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    Pacifique
  • Anne-Charlotte Lehartel / La Dépêche de Tahiti | Crée le 31.10.2023 à 06h16 | Mis à jour le 31.10.2023 à 07h16
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    À Vairao, Corentin Salvan et son équipe travaillent au développement d’une nouvelle filière aquacole végétale, celle de l’algue rouge, particulièrement appréciée des Hawaïens et des Japonais. Photo ACL / La Dépeche de Tahiti
    En matière d’aquaculture, en Polynésie, ce sont souvent les crevettes, les poissons, les mollusques ou les rori qui sont mis en avant. À Vairao, une équipe de la Direction des ressources marines (DRM) planche depuis deux ans sur le développement d’une filière végétale : les algues. Une initiative qui a reçu le soutien du 11e Fonds européen de développement (FED), via le programme Protege. Reportage de notre partenaire La Dépêche de Tahiti.

    Une algue très riche en protéines, avec très peu de matières grasses. Depuis deux ans, la Direction des ressources marines travaille sur le développement d’une filière autour des algues, notamment de l’algue rouge. "On a choisi de commencer par cette algue pour plusieurs raisons : à Hawaï, la limu manauea est consommée quotidiennement, notamment avec le poisson cru ou poke, dont on raffole tout autant ici. Ensuite, c’est une algue qui pousse vite dans des bonnes conditions de culture. L’élevage n’est pas compliqué et, visuellement, elle est attractive", explique Corentin Salvan, ingénieur aquacole en charge des projets de diversification à la DRM, notamment accompagné sur ce projet par Maxime Forget et Kilian Cella, techniciens aquacoles.

    Cultivées en bassin ou en mer

    Cette algue est présente localement, mais elle est trop rare pour envisager la cueillette, comme le remu vine à Tubuai, d’où l’intérêt de la cultiver. Deux approches sont possibles. "En bassin, avec une aération forte et une eau tout le temps en mouvement. Il faut couvrir avec des tôles vertes, car la lumière verte bénéficie principalement aux algues rouges et permet de limiter la croissance des algues vertes parasites. Ça fait partie des choses qu’on a découvertes et qui ne se font pas ailleurs. En mer, ce sont des cagettes qui vont être suspendues à terme à des lignes coulées à une profondeur de 2 ou 3 mètres, avec l’avantage d’être invisibles et de ne pas gêner la circulation des bateaux", expose l’ingénieur.


    "Dans les spots moins riches, il faudra passer par une phase de fertilisation en bassin", précise Corentin Salvan Photo ACL / La Dépeche de Tahiti

    Pas besoin d’écloserie puisque les algues rouges se multiplient, ce qui permet d’échapper à cette contrainte technique et économique. Pas besoin non plus d’aliment pour ces végétaux qui se contentent de lumière et de carbone. Toutefois, les algues se nourrissent aussi d’azote et de phosphore, plus ou moins disponibles selon les milieux. "Dans les spots moins riches, il faudra passer par une phase de fertilisation en bassin", précise Corentin Salvan.


    En mer, les cagettes sont surveillées de près pour prévenir une éventuelle colonisation du milieu. Photo DRM

    "Dans des conditions sans algues parasites, en bassin, on va avoir entre 15 et 25 % de croissance hebdomadaire, c’est-à-dire qu’on passe de 100 kg à 125 kg d’algues en une semaine", indique le chef de projet. En mer, les cagettes sont surveillées de près pour prévenir une éventuelle colonisation du milieu. "Les poissons raffolent de cette algue, donc a priori, il y a peu de risque qu’elle se propage".

    Cap sur la formation et la commercialisation en 2024

    Des simulations financières ont été effectuées, confirmant les possibilités de rentabilité. La DRM travaille à la mise en œuvre d’une barge pour déployer la culture en mer, afin d’approfondir les recherches et débuter la formation des porteurs de projets dans les prochains mois. Plusieurs personnes seraient déjà intéressées. Cette filière émergente pourrait donc être une nouvelle contribution sur le chemin de l’autonomie alimentaire, face à la pression foncière et tandis que l’importation d’algues augmente. "C’est un produit qui est de plus en plus en vogue localement et à l’international. Vu la taille de notre espace maritime, il y a un vrai avenir pour une filière algues en Polynésie. Je pense que d’ici 10 ou 20 ans, le fa’a’apu des mers (zone de culture), ce sera normal. Dans un deuxième temps, on pourrait même envisager de les exporter".

    Au Fenua, la commercialisation des algues rouges devrait intervenir au deuxième semestre 2024. Objectif visé : afficher un prix de vente capable de concurrencer les algues importées d’Asie, comme les wakame congelés. Afin de diversifier l’offre et de varier les plaisirs, des recherches sont en cours sur d’autres espèces locales, comme le Codium ou imu tutae kioe, la "truffe de mer" des Marquises.

    Quel goût, pour quels bienfaits ?


    Alors que l’importation d’algues augmente fortement au Fenua, cette filière pourrait contribuer à progresser sur le chemin de l’autonomie alimentaire.

    Au niveau des saveurs, les amateurs de produits au goût iodé seront servis. "Personnellement, ça me fait un peu penser au vana ou aux huîtres. Ce qui est sympa, c’est que les algues rouges sont croquantes. D’un point de vue culinaire, c’est une richesse considérable", confie Corentin Salvan. Un livre répertoriant une vingtaine de recettes crues et cuites est en cours de conception pour accompagner la commercialisation de ce légume de la mer.

    L’argument santé plaide aussi en la faveur de cette algue. "On est en train de mener des analyses plus poussées, mais ce qu’on peut dire, c’est que c’est une algue qui est très riche en protéines, avec très peu de matières grasses, uniquement des acides gras polyinsaturés, donc excellents pour la santé, mais aussi des vitamines, des minéraux et des oligoéléments. C’est un aliment super sain, alors : mangez des algues !"

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