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  • © 2018 AFP | Crée le 30.08.2018 à 23h32 | Mis à jour le 30.08.2018 à 23h35
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    Photo fournie par l'expédition Adrenaline le 21 août 2018 montrant le voilier Babouch'ty lors d'une première tentative de traversée de l'Arctique, en juin 2013 Jules JAROSSAY-ADRENALINE-L5R/AFP/Archives

    Trois explorateurs français traversent l'Arctique à la voile afin d'en apprendre plus sur la mystérieuse cryoconite, ce dépôt de poussière atmosphérique qui pourrait participer à la fonte des glaces.

    La cryoconite ? "C'est un dépôt sombre de poussière atmosphérique sur les surfaces glacées ou enneigées qui va concentrer l’énergie du soleil, faire monter la température puis créer des micro-lacs de fonte", explique à l'AFP Roman Teisserenc, responsable scientifique de l'expédition qui traverse le Pôle Nord. Elle va ensuite "faire fondre petit à petit la banquise".

    Ces particules ont déjà été observées sur des glaciers continentaux, mais "jamais encore en Arctique", selon le chercheur qui suit les avancées du voilier Babouch'ty depuis son laboratoire, à l'INP de Toulouse.

    Le périple, mené par l'explorateur reconnu et spécialiste des expéditions polaires Sébastien Roubinet, a pour but de déterminer la nature de la cryoconite arctique, sa composition - est-elle différente de celle des glaciers ? - et son origine.

    "On ne sait pas encore si cette cryoconite est naturelle - provient d'algues par exemple - ou bien d'origine anthropique, liée à la combustion des énergies fossiles", indique le chercheur.

    A bord de Babouch'ty, pourtant, pas un scientifique. Car la partie habitable du voilier - 4m carrés sur 75cm de haut - ne peut abriter que trois personnes. Et c'est le photographe Vincent Colliard et Éric André, son coéquipier habituel, qui accompagnent cette fois-ci Sébastien Roubinet.

    L'équipe a été formée aux prélèvements et protocoles par Roman Teisserenc, lors d'un séjour de préparation en Suède.

    Selon le chercheur, les retombées scientifiques peuvent être "énormes" "mais dépendront vraiment des résultats et de la quantité d'échantillons collectés".

    Le risque, c'est en effet "qu'ils ne ramènent pratiquement rien", à cause des conditions météorologiques qui pourraient conduire, en dernier recours, à un abandon du bateau et des prélèvements.

    - Première traversée de l'Arctique à la voile -

    Car cette expédition scientifique est aussi un exploit sportif hors-normes : les trois Français tentent en effet de traverser l'Arctique à la seule puissance de la voile.

    "Tous les océans de la planète ont été traversés à la voile, sauf l'Arctique", observe Roman Teisserenc.

    Partie le 19 juin de Prudhoebay, au nord de l'Alaska, l'équipe devait traverser 3.000km pour atteindre Spitzberg, en Norvège, à bord d'un bateau pas comme les autres.

    "Babouch'ty est à mi-chemin entre le voilier et le char à glace. Je l'ai conçu spécialement pour l'occasion", a expliqué Sébastien Roubinet, par courriel à l'AFP. "Très léger et résistant, il est équipé de skis sous les flotteurs pour naviguer sur la glace comme sur l'eau".

    La traversée s'apparente en effet parfois plus à de l'escalade qu'à la navigation. "On peut passer des journées entières au milieu de crêtes à pousser, tirer, tracter avec des palans", a souligné l'explorateur de 34 ans, à bord du Babouch'ty.

    Il leur est arrivé de "faire le passage à coup de piolet", notamment lors des trois premières semaines, où, "coincés dans un chaos de glace", ils pouvaient mettre plusieurs heures à faire 100 mètres.

    La mission est d'autant plus périlleuse que les aventuriers ambitionnent de faire la traversée en totale autonomie. Ils ont pour cela chargé 200kg de nourriture et de matériel, de quoi tenir trois mois.

    En cas de manque, "on compte bien chasser le phoque", indiquait Sébastien Roubinet. L'aventurier a passé un hivernage avec les Inuits pour apprendre leurs techniques de chasse, pêche et dépeçage.

    "L'autonomie complète, c'est tout de même risqué, car ils peuvent à tout moment se blesser ou tomber sur un ours blanc", s'est inquiété M. Teisserenc. Armés, les explorateurs ont déjà eu à tirer en l'air pour faire fuir un de ces plantigrades.

    Pour le moment, les marins ont récupéré une vingtaine d'échantillons liés à la cryoconite. Une fois par jour, ils font part de leur avancée à l'équipe restée à terre, via un téléphone satellite.

    Après six années de préparation et deux tentatives infructueuses, Sébastien Roubinet et son équipe, actuellement sur le retour, espèrent "arriver fin septembre" en Norvège.

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