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    Pacifique
  • Waldemar de Laage / Radio 1 Tahiti | Crée le 16.08.2024 à 10h28 | Mis à jour le 16.08.2024 à 10h28
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    S’il n’y a pas eu d’arrivée massive de Calédoniens en Polynésie pour le moment, le risque est toujours "réel et important". Photo Radio1 Tahiti
    La vague de violences débutée en mai a plongé le Caillou dans une crise économique et sociale au long terme. De quoi engendrer des départs de résidents, déjà en hausse avant les émeutes, et qui ont explosé depuis trois mois. La Polynésie, comme l’avait suggéré un rapport commandé par Tarahoi en 2021, fait partie des points de chute privilégiés par certains d’entre eux. Pour l’heure, pourtant, pas de " boom " calédonien dans les agences immobilières tahitiennes. Mais la situation pourrait évoluer. Le point avec notre partenaire Radio 1 Tahiti.

    Durant le premier semestre 2024, la Calédonie a perdu près de 6 000 de ses 271 000 habitants. " Des Calédoniens qui étaient installés durablement ", constate la Chambre de commerce et d'industrie locale dans un rapport. Déjà élevés au premier trimestre, ces chiffres sont en nette augmentation depuis le 13 mai (+ 200 % par rapport au même mois l’année précédente), date à laquelle les premières émeutes ont éclaté à Nouméa. Le climat anxiogène et la dégradation de la qualité de vie sont les principales raisons de " cette première vague de départs, motivée par la peur ", note le représentant de la Fédération des agences immobilières de Nouvelle-Calédonie, Jean-Damien Ponroy, interrogé par l’AFP.

    Entre 2018 et 2021 une mission d’information de Tarahoi, basée sur deux sondages, avait mis en lumière que la Polynésie figurait à la seconde place des destinations envisagées en cas de départ des Calédoniens, derrière la Métropole, à égalité avec la Nouvelle-Zélande, mais devant l’Australie ou les autres territoires ultramarins. Le Fenua arrivait en revanche en première position des points de chute possibles pour la diaspora polynésienne du Caillou, où plus de 5 300 personnes se déclarent Tahitiens.

    Les autres communautés incluses, les estimations hautes chiffraient à 9 000 le nombre de personnes susceptibles de choisir la Polynésie française comme terre d’accueil ou de retour, en cas d’accession du territoire à l’indépendance. L’étude, réalisée dans un contexte référendaire et de tensions liées à la gestion d’une usine de nickel dans le Sud du pays, estimait alors que seuls un tiers d’entre eux étaient réellement susceptibles de passer à l’acte et d’emménager en Polynésie française. Si la Nouvelle-Calédonie ne semble pas en mesure d’accéder à la pleine souveraineté à moyen terme, sauf séisme politique, l’atmosphère actuelle à Nouméa remet au goût du jour cette hypothèse de voir arriver plusieurs milliers de ressortissants calédoniens au Fenua.

    Peu de demandes dans les agences immobilières

    Trois mois après le début des émeutes, et dans " un contexte beaucoup plus grave et anxiogène que celui de 2018 ", dixit le co-auteur de la mission Philip Schyle, les Calédoniens ne sont pourtant pas nombreux à se bousculer aux portillons des agences immobilières de la place. " Ça se ressent un petit peu, mais ce ne sont pas de gros chiffres ", explique Jacques Menaheim, patron de Sotheby’s et président de la Fédération polynésienne des agents immobiliers. Il note " quatre demandes depuis un ou deux mois, ce qui est plus que d’habitude ", mais ce qui représente " une goutte d’eau, noyée dans la masse " des demandes locales, confirme Maima Sylvain, de l’agence Jeannine Sylvain. Du côté de Aito Immobilier, Beatrice Diebolt évoque aussi " quelques demandes, essentiellement de gens qui ont déjà une attache ici ", mais rien de très exceptionnel.

    " Une deuxième vague de départs est anticipée "

    Pour autant, difficile de mettre un point final à l’hypothèse, trois mois seulement après l’éclatement des troubles. " Il y a un risque réel et important ", d’arrivées massives sur le territoire, estime Philip Schyle. L’étude menée par l’assemblée il y a quatre ans soulignait en effet que les 9 000 arrivées estimées s’échelonneraient " sur trois ans ". En Calédonie, " on anticipe une deuxième vague de départ, davantage liée à l’effondrement de l’économie et aux incertitudes politiques ", poursuit Jean-Damien Ponroy, toujours auprès de l’AFP. Celle-ci pourrait prendre plusieurs mois voire plusieurs années.

    Car avant d’envisager d’acheter en Polynésie " où le marché est beaucoup plus haut ", rappelle Béatrice Diebolt, encore faut-il avoir la perspective de vendre en Calédonie. "Beaucoup d’acheteurs potentiels sont en attente. Ils sont propriétaires là-bas, et leurs biens sont difficiles à vendre", poursuit Jacques Menaheim. Il cite aussi le " cas inverse " d’une famille qui avait " le cash pour acheter en Polynésie ", mais qui s’est rétractée après s’être retrouvée en difficulté du fait de la crise.

    Un marché calédonien en chute libre

    De l’autre côté du Pacifique, les chiffres du secteur révèlent que 1 796 biens ont été mis en vente depuis le 13 mai, soit autant que sur une année entière en temps de calme. À l’inverse, le nombre de compromis de vente a drastiquement baissé, passant de 250 à 280 par mois en moyenne, à 25 ou 30 depuis le début de la crise. Si les premiers partants ont vendu au rabais, beaucoup de propriétaires attendent donc que la situation se tasse avant de faire définitivement leurs bagages. Reste à savoir combien d’entre eux seront expédiés vers le fenua.

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