Au lendemain d'une conférence de presse des huit grandes chefferies du Sud, de l’aire Drubea-Kapumë mais aussi du comité Rhéébù Nùù qui ont exprimé « beaucoup d’inquiétudes » face à la possible reprise de l’usine du Sud par la société australienne New Century Resources qui n’a « aucune compétence en hydrométallurgie » et dispose d’« une assise financière dérisoire », la province Sud « s'inquiète de l'ultimatum posé par les coutumiers du Sud à Vale ».

Dans un communiqué de presse transmis ce samedi, Sonia Backès indique que « l'ultimatum posé par les coutumiers fait peser un risque majeur sur le processus de rachat et de la sauvegarde des emplois ». « L'usine du Sud vit une période sensible puisque son actionnaire à 95 %, Vale, a décidé de quitter la Nouvelle Calédonie. Pour cela, Vale propose d’ores et déjà de verser plusieurs centaines de millions de dollars (soit plusieurs dizaines de milliards de francs), juste pour avoir le droit de laisser ses intérêts en Nouvelle-Calédonie et de partir ». Rappelant que « depuis le début de son exploitation, l’entreprise n’a jamais gagné d’argent » et qu'il est donc, de fait, « pas simple de trouver un repreneur qui investisse suffisamment pour sécuriser l’outil et les centaines d’emplois dans le Sud », la présidente de la province Sud critique le choix des coutumiers de poser comme exigence de vendre Vale « un consortium constitué par André Dang avec la SMSP et un acteur coréen. Si la province Sud reconnaît le rôle des autorités coutumières, elle s’étonne de cette intrusion dans une procédure de rachat d’une société privée, d’autant plus que l’objectif clairement affiché est d’offrir l’usine du Sud à André Dang ».

La patronne de la Maison Bleue mentionne qu'« à ce jour, la dette de la SMSP, pour pouvoir annoncer détenir 51 % de l’outil, s’élève à environ 1 000 milliards. L’exploitation de l’usine du Nord ne permettra pas dans les prochaines décennies de rembourser le capital. Le montage de l’usine du Nord fait prendre aujourd’hui à la province Nord un risque financier désastreux pour la collectivité. Le montage du Sud et les discussions en cours avec le repreneur amènent la province Sud à faire annuler la totalité de sa dette sur ses 5 % qui pourraient être amenés à monter jusqu’à 10 % sans dette ».

Sonia Backès ajoute donc que la province « fait le choix de préférer détenir réellement 10 % de la société plutôt que prendre le risque d’engager un endettement de la collectivité qui l’amènera à sa perte ». La leader du mouvement des loyalistes « demande solennellement aux coutumiers de laisser Vale finaliser sereinement les discussions avec New Century dans l’intérêt de la Nouvelle Calédonie et des salariés de Vale ». Ajoutant en conclusion que « l’exécutif de la province Sud se tient à la disposition des coutumiers pour un échange apaisé sur ce sujet qui impacte l’ensemble des Calédoniens ».

Pour rappel, les coutumiers, réunis dans une nouvelle organisation baptisée « Instance coutumière autochtone des négociations » ou Ican, ont affirmé vendredi qu'« il n’est pas question que la société australienne vienne s’installer chez nous » et « demande avec fermeté à Vale Rio d’examiner positivement l’offre N° 2, présentée par le consortium coréen-SMSP », plutôt la Sofinor, la société de financement et d’investissement de la province Nord. Car selon les coutumiers, le Pacte de développement durable du Grand Sud sur trente ans n'a pas été totalement respecté. Notamment concernant la dotation financière, chiffrée à huit milliards de francs. « Sur cette dotation, 25 % ont été consommés à ce jour. Nous exigeons qu’avant le départ de Vale du pays, le reliquat de 75 % nous soit reversé », soit 6 milliards de francs d’après l’Ican.