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  • © 2020 AFP | Crée le 03.01.2020 à 23h57 | Mis à jour le 04.01.2020 à 00h00
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    Gabriel Maztneff à Paris le 12 juillet 1990 Pierre GUILLAUD-AFP/Archives

    L'affaire Gabriel Matzneff a pris vendredi une tournure judiciaire avec l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "viols" contre l'écrivain de 83 ans, mis en cause pour ses relations avec des mineurs dans un livre de l'éditrice Vanessa Springora.

    Cette enquête, ouverte pour "viols commis sur mineur" de moins de 15 ans, a été confiée à l'Office central de répression des violences faites aux personnes (OCRVP), a annoncé le procureur de la République de Paris Rémy Heitz dans un communiqué.

    "Au-delà des faits décrits par Vanessa Springora", elle s'attachera "à identifier toutes autres victimes éventuelles ayant pu subir des infractions de même nature sur le territoire national ou à l'étranger", a précisé M. Heitz.

    L'ouverture de cette enquête survient 24 heures après la sortie du livre accusateur de Vanessa Springora, directrice des Editions Julliard.

    Dans ce roman autobiographique, l'éditrice de 47 ans raconte comment elle a été séduite par Gabriel Matzneff alors qu'elle n'avait même pas 14 ans, ainsi que le poids de cette histoire sur sa vie, ponctuée de dépressions.

    "A quatorze ans, on n'est pas censée être attendue par un homme de 50 ans à la sortie de son collège, on n'est pas supposé vivre à l'hôtel avec lui, ni se retrouver dans son lit, sa verge dans la bouche à l'heure du goûter", raconte Vanessa Springora dans cet ouvrage.

    "Pourquoi une adolescente de quatorze ans ne pourrait-elle aimer un monsieur de trente six ans son aîné ? (...) Ce n'est pas mon attirance à moi qu'il fallait interroger, mais la sienne", ajoute l'écrivaine, qui assure avoir été sous son emprise lors de sa relation.

    Vanessa Springora a indiqué dans un entretien au Parisien qu'elle n'envisageait pas de porter plainte. Mais le parquet de Paris a décidé de s'autosaisir de l'affaire dans le cadre d'une "enquête d'initiative".

    - "Prix maladroit" -

    Vanessa Springora est la première à témoigner parmi les adolescentes séduites par Gabriel Matzneff, auteur longtemps fêté par le milieu littéraire français et récompensé par le prix Renaudot essai en 2013.

    L'enquête ouverte par le parquet de Paris pourrait cependant convaincre d'autres personnes à s'exprimer, alors que les accusations portées dans son roman par Vanessa Springora se heurtent à un problème de prescription.

    La loi d'août 2018 contre les violences sexuelles a allongé de vingt à trente ans le délai de prescription pour les crimes sexuels commis sur les mineurs, à compter de leur majorité, afin de faciliter la répression de ces actes.

    Mais cette loi n'a pas instauré d'âge minimal de consentement à un acte sexuel et, surtout, elle n'est pas rétroactive. Or, les faits relatés par Vanessa Springora remontent à la seconde moitié des années 1980.

    Le goût autoproclamé de l'écrivain de 83 ans pour les "moins de 16 ans" et pour le tourisme sexuel avec de jeunes garçons en Asie, qu'il a raconté dans de nombreux ouvrages, avait jusqu'ici très peu fait ciller.

    Mais la sortie du livre "Le Consentement" est en train de changer la donne, dans un contexte de dénonciation des violences sexuelles marquées par les récentes accusations de l'actrice Adèle Haenel à l'encontre du cinéaste Christophe Ruggia.

    Gabriel Matzneff a estimé jeudi dans une lettre ne pas mériter "l'affreux portrait" publié par Vanessa Springora. Mais il a déjà été convoqué par le passé la Brigade des mineurs à la suite de lettres anonymes, sans toutefois être inquiété.

    Une information judiciaire avait même été ouverte en 2014 après une plainte contre X pour "provocation à la commission d'une infraction" déposée par l'association Innocence en Danger, après l'attribution à l'écrivain du prix Renaudot.

    Mais le juge d'instruction chargé de cette enquête avait finalement rendu un non-lieu dans cette affaire, conformément aux réquisitions du parquet, considérant que l'infraction qui visait notamment les membres du jury Renaudot n'était pas caractérisée.

    "Ce prix était maladroit", a reconnu l'écrivain Frédéric Beigbeder, membre du Renaudot, dans un entretien publié vendredi par le journal Le Parisien. Mais "ce n'était en aucun cas la consécration d'un monstre pédophile", a-t-il assuré.

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