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    Sports
  • Charlie Réné / Radio 1 Tahiti | Crée le 12.12.2023 à 14h42 | Mis à jour le 12.12.2023 à 14h42
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    Une piscine olympique temporaire installée par le leader du marché Myrtha Pool pour les Jeux de Rio en 2016. Photo DR
    La piscine de Tipaerui, défraîchie et loin des normes internationales, ne pourra pas être utilisée pour les Jeux du Pacifique organisés en Polynésie en 2027. Malgré les demandes du mouvement sportif, hors de question pour le Pays de ressusciter le projet de centre aquatique de Aorai, jugé trop coûteux et mal situé. La ministre des Sports Nahema Temarii étudie donc une alternative : racheter un des bassins démontables de 50 mètres utilisés pour Paris 2024, l’installer temporairement dans la zone urbaine, avant de lui trouver une destination pérenne, dans une piscine olympique " en dur " sur un autre site de Tahiti. Le point de notre partenaire Radio1 Tahiti.

    Ce devait être une des plus grandes nouveautés – et une des plus grosses dépenses – des Jeux du Pacifique 2027 à Tahiti. Le centre aquatique de Aorai, ses deux bassins et ses 600 places ne verront pas le jour. Nahema Temarii l’avait déjà annoncé, début septembre, en pleine visite à Papeete du Pacific Games Council, les organisateurs des Jeux.

    La ministre des Sports voulait alors être claire : les 30 milliards de francs de budget annoncés sont " intenables ", la " copie Fritch " serait revue. " En termes d’investissement, on sera plutôt sur 12 milliards, a-t-elle confirmé mardi sur Radio 1 Tahiti. Mais surtout on a changé de cap. "

    Rénovations et remises aux normes

    Exit, l’idée de construire de nouvelles infrastructures pour les Jeux. Le centre aquatique de Aorai, chiffré à " 8 milliards de francs " par la ministre, et à un peu plus de 4 milliards par les défenseurs du projet, n’est donc plus à l’ordre du jour. Pas plus que le palais des congrès, annoncé à 7 milliards de francs " hors taxes " en 2019 et que la précédente administration s’était déjà résolu à abandonner après la crise Covid.

    Le Pays, en charge des investissements, se concentrera donc sur les " rénovations, réhabilitations et remises aux normes internationales " que ce soit pour les équipements territoriaux de l’IJSPF ou pour ceux des " clubs bâtisseurs ", qui " sauront mettre en valeur cet héritage ".

    886 millions de francs d’études et de chantiers sont d’ores et déjà autorisés au projet de budget 2024, ciblant le stade Pater, Fautaua, le gymnase des Jeunes Tahitiens, les équipements de Fei Pi, d’Excelsior, de Dragon, de Vénus, la salle de tir de Titioro ou le centre nautique d’Arue. " Quand j’ai rencontré le Pacific Games Council, il m’a clairement confirmé qu’il fallait arrêter de grossir ces budgets parce qu’on dispose aujourd’hui des infrastructures nécessaires, reprend la ministre de la Jeunesse et des Sports. Mais on en est conscient : nos infrastructures n’ont pas été remises à jour depuis 1995 pour bon nombre d’entre elles. "

    Un bassin temporaire en inox…

    Et parmi ces installations décaties, il y a la piscine de Tipaerui, construite pour les Jeux du Pacifique de 1971, réutilisée pour Tahiti 1995… Et qui ne pourra pas servir dans quatre ans. Bassin trop court pour accueillir les tapis de chronométrage, pompe qui crée des courants perturbateurs dans certaines lignes, plots et vestiaires défraîchis, fondations branlantes… Une rénovation est bien, là aussi, discutée avec la mairie de Papeete, mais elle ne pourra pas être menée avant 2027.

    Mais alors où faire nager les athlètes ? Dans le milieu de la natation, on veut encore croire à un retour du projet de Aorai, à qui le gouvernement reproche son coût, sa localisation, mais aussi ses potentiels déficits de fonctionnement comme les " 100 millions de francs par an " que coûte Tipaerui. Ses défenseurs expliquent, eux, que le projet, s’il est bien mené, peut créer un " pôle économique ", " rentable " et " formateur ", en multipliant les activités dans et autour des bassins. Ou que la construction, qui serait cofinancée par l’État, ne pèserait pas si lourd dans le budget en prenant compte des retours fiscaux, et permettrait de sauver les 300 millions de francs déjà injectés dans les études préparatoires.


