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  • © 2020 AFP | Crée le 29.07.2020 à 17h08 | Mis à jour le 29.07.2020 à 17h10
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    L'un des composants du réacteur Iter le 28 juillet 2020 à Saint-Paul-les-Durance CLEMENT MAHOUDEAU-AFP

    Un gigantesque puzzle a officiellement débuté mardi dans le sud de la France, avec le lancement de l'assemblage du réacteur du projet Iter, un programme international visant à maîtriser la production d'énergie à partir de la fusion de l'hydrogène, comme au coeur du soleil.

    "Avec la fusion, le nucléaire peut être une promesse d'avenir" en nous offrant "une énergie non polluante, décarbonée, sûre et pratiquement sans déchets", a estimé le président Emmanuel Macron, dans une vidéo pré-enregistrée diffusée lors de la cérémonie organisée sur le site d'Iter, à Saint-Paul-lès-Durance (Bouches-du-Rhône).

    Commentant ce projet international lancé par un traité de 2006 et réunissant 35 pays, soit toute l'Union européenne (avec le Royaume-Uni), la Suisse, la Russie, la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis, le chef de l'Etat sud-coréen Moon Jae-In a également salué dans un message vidéo "le plus grand projet scientifique de l'histoire de l'humanité" et ce "rêve partagé de créer une énergie propre et sûre d'ici à 2050".

    Alternative rêvée aux énergies fossiles comme le pétrole, le gaz ou le charbon, émettrices de CO2, la fusion de l'hydrogène pourrait également remplacer l'énergie nucléaire: si la fission de l'atome produit des déchets radioactifs pendant des dizaines de milliers d'années, la fusion de l'hydrogène ne génère pas de déchets de longue vie, a insisté Bernard Bigot, le directeur général d'Iter.

    La fusion produira bien des déchets radioactifs "mais de bien plus faible activité que dans une centrale nucléaire", a confirmé à l'AFP Igor Le Bars, expert à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), vigie française du risque radiologique.

    Autre avantage: les combustibles nécessaires à cette fusion, extraits de l'eau et du lithium, sont disponibles et, selon M. Bigot, à même "d'assurer l'approvisionnement d'un parc de réacteurs pendant des millions d'années, un gramme de combustible libérant autant d'énergie que huit tonnes de pétrole".

    Ces derniers mois, plusieurs composants de ce réacteur expérimental baptisé "Tokamak" - hauts pour certains comme un immeuble de quatre étages et pesant plusieurs centaines de tonnes -, ont été livrés sur le site en provenance d'Inde, de Chine, du Japon, de Corée du Sud ou encore d'Italie.

    Et les échelles de grandeur donnent le vertige. A lui seul, le plus puissant des aimants d'Iter, celui qui initiera le courant électrique au sein du plasma, pourrait ainsi soulever un porte-avions.

    - 150 millions de degrés -

    Les éléments arrivant peu à peu, reste à assembler le million de pièces de ce puzzle en trois dimensions, un travail qui devrait durer jusqu'en 2024 pour les 2.300 personnes présentes sur le site.

    Ce gigantesque réacteur permettra de reproduire la réaction de fusion de l'hydrogène qui se produit naturellement au coeur du soleil et des étoiles: concrètement, cette fusion sera obtenue en portant à une température de l'ordre de 150 millions de degrés un mélange de deux isotopes de l'hydrogène transformé à l'état de plasma.

    Iter pourrait produire son premier plasma fin 2025 début 2026 et le réacteur pourrait atteindre sa pleine puissance en 2035.

    Réacteur expérimental, Iter ne produira pas concrètement d'électricité. Et c'est 2060, au mieux, qu'il faudra attendre pour avoir le premier raccordement au réseau électrique d'un réacteur à fusion dérivé d'Iter.

    Pour générer de l'électricité, ces futurs réacteurs à fusion commerciaux utiliseront tout simplement la chaleur produite sur les parois de leur "tokamak" par le bombardement des neutrons nés de la fusion: cette chaleur sera évacuée par un circuit d'eau sous pression pour aller alimenter, sous forme de vapeur, une turbine et un alternateur.

    Iter, s'il était raccordé au réseau électrique, ne produirait que 200 MW d'électricité, de quoi alimenter quelque 200.000 foyers. Les futurs réacteurs à fusion disposeraient eux d'un volume de plasma permettant d'alimenter deux millions de foyers.

    Cela pour un coût de construction et un coût opérationnel "équivalents à ceux d'un réacteur nucléaire conventionnel", selon M. Bigot.

    Côté risques, les conséquences potentielles d'une dispersion du tritium (l'un des deux isotopes de l'hydrogène) dans l'environnement seraient "beaucoup plus faibles qu'avec un réacteur nucléaire", selon l'IRSN, qui a étudié divers scénarios (séisme, incendie...). "Même pour les accidents les plus graves, il n'y aurait pas besoin d'évacuer la population", selon M. Le Bars.

    Ces "soleils artificiels" font néanmoins l'objet de critiques récurrentes de la part d'écologistes, notamment français, qui y voient "un mirage scientifique sur papier glacé, sans aucune garantie de résultat" et "un gouffre financier", comme a réagi Greenpeace.

    Le projet a ainsi déjà pris cinq ans de retard, avec un triplement du budget initial, à près de 20 milliards d'euros désormais.

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