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  • © 2019 AFP | Crée le 21.06.2019 à 03h08 | Mis à jour le 21.06.2019 à 08h42
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    Le 29 octobre 2003, l'agriculteur Philippe Gava montre l'endroit de la découverte des corps de quatre bébés, quelques jours plus tôt, dans la forêt de Galfingue (Haut-Rhin) THOMAS WIRTH-AFP/Archives

    Ses regrets n'y ont rien changé : la cour d'assises du Haut-Rhin a infligé jeudi une peine de 20 ans de réclusion criminelle à Sylvie Horning pour avoir tué cinq de ses nouveau-nés, à l'issue d'un procès qui a exposé les secrets d'une famille rongée par les non-dits.

    Sur le banc des parties civiles, son fils aîné se prend la tête entre les mains, tandis que les larmes se mettent à couler des yeux de Mme Horning à l'énoncé du verdict.

    Après 2h30 heures de délibéré, le jury a suivi les réquisitions du parquet et n'a retenu aucune atténuation de sa responsabilité, rendant un "verdict extrêmement douloureux à entendre", selon les mots de Me Lynda Belarbi, avocate du fils, partie civile.

    "Il faut qu'elle fasse appel. Vingt ans, c'est excessif, c'est quasiment le record de France !", s'insurge l'avocat de Mme Horning, Me Roland Moeglen, qui avait demandé que la question de l'altération de son discernement soit posée aux jurés.

    Dans cette affaire hors du commun, Sylvie Horning, quinquagénaire, a été identifiée par hasard en 2017, à l'occasion d'une banale bagarre entre voisins, comme la mère de quatre nouveau-nés dont les cadavres avaient été retrouvés en 2003 dans des sacs-poubelle dans une forêt de Galfingue.

    Ses proches avaient découvert avec stupeur qu'elle avait accouché cinq fois seule dans la salle de bains de leur maison, étouffé ou étranglé les bébés, cachés dans un cagibi pendant des années avant d'être abandonnés en forêt.

    Les restes d'un cinquième nouveau-né avaient été découverts dans une glacière au domicile familial, près de Mulhouse.

    Ses déclarations devant la cour d'assises n'ont levé que très partiellement le mystère entourant ses agissements.

    Tantôt maîtresse d'elle-même, tantôt en larmes lorsqu'elle évoquait son compagnon décédé en 2018 et ses relations avec ses enfants, elle a répété inlassablement que les bébés - dont trois ont été retrouvés avec des liens autour du cou - n'étaient pour elle "pas des bébés" mais "des êtres que (son) esprit et (son) corps n'acceptaient pas".

    "Une habitude"

    Acculée par la présidente Marie-Catherine Marchioni, lui rappelant ses déclarations en garde à vue, selon lesquelles les accouchements étaient "presque devenus une habitude", un processus "facile", elle a au contraire raconté la peur éprouvée, seule dans la salle de bains.

    "Je regrette d'avoir fait autant de mal à ces bébés, à ma famille", a-t-elle assuré, la voix étranglée de sanglots, disant réussir désormais à les qualifier de bébés grâce au suivi d'une psychologue à la maison d'arrêt de Mulhouse.

    Son avocat avait appelé de ses vœux un "verdict d'apaisement" pour laisser un espoir de réconciliation à cette "famille littéralement explosée".

    Très éprouvés, les trois enfants ont eu des mots cinglants pour leur mère.

    Seule à prononcer le mot "maman" et à décrire des relations d'affection tissées avec l'accusée, la benjamine, née en 1999, après les trois premiers infanticides et avant les deux derniers, l'a accusée d'avoir "détruit (sa) vie".

    "Elle n'aurait jamais dû être mère", a lâché sa sœur aînée.

    "J'aime mes enfants, les trois", a assuré Sylvie Horning, qui souffre selon un expert d'un "écrasement de la fonction maternelle" liée à une enfance "saccagée".

    Benjamine d'une fratrie de sept enfants, élevée par une mère "pathogène" et un beau-père qu'elle accuse de l'avoir violée enfant, Mme Horning a partagé pendant 34 ans une relation fusionnelle avec un compagnon lui-même issu d'une fratrie de 10 enfants et orphelin de mère.

    Un compagnon, père de tous les enfants, qui avait lancé "la peine de mort pour cette femme !" en apprenant au journal télévisé la découverte de Galfingue, mais qui l'a pourtant soutenue jusqu'à son décès et l'avait même demandée en mariage en prison.

    Pour tous ses enfants, il avait appris la grossesse de sa compagne tardivement - seulement 3 heures avant la naissance pour la benjamine -, une situation qui aurait dû alerter, ont souligné plusieurs des avocats.

    La thèse du déni de grossesse a opposé les experts, le gynécologue Israël Nisand soutenant que toutes ses grossesses avaient donné lieu à des dénis, à des degrés plus ou moins graves, une analyse récusée par le psychiatre Henri Brunner.

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