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  • © 2020 AFP | Crée le 18.01.2020 à 18h47 | Mis à jour le 18.01.2020 à 18h50
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    Le Cacique Raoni Metuktire de la tribu Kayapo observe des danses traditionnelles, à Piaraçu (Brésil), le 17 janvier 2020 CARL DE SOUZA-AFP

    La défense de l'Amazonie et de ses communautés indigènes est une cause chère au Pape François, aux stars d'Hollywood et aux ONG internationales, mais les peuples autochtones ont du mal à se faire entendre dans le Brésil de Jair Bolsonaro.

    Pour tenter de changer la donne, les quelque 300 leaders indigènes réunis cette semaine au coeur de la forêt, dans le village de Piaraçu, dans l'Etat de Mato Grosso, ont fait de la communication auprès des Brésiliens une priorité.

    "Ils nous attaquent et nous sommes en train de perdre nos droits. Il est nécessaire que la société comprenne le rôle des peuples indigènes pour la préservation de la planète", a expliqué à l'AFP Sonia Guajajara, coordinatrice de l'Association des peuples indigènes du Brésil (APIB), en marge de la réunion.

    "Il faut occuper des espaces politiques pour que notre voix soit entendue et que nous ayons le pouvoir de proposer et voter des lois", ajoute la cacique de 45 ans, qui fut candidate à la vice-présidence à l'élection d'octobre 2018 pour le parti de gauche Psol.

    La tâche s'annonce ardue, dans un pays où les indigènes ne représentent que 0,5% de la population (environ 900.000 habitants) et ne sont pratiquement pas représentés dans les cercles du pouvoir à Brasilia.

    Lors des dernières élections, Joenia Wapichana est devenue la première femme issue d'une tribu autochtone élue députée. La chambre basse ne comptait pas de représentant indigène depuis 1987.

    - "Pas un centimètre de plus" -

    Dès sa campagne électorale, le président d'extrême droite Jair Bolsonaro a affirmé qu'il ne cèderait "pas un centimètre de plus" aux territoires réservés aux indigènes, qui représentent aujourd'hui 12% de la surface du pays.

    Son gouvernement doit présenter prochainement un projet de loi autorisant l'extraction minière sur ces terres indigènes, sous prétexte que les autochtones ne peuvent pas rester "confinés comme dans un zoo" et devraient pouvoir explorer les richesses de leur sol.

    Une thèse réfutée en bloc par Raoni Metuktire, le cacique emblématique de 89 ans devenu une sorte d'ambassadeur de la cause amazonienne à travers le monde.

    "Les indigènes n'acceptent pas la pollution de l'air et des rivières, ils ne veulent pas d'orpailleurs ou de trafiquants de bois sur leurs terres", affirme à l'AFP le cacique au célèbre plateau labial.

    - Soutiens à l'étranger -

    Mais dans un pays qui regroupe plus de 300 ethnies, tous les membres des tribus autochtones ne sont pas de cet avis.

    Certains soutiennent la politique environnementale du gouvernement Bolsonaro, à l'image de la jeune Ysani Kalapalo, qui compte plus de 300.000 inscrits sur sa chaîne Youtube où elle critique sans cesse la gauche, les ONG et Raoni.

    En septembre, elle a accompagné le président à l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Lors de son discours, M. Bolsonaro avait critiqué les "écologistes radicaux et les indigénistes dépassés", tout en ayant des propos très durs contre Raoni.

    Également en septembre, plusieurs centaines de membres de la tribu Munduruku ont bloqué une autoroute durant cinq jours pour réclamer la légalisation de l'orpaillage sur leurs terres, considérant que cela leur permettrait d'augmenter leurs revenus.

    "Certains indigènes sont d'accord avec les idées de Bolsonaro, d'autres s'opposent au gouvernement. Il est vraiment en train de nous diviser", reconnaît Raoni, dont la candidature au prix Nobel de la Paix 2020 avait été proposée en septembre par la Fondation Darcy Ribeiro.

    "Nous devons nous rassembler pour nous défendre contre ce gouvernement. Je suis inquiet pour mon peuple et c'est pour ça que je dois aller chercher des soutiens à l'étranger", conclut le cacique, qui s'est rendu en Europe à plusieurs reprises l'an dernier.

    Le président Bolsonaro a eu beau clamer que "le monopole de Raoni en Amazonie" était terminé, son prestige reste intact auprès des indigènes réunis à Piaraçu.

    Quand il parle ou qu'il se met à danser, tout le monde fait silence et personne ne le quitte des yeux.

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