- Anthony Tejero | Crée le 11.09.2025 à 05h00 | Mis à jour le 22.09.2025 à 10h16ImprimerUne trentaine de professionnels du tourisme de la province Sud étaient réunis pour faire part de leurs difficultés, ce mercredi 10 septembre, à la Station N. Photo Anthony TejeroLe secteur est aux abois depuis la crise du 13-Mai. C’est pourquoi le président de Nouvelle-Calédonie tourisme (NCT), Christopher Gygès a décidé de rencontrer, ce mercredi 10 septembre, de nombreux professionnels qui lui ont part de leurs difficultés poussant parfois un "cri d’alarme". Ces réunions, qui se poursuivront dans le Nord et aux Loyauté, doivent servir de base de travail pour mettre en place de nouveaux dispositifs de soutien et élaborer, avant la fin de l’année, la stratégie de relance de la deuxième économie du pays.
"Mon angoisse, c’est que mon bateau commence à arriver en fin de vie et s’il lâche, je ne sais pas comment je pourrais maintenir mon activité." "J’ai deux enfants, mais je n’arrive plus à les nourrir aujourd’hui. C’est devenu très compliqué." "Quand mes clients, qui ne restent que quelques jours, me demandent s’ils peuvent venir. Entre tous les problèmes de transports, notamment de pannes d’avion et de vols annulés, la route coupée au Mont-Dore, etc. Je ne peux ni leur garantir quand ils pourront vraiment arriver et repartir, ni si nos excursions seront maintenues."
Ce mercredi après-midi, les professionnels du tourisme ont lancé, parfois au bord des larmes, des "cris d’alarme". Face à eux, Christopher Gygès, venu écouter leurs difficultés, mettant en avant sa double casquette : celle de membre du gouvernement et celle de président de Nouvelle-Calédonie tourisme (NCT). Une réunion que l’élu entend également organiser en province Nord et aux Loyauté, avant de finaliser la stratégie et le plan de relance de la filière qu’il promet d'ici la fin de l’année, alors que la deuxième économie du pays est à terre depuis la crise du 13-Mai.

Dans la stratégie de relance, Christopher Gygès entend poursuivre "les contrats de destination" avec des packages à la fois sur des vols à l'international et dans les hôtels. Photo Anthony Tejero"J’ai toujours considéré que c’était important de pouvoir échanger directement avec les prestataires pour avoir leur vision de terrain. Et ce pour ne pas prendre, dans les prochaines semaines, des décisions ou trouver des solutions qui soient déconnectées de la réalité, résume Christopher Gygès, qui annonce plusieurs dispositifs à venir pour ces professionnels. Le gouvernement présentera prochainement une mesure qui permettra d’étaler les charges sociales et de réduire très fortement, voire de supprimer les pénalités. L’idée, c’est également d’apporter des aides à la trésorerie, qui pose problème à de nombreux prestataires. C’est pourquoi je présenterai à mes collègues un projet de prêt à taux zéro ou du moins à taux extrêmement réduit."
Un budget de promotion "encore trop faible"
D’autre part, le président de NCT n’oublie pas le volet incontournable de la promotion internationale, qui dispose d’un budget de 260 millions cette année. Montant qui pourrait être bientôt complété. "C’est encore trop faible. Mais c’est le seul établissement qui a vu son budget maintenu. Et ce montant va être renforcé avec le produit de la taxe croisière ainsi qu’avec la taxe sur les Airbnb qu’on mettra en place. À partir de là, je proposerai ensuite au Congrès une vraie stratégie de promotion internationale et d’attractivité de la Nouvelle-Calédonie", insiste Christopher Gygès, qui entend, dans un premier temps du moins, se focaliser sur les marchés les plus porteurs, à savoir la Métropole et l’Australie.
"On travaille sur les cibles touristiques qu’on souhaite aller chercher car ça ne sert à rien de se disperser sur plusieurs destinations. L’avantage des Métropolitains, c’est qu’il s’agit d’un tourisme affinitaire qui reste longtemps et qui dépense donc sur de nombreuses activités. Et je crois également beaucoup à la destination australienne. Les Australiens ont un fort pouvoir d’achat qui a encore augmenté. Et il faut qu’on mette le paquet sur ce marché."
Un travail auquel s’attelait déjà NCT avant que le membre du gouvernement en prenne la présidence, et qui semble porter ses fruits, puisqu’en juillet dernier, la fréquentation touristique a été la plus forte enregistrée depuis les émeutes avec près de 6 000 visiteurs, venus en majorité de l’Hexagone et de l’île Continent.
"On n'avait jamais connu pire situation que ces derniers mois"

