Un massacre a été évité, ce vendredi 1er août à Farino. En milieu de journée, des habitants de la vallée de la Houé, du côté de Tendéa, ont appelé en urgence la Société calédonienne d’ornithologie (SCO), dont le siège social est situé sur la petite commune de la Chaîne.

"Ce sont des propriétaires privés qui nous ont appelés parce qu’ils avaient entendu des chiens sur leur propriété, explique David Ugolini, le président de la SCO. Ils pensaient au début qu’ils étaient en train de s’en prendre à des cerfs ou à des cochons sauvages, mais en arrivant sur place ils se sont aperçu qu’il s’agissait de cagous."

Malheureusement, à leur arrivée, un oiseau était déjà mort mais un second a pu être secouru. L’animal, blessé, a été recueilli et mis en sécurité.

Ce sont les bénévoles de la SCO, qui se sont rendus rapidement sur place et qui ont alors pris contact avec les gardes nature, avec qui ils travaillent en étroite collaboration. "Après une rapide auscultation, il nous a semblé que le cagou survivant ne présentait pas de fracture, mais nous avons décidé de l’emmener chez une vétérinaire spécialisée à Nouméa", poursuit David Ugolini.

L’animal est toujours en observation ce lundi.

"Nous sommes retournés sur place le lendemain, samedi, parce que les cagous vivent en famille. Nous voulions nous assurer qu’il n’y avait pas d’autres individus morts ou blessés. Nous avons procédé à une inspection méticuleuse et nous n’avons rien trouvé. On a donc envie de croire que le massacre a été arrêté à temps", espère David Ugolini.

Une "zone à cagous"

La région entre Moindou et le fond de Farino est une "zone à cagous", rappelle le président de la SCO. Ses bénévoles y trouvent régulièrement des dortoirs et des sites de repos qui indiquent qu’une population y est établie.

Les études approfondies effectuées au sein du Parc des Grandes Fougères font état de milliers d’individus. Il y a en a donc aussi forcément dans les zones alentour, même si aucun comptage précis n’a encore été effectué.

"Les cagous peuvent venir vivre jusqu’à proximité des zones habitées sans problème, tant qu’il n’y a pas de chiens errants", rappelle le président de la SCO. "Mais dès qu’il y en a, les cagous sont en danger. C’est dommage, parce que la cohabitation est possible."

Le chien ensauvagé est l’ennemi numéro un du cagou, mais cette problématique, insiste David Ugolini en met en avant une autre, celle de la maltraitance animale en Calédonie. "Les chiens errants, sont des chiens qui n’ont pas de maître, livrés à eux-mêmes, pas nourris, laissés à l’abandon et qui, ensuite, doivent se débrouiller et s’établissent en populations sauvages. Mais parce qu’à l’origine, il y a eu des propriétaires négligents ou inconscients."

Chiens errants, mais aussi chats sauvages et rats représentent une lourde menace sur la faune calédonienne, notamment les oiseaux (cagous, sternes), les insectes ou les lézards endémiques…

Sensibilisation et éducation des propriétaires de chien

Pour s’y attaquer, explique David Ugolini, "il faut d’abord une volonté et des moyens. Il y a de bons exemples autour de chez nous, notamment en Nouvelle-Zélande. Ils sont exemplaires en matière de régulation des périls contre la biodiversité. La question, c’est comment mettre des moyens pour ces actions à l’heure où les budgets publics sont au plus bas…"

Pour régler le problème, le président de la SCO estime que "la base, c’est de fermer le robinet,qui alimente l’ensauvagement des chiens. Il y a un gros sujet de sensibilisation et d’éducation autour de la responsabilité des propriétaires. Un chien, ce n’est pas juste pour décorer. Quand on prend un chien, on s’engage à le nourrir tous les jours. On le soigne, on le stérilise, on s’assure qu’il n’aille pas traîner, sans non plus le laisser mourir au bout d’une chaîne. Ce sont de vrais sujets d’éducation."