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  • Steven TRASK / AFP | Crée le 28.03.2024 à 16h46 | Mis à jour le 28.03.2024 à 16h46
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    L’Australie, un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au monde par habitant, s’est engagée à réduire ses émissions de carbone de 43 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2005, en vue d’atteindre des émissions nettes nulles d’ici à 2050. Photo AFP
    L’Australie a vendu des crédits carbone douteux qui n’ont eu qu’un impact négligeable sur la régénération forestière censée compenser les émissions de gaz à effet de serre, selon une étude scientifique accablante publiée cette semaine.

    L’Australie a réservé près de 42 millions d’hectares de terres dans l’outback, son arrière-pays, dans le cadre d’un programme de régénération forestière, l’un des plus importants projets naturels de compensation carbone au monde.

    Très controversé, le principe du crédit carbone consiste à comptabiliser des tonnes de CO2 virtuellement évitées via notamment la multiplication d’arbres destinés à l’absorber.

    Avec ce projet, l’Australie a vendu des millions de crédits carbone, achetés librement par des entreprises pour compenser sur le papier leurs propres émissions et s’afficher "neutres en carbone".

    L’équipe de chercheurs à l’origine de l’étude parue mardi dans la revue scientifique Nature Communications, Earth & Environment a utilisé des images satellites pour suivre l’évolution des zones boisées dans un échantillon des secteurs concernés par le projet.

    Selon l’étude, dans près de 80 % des zones étudiées, les superficies boisées ont stagné, voire se sont réduites. "En cumulé, la couverture forestière a augmenté d’à peine 0,8 % (28 155 ha) dans la zone de 3,4 millions d’hectares" analysée par les chercheurs, souligne-t-elle.

    "Malgré l’absence de changement positif du couvert végétal, les 143 projets (étudiés où la superficie boisée n’a pas augmenté) ont donné lieu à 22,9 millions de crédits" entre 2013 et 2022, démontre l’étude.

    L’Australie a ainsi vendu des crédits carbone qui, virtuellement, n’existaient pas, dénonce Andrew Macintosh, principal auteur de l’étude.

    Manque de transparence

    "C’est une catastrophe", qui "entachera" la réputation de l’Australie, a dit M. Macintosh, professeur de droit de l’environnement à l’Australian National University. "Des contrôles sont censés être effectués au cours du processus. Mais ils ne les appliquent pas", dénonce cet ancien président de l’organisme gouvernemental responsable du suivi des compensations carbone de l’Australie.

    "Notre système est sans aucun doute l’un des moins transparents au monde", assène-t-il.

    Le marché des crédits carbone, qui n’est supervisé par aucune instance, a explosé ces dernières années au niveau mondial pour atteindre deux milliards de dollars en 2022 avant de ralentir en 2023, accablé par des enquêtes ayant remis en cause les bénéfices environnementaux et sociaux des crédits carbone.

    Le régulateur australien des énergies propres a récusé toute irrégularité, assurant qu'"un certain nombre d’examens ont confirmé l’intégrité" des compensations carbone, et disant n’émettre des crédits carbone "que lorsqu’un projet peut démontrer la régénération d’une forêt indigène".

    Un des plus gros émetteurs au monde

    Le ministre australien au Changement climatique et à l’Énergie, Chris Bowen, a déclaré que les mécaniques du système étaient "fondamentalement saines".

    Malgré sa vulnérabilité croissante aux catastrophes naturelles liées au climat, l’Australie un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au monde par habitant et compte parmi les principaux exportateurs de charbon thermique et de gaz au monde.

    L’Australie s’est engagée à réduire ses émissions de carbone de 43 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2005, en vue d’atteindre des émissions nettes nulles d’ici à 2050.

    Selon l’étude parue mardi, les compensations de carbone sont un élément central de la politique climatique en Australie depuis deux décennies.

    Les émissions de dioxyde de carbone par personne en Australie s’élèvent à 15,3 tonnes, dépassant les niveaux des États-Unis, selon les chiffres de la Banque mondiale.

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