Pierre Crubillé, gérant de Blue Caledonia diving.La situation est devenue très compliquée. On a dû revoir nos rémunérations à la baisse avec nos crédits personnels et on a du mal à joindre les deux bouts.
J’ai commencé début 2021 en période Covid. J’avais donc anticipé des premières années difficiles. Mais ça a été pire que ce que je pensais car ensuite, on a eu la crise requins, ce qui a affecté les activités nautiques. Les émeutes puis la crise économique qui s'en suit, c’est la troisième salve. Et c’est la plus dure parce qu’autant après la Covid, ça a repris très fort et très rapidement, autant là, c’est de pire en pire.
Notre cœur de clientèle, ce sont des locaux, des gens qui ne sont pas forcément là pour la vie entière, mais quelques années, notamment du personnel médical. Je dirais que c’est 60-70 % de notre clientèle. Sauf qu’après les émeutes, on a vu ces personnes une dernière fois avant leur départ de Nouvelle-Calédonie. Petit à petit, cette clientèle s’est étiolée et là, on atteint des seuils jamais vus. On n’avait jamais connu pire situation que ces derniers mois en termes d’activité.
"On est dans un état d’esprit de survie"
Aujourd’hui, on est dans un état d’esprit de survie, d’essayer de maintenir l’outil de travail. Mais j’ai même du mal à donner suffisamment de travail à des moniteurs. Le danger aussi, c’est donc de perdre complètement le savoir-faire. Actuellement, je n’ai plus le volume suffisant pour avoir ne serait-ce qu’un salarié. Notre haute saison, c’est novembre, décembre, janvier donc je les attends impatiemment en espérant avoir encore des moniteurs disponibles et qu’on ait de l’activité pour refaire de la trésorerie, parce que là, on arrive au bout.
"Je mets en vente ma société et j’espère trouver un repreneur"

Sylvie Gourhand, gérante de Van-away Calédonie."J’ai créé ma société en octobre 2019. J’ai démarré tout petit, avec un premier van et j’ai déjà eu des problèmes pour trouver des aides financières parce que ma société était trop petite. J’ai pu faire venir mon deuxième van en mars 2020 au moment du Covid, puis un troisième en 2021. Malgré le contexte, j’ai continué mon activité non sans difficulté, notamment pour les assurances car les assureurs ne connaissaient pas ce type de location, donc ils ne voulaient tout simplement pas me prendre en charge. J’ai dû me tourner vers une franchise en Métropole qui a fait pression sur le groupe Outre-mer qui a accepté finalement de m’assurer. C’est épuisant. C’est sans doute pour ça que je suis la première à me lancer dans la location de van et camping-car parce que si je n’avais pas contourné le problème, je n’aurais jamais réussi à créer ma société.
"Cela fait 14 mois que je ne me suis pas versée de salaire"
Après la crise Covid, l’activité est bien revenue, j’ai même réalisé une année 2023 record. Puis il y a eu les émeutes et tout s’est effondré. Les gens avaient peur et je n’ai plus eu une seule location de la clientèle locale. Depuis, ce ne sont que des étrangers à qui on n’a pas matraqué le fait que c’était dangereux d’aller en Brousse. Mais ces visiteurs commencent à revenir et sont enchantés, donc ça se passe super bien depuis le mois d’août où j’ai retrouvé des niveaux d’avant crise. J’ai essentiellement des Australiens, mais j’ai aussi une famille de Singapour et même des Autrichiens. Il y a des bons signaux. Sauf qu’entre la crise Covid, et les émeutes, c’est trop. Cela fait 14 mois que je ne me suis pas versée de salaire. Il arrive un moment, il faut arrêter. Donc je mets en vente ma société et j’espère trouver un repreneur, parce que je n’ai pas envie de la démanteler. J’y ai mis beaucoup d’énergie et mon cœur. Si l’activité reprend, c’est une pépite, mais personnellement j’ai besoin de m’en libérer car c’est devenu un poids, malgré tout son potentiel si on retrouve de la stabilité."
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