    Un bassin en inox intégré dans une structure « en dur ». Photo Myrtha Pools

    Mais Nahema Temarii semble déjà avoir tourné la page de ce centre aquatique et met en avant une alternative, d’ailleurs soufflée par la Fédération de natation : un bassin temporaire démontable. " On a commencé des négociations et des discussions avec des entreprises internationales qui ont des méthodologies d’installation de bassins éphémères en inox ", explique la ministre. De quoi se donner du temps pour construire le futur centre nautique " sans précipitation ", tout en assurant une bonne qualité de compétition en 2027 : ce genre de bassin, " c’est ce qui va être utilisé pour les Jeux olympiques à Paris en 2024. "

    … Avant une vraie piscine en dur

    Pas seulement à Paris, d’ailleurs. De Londres à Rio, en passant par les championnats mondiaux ou continentaux, que l’on parle des piscines officielles ou des bassins d’entraînement, l’entreprise italienne Myrtha Pools s’est taillé, ces dix dernières années, une place de choix dans les grands évènements de natation. Ces bassins " semi-démontables " et faciles d’entretien, souvent associés à des tribunes et des vestiaires temporaires, ont depuis longtemps la bénédiction des instances internationales de la nage. L’idée serait de récupérer un des bassins déployés en région parisienne pour les Jeux. Un achat chiffré au bas mot à 200 millions de francs sans le transport et l’installation, mais qui doit être acté rapidement : ces bassins temporaires, qui peuvent être " pérennisés " dans une structure " en dur ", sont très demandés par les communes.

    Se posent encore beaucoup de questions sur ces nouveaux plans, et notamment celle du site d’installation de ce bassin démontable de 50 mètres de long. Des " études de sol " ont été entreprises sur le terrain qui jouxte la piscine de Tipaerui, qui pourrait au passage devenir un bassin de récupération pour les Jeux. Reste à savoir si ce site, qui appartient au Pays, est suffisant pour accueillir tous les vestiaires, salles techniques et surtout les gradins pour le public. Mais la ministre des Sports pense déjà à la suite : transformer, après les jeux, ce bassin démontable en piscine olympique permanente pour le fenua.

    Là encore, il devrait y avoir du débat : le COPF veut un site au cœur de la zone urbaine, où se concentrent le plus d’athlètes prometteurs, de scolaires et de public pour rentabiliser l’infrastructure. Nahema Temarii relève que les seules piscines existantes sont à Pater, Tipaerui et Taina, et penche pour un bassin plus loin sur la côte Ouest. Les sportifs, eux, s’inquiètent de voir le temps défiler.

    La natation, grand espoir pour renverser la Nouvelle-Calédonie en 2027

    Dans son plaidoyer pour des infrastructures de natation, la fédération polynésienne peut compter sur un argument de poids : les médailles. Aux Jeux, les nageurs polynésiens en ont glané 28, dont 5 or, les plaçant, comme au tableau général, sur la deuxième marche du classement des pays. Mais les premiers sont bien loin : 54 podiums dont 22 titres pour la Nouvelle-Calédonie, qui s’est équipée de plusieurs centres aquatiques modernes, et qui a formé beaucoup de champions ces dernières années.

    Maxime Grousset, grand espoir de médaille français pour les Jeux Olympiques et vice-champion d’Europe du 100 mètres papillon en petit bassin ces jours-ci, n’était pas aligné. Lara Grangeon, oui : avec 9 titres individuels et 3 autres par équipe, la multiple championne de France a pesé lourd dans le succès calédonien. Et à 32 ans, elle ne devrait plus être sur les plots en 2027.

    " Gagner les Jeux à la maison "

    Le fenua, au contraire, peut compter sur une nouvelle génération de nageurs : 16 ans en moyenne dans la délégation aux Salomon, 17 ans seulement pour le triple titré d’or Naël Roux, 14 ans pour Déotille Videau, autre multiple médaillée. " Si on veut renverser la Calédonie en 2027, c’est dans les bassins que ça doit commencer ", souffle-t-on dans les instances sportives. Et si le nouveau gouvernement a remis en cause la " copie Fritch " sur les infrastructures, il a gardé l’ambition de " gagner les Jeux à la maison ". " C’est l’objectif numéro 1 ", assure Nahema Temarii, qui parle d’une multiplication des échanges et compétition dans le Pacifique, avec la Calédonie notamment, mais aussi du nécessaire accompagnement financier de la préparation sportive. Sauf que jusqu’à preuve du contraire, le plan de performance du COPF – qui a demandé 120 millions de francs par an sur quatre ans – n’est pas budgété.

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