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    Pacifique
  • Damien Grivois/La Dépêche de Tahiti | Crée le 07.04.2021 à 15h45 | Mis à jour le 08.04.2021 à 04h44
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    La fermeture des frontières a permis de limiter la pandémie. Visuel SPC
    La Covid-19 a été un défi sanitaire pour la région qui a, malgré tout, limité les dégâts : au 31 mars, seuls 343 décès étaient recensés, hors Australie et Nouvelle-Zélande.

    Plus d'un an après le début de la pandémie, onze petits pays et territoires insulaires océaniens (Mariannes du Nord, Fidji, Polynésie française, Guam, Nouvelle-Calédonie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Îles Marshall, Samoa, Îles Salomon, Vanuatu et Wallis-et-Futuna) ont signalé des cas et/ou des décès liés à la Covid-19. La maladie constitue une difficulté majeure pour la région, estime la Communauté du Pacifique (CPS) qui, en qualité de chef de file du Conseil des organisations régionales du Pacifique (CORP) dans le domaine de la santé publique, dit avoir pris toutes les mesures nécessaires pour lutter contre sa propagation.

    Dans la plupart des pays océaniens, l'accès à des services sanitaires de qualité est limité du fait du manque d'infrastructures, de matériel et de personnel qualifié. Dans la situation actuelle, cela peut poser un problème d'accès aux soins, si le nombre de personnes touchées augmente.

    Selon le Dr Paula Vivili, directeur de la division Santé publique de la CPS, " bon nombre de pays d'Océanie disposent de capacités relativement limitées pour traiter les cas dans le domaine clinique. Ils ne sont en mesure de prodiguer des soins intensifs qu'à cinq personnes en même temps, voire moins. Il est donc essentiel de limiter le plus possible le nombre de cas. " Aussi la CPS travaille avec ses partenaires pour répondre à leurs besoins en respirateurs, mais aussi d'autres équipements et services pour les patients. " Nous nous efforçons également de fournir aux pays des procédures opératoires normalisées, afin de les aider à mieux gérer les patients."

    La plupart des pays de la région ne possèdent pas du matériel de laboratoire nécessaire à l'analyse des tests sur site, ce qui complique l'identification des cas. Les échantillons doivent être envoyés dans d'autres pays pour être analysés.

    Mieux préparés

    Seuls cinq territoires peuvent pratiquer eux-mêmes le dépistage : les Fidji, Guam, la Nouvelle-Calédonie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la Polynésie française. Les dix-sept autres doivent envoyer leurs échantillons en Nouvelle-Zélande, en Australie ou dans l'un de ces cinq pays. Mais, compte tenu des restrictions sur les déplacements, leurs capacités à transmettre ces échantillons sont faibles.

    Dès l'apparition de l'épidémie, le Forum des îles du Pacifique a mis sur pied une réponse collective par l'instauration d'un couloir humanitaire entre ses membres, baptisé PHC-C (Pacific Humanitarian Pathway), officiellement lancé le 7 avril 2020. " Il s'agissait avant tout de se fournir en matériel médical (masques, kits de test, respirateurs). C'est dans ce cadre que la Polynésie française a transporté pour le compte de membres du Forum (Samoa, Tonga, Fidji, Vanuatu) du matériel médical fourni par la Chine en mai 2020 ", explique Manuel Terai, délégué aux affaires internationales, européennes et du Pacifique.

    Mais pour Paula Vivili : " Cette crise rendra les pays mieux préparés que jamais. Les événements ont permis aux Océaniens d'améliorer leur système de santé. Les partenaires, les bailleurs de fonds et les organisations telles que la CPS savent bien mieux comment aider les pays. "

    Autre écueil majeur : les économies régionales sont fortement dépendantes du tourisme. Le secteur représente par exemple 40 % du PIB des Palaos, du Vanuatu et des Fidji. Or, les mouvements des personnes en provenance et à destination de ces pays présentent un risque sanitaire, même si des restrictions ont été mises en place.

    La seule voie de sortie se résume donc à une forte couverture vaccinale.

    REPÈRES

    Vaccins

    Les États-Unis ont fourni des vaccins aux Palaos, aux États fédérés de Micronésie, aux Îles Marshall, à Guam et aux Samoa américaines. La France a déployé le dispositif vaccinal en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et à Wallis-et-Futuna. L'Australie a voté un budget d'environ 1,2 milliard de francs pour distribuer un million de doses dans le Pacifique, espérant couvrir 20 % des besoins d'ici juin (Fidji, Kiribati, Nauru, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa, îles Salomon, Tonga, Tuvalu et Vanuatu). La Nouvelle-Zélande a aussi prévu d'aider, avec 5,2 milliards de francs, Tokelau, Niue, les îles Cook, les Tonga et les Samoa.

    Covax

    Le mécanisme Covax, qui prévoit la distribution de 2 milliards de doses, est une initiative mondiale visant à garantir l'accès des pays à revenu faible aux vaccins. Principalement financé par l'Union européenne, le dispositif a déjà bénéficié aux Fidji et aux Tonga.

    Campagne

    La vaccination a été lancée dans presque tout le Pacifique Sud - fin avril au Vanuatu et aux îles Cook. Aux Palaos, la campagne de vaccination, commencée le 2 janvier, doit s'achever en mai. Le petit État sera le premier de la région totalement à l'abri. À Wallis-et-Futuna, près de 50 % de la population vaccinable a reçu les injections.

    Pékin " remet des chèques "


    Le jumelage entre le district chinois de Changning et la ville de Papeete date de 2014.

    Selon la revue géopolitique Diploweb, une visioconférence du ministère des Affaires étrangères chinois a été organisée le 10 mars 2020 avec des responsables " santé " océaniens et les autorités de dix États insulaires du Pacifique.

    Il s'agissait de souligner le caractère " ouvert " et " réactif " de l'approche chinoise et de partager des informations sur la prévention et la gestion clinique de la pandémie, tout au moins avec les États entretenant des relations diplomatiques avec la Chine.

    Diploweb précise que des équipes médicales auraient également été déployées dans dix pays du Pacifique Sud. " Une politique qui s'est accompagnée, de-ci de-là, par des remises ostentatoires de chèques ", souligne l'auteur, François Guilbert. " Il en a été ainsi au Vanuatu pour une somme de 100 000 dollars, 200 000 aux Tonga et aux Fidji pour 300 000. " Cette politique de communication soignée a pu être observée lors de la remise à la Polynésie française de masques et de tenues pour le personnel soignant par un vol spécial d'Air Tahiti Nui.

    Stratégie

    " Il est intéressant de noter que les aides de l'État chinois ont mis en scène plusieurs de ses acteurs d'influence ", note encore Diploweb" Des entreprises privées (Jack Ma - Forum des îles du Pacifique ; Wang Cheng - Polynésie française), des relais du Parti communiste chinois (association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger) et des instruments non gouvernementaux mis sur pied spécifiquement pour la région (association d'amitié de la Chine du Pacifique, jumelages entre des villes chinoises et polynésiennes françaises) sont venus en appui des actions chinoises. "

    La revue estime que ce système de mise en œuvre en dit long sur l'importance portée par Pékin aux États et territoires du Pacifique. Si cette stratégie a pu faire l'objet de critique en Australie ou aux États-Unis, elle aurait été " globalement bien reçue par les Océaniens, tout au moins en apparence ".

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