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    Sud
  • Anne-Claire Pophillat | Crée le 08.11.2025 à 06h00 | Mis à jour le 29.11.2025 à 17h36
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    Le chantier de démolition du pont de Thio a commencé le 8 septembre. Il doit s’achever en décembre, avant une remise en état des lieux début janvier. Photo Office de tourisme de Thio
    "Une page se tourne", indique l’office de tourisme de Thio, alors que le pont qui a relié le village entre 1953 et 2023 est en train d’être déconstruit. Le chantier de 150 millions de francs, commencé en septembre, doit s’achever en décembre. L’ouvrage, qui représentait un risque pour le nouveau pont mis en service il y a deux ans, a marqué l’histoire de la commune.

    Le pont à une voie de Thio, qui date de 1953, est en train de disparaître du paysage de la commune. Sa déconstruction est en cours depuis le mois de septembre. L’ouvrage présentait de nombreux désordres structurels depuis des années, ainsi qu’un risque d’effondrement, et sa largeur était réduite, alors qu’il revêt une importance stratégique pour la ville. Il a donc été remplacé par un aménagement plus moderne, doté de deux voies de circulation, de 120 m de long et 11 m de large, et qui facilite, depuis sa mise en service en juillet 2023, la circulation de poids lourds et notamment le roulage minier. Ces derniers devaient jusque-là réaliser un détour de 8,5 km pour traverser la Thio.

    Une menace

    Prévus initialement fin 2023, les travaux de démolition de l’ancien ouvrage de 72 ans ont été reportés. "Une partie de la population voulait le conserver à titre patrimonial", explique Priscilla Bouanou, chargée de mission de l’office de tourisme de Thio, qui a partagé sur Facebook une vidéo retraçant l’histoire des différents ponts qui ont façonné le développement de la commune depuis 150 ans. La demande n’a pas pu aboutir pour deux raisons, développe Jean-Pierre Breymand, à la tête de la direction de l’aménagement, de l’équipement et des moyens (DAEM) de la province Sud. D’abord, le pont représente une menace pour le nouvel aménagement. Situé en amont, il pourrait, en cas de montée des eaux, "casser et s’encastrer dedans". Ensuite, il bloque l’évacuation des bois charriés par la rivière lors de fortes pluies, "ce qui provoque des inondations", ajoute Jean-Pierre Breymand, tandis que le nouveau pont a été conçu pour que les branchages puissent passer en dessous.


    Les deux ponts, l’ancien à une voie, à gauche, et l’actuel à deux voies, à droite, inauguré en 2023, dont le chantier, financé dans le cadre du contrat de développement État/province, a représenté une enveloppe de 1,2 milliard de francs. L’ouvrage accueille aussi la conduite d’adduction d’eau potable communale, les infrastructures des réseaux électriques et de télécommunications. Photo province Sud

    Le chantier, débuté le 8 septembre, doit s’achever en décembre, avant une remise en état des lieux programmée début janvier. L’enveloppe initiale dédiée à l’opération, menée par la province Sud, de 184 millions de francs, a été revue à la baisse, à 150 millions, car une partie de la structure va finalement pouvoir être préservée : les culées, "la partie en béton qui tient la berge et permet de raccorder le pont à la route". En "très bon état", elles vont permettre de maintenir la terre des berges et éviter de réaliser un enrochement, laissant ainsi un souvenir de cet "élément historique". "Cela fait des économies et, de cette façon, on garde une partie du pont, ce qui était une demande des habitants par rapport aux anciens qui ont participé à sa construction", développe Jean-Pierre Breymand.


    Le pont de Thio a joué un rôle important pendant les Évènements. En novembre 1984, des militants du FLNKS y ont dressé un barrage, coupant le village de Thio-mission. Photo AFP / Gabriel Duval

    Principal accès au village

    Cet axe a constitué le premier grand pont qui "reliait le village et les tribus", et la route principale, la RP4, menant à la côte Ouest. Cependant, dès 1897, une passerelle a rendu possible la traversée de la rivière aux locomotives, "chargées de transporter le minerai dans leurs wagons jusqu’aux bateaux à Thio-mission", mais aussi utilisée "comme moyen de transport des voyageurs des tribus pour aller à la messe ou faire des courses", raconte Priscilla Bouanou.


    Une passerelle est aménagée en 1897, afin de permettre le passage des locomotives "chargées de transporter le minerai dans leurs wagons jusqu’aux bateaux à Thio-mission, mais aussi comme moyen de transport". Photo Office de tourisme de Thio

    Quarante ans plus tard, en 1938, la structure est remplacée par un pont pour voitures, mais qui reste accessible aux locomotives, qui venaient au pied de la mine du Plateau de la SLN, ainsi qu’aux piétons. "Il fonctionnait comme un pont-levis, pour permettre le passage des bateaux sur la Thio", relève Priscilla Bouanou. Une construction "unique en son genre avec, d’un côté la voie ferrée destinée au train et, de l’autre, une passerelle pour les piétons, qui devaient descendre et traverser à pied pour des raisons de sécurité".


    Le pont de Thio a été construit en 1953. Doté d’une voie, il a participé au développement de la commune. Photo Office de tourisme de Thio

    La nécessité de doter la ville d’un ouvrage plus moderne entraîne l’aménagement du premier grand pont en 1953. S’il ne comporte qu’une seule voie de circulation, il est alors, avec ses 104 m, un des plus longs du territoire. L’attachement de la population, réel, se manifeste depuis le début des travaux, témoigne Priscilla Bouanou. "Les habitants s’arrêtent devant le chantier pour faire des photos, tout le monde est venu voir." Et dire au revoir à ce pont qui a marqué l’histoire de Thio.

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