et je suis très contente, confie cette jeune femme originaire d’Ouvéa. J’ai hâte de retrouver ma liberté en quelque sorte, parce que j’ai vraiment envie de retrouver un travail, de passer mon permis et, à terme, de pouvoir retrouver mes enfants dont je n’ai plus la garde."
Limiter les risques de "rechute"
Un premier pas, souvent difficile à franchir, notamment sans famille ou amis pour les accueillir. C’est donc tout l’intérêt de ce nouveau dispositif dédié à ces personnes prêtes à quitter le CHS mais pour qui, sans logement et face à l’inconnu, le risque de "rechute" reste important. "Ces personnes sont stabilisées et n’ont plus besoin d’être à l’hôpital avec un infirmier 24 heures sur 24. Elles peuvent vivre à l’extérieur, mais elles ont quand même encore besoin de soins et d’accompagnement vers l’autonomie pour retrouver certaines aptitudes et réussir à réapprendre à vivre seul, explique Melody Appleton, neuropsychologue au CHS, qui s’occupera notamment des différents ateliers thérapeutiques que continueront de suivre à Nouville ces colocataires. Retrouver un logement, les problèmes qu’on avait laissés à la maison, gérer le quotidien, les relations familiales et la charge mentale qui va avec… Tout ça peut provoquer du stress et nos patients y sont très sensibles à leur sortie d’hospitalisation, car ils sont encore vulnérables. Ce qu’on espère donc fortement, c’est que cette colocation soit un tremplin vers une autonomie totale."
Zoom sur ce dispositif inédit sur le Caillou

Le dispositif a été présenté aux institutions et à la presse, ce jeudi 27 novembre, au CHS Albert-Bousquet, à Nouville.Une alternative économique à l’hospitalisation
La colocation thérapeutique en villa coûte nettement moins cher qu’une hospitalisation complète, "tout en offrant un environnement plus propice à la réinsertion", assure le CHS, qui précise que le coût journalier d’une hospitalisation est de 52 000 francs soit 1,56 million par mois. Or, à travers ce dispositif, les loyers sont payés par les patients qui bénéficient d’une allocation handicap et d’une aide au logement.
Quels sont les critères de sélection ?
Le fait d’accéder à une colocation accompagnée nécessite :
• une évaluation médicale
• une évaluation psychosociale
• un bilan neuropsychologique
• une analyse de ses ressources, ses forces, son rythme de vie, etc.
• un accompagnement dans la motivation
Qui sont les partenaires du projet ?
La SIC apporte son expertise du logement social inclusif en mettant à disposition trois villas F4.
Le CHS pilote notamment le suivi médical et psychiatrique.
L’Agat (Association de gestion des ateliers thérapeutiques), dont soignants et patients sont membres, accompagnera les usagers au quotidien : activités thérapeutiques et de production, gestion d’un budget, démarches administratives, entretien du foyer…
Et ailleurs ?
Ce projet s’inspire des "meilleures pratiques internationales", assure le CHS : le modèle finlandais de "supported housing", l’habitat inclusif français, l’approche communautaire italienne, les expériences réussies de transition logement/soins en Europe, etc. "Ces approches ont prouvé que le logement, lorsqu’il est accompagné, devient un soin. Une étape de transition qui évite les rechutes et consolide le rétablissement", analyse la direction du CHS.
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