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    Société
  • A.T. | Crée le 23.11.2023 à 17h12 | Mis à jour le 23.11.2023 à 17h13
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    Le projet de centre a été présenté ce jeudi en présence des nombreux partenaires : gouvernement, Etat, province Sud, Sic et Aravif (Association pour la réinsertion des auteurs de violences intrafamiliales). Photo A.T.
    C’est une structure inédite sur le Caillou qui doit ouvrir ses portes en début d’année prochaine. Le centre de prise en charge des auteurs de violences intrafamiliales vise à prévenir la récidive et à leur faire prendre conscience de la gravité de leurs actes à travers un suivi personnalisé.

    Alors que la Nouvelle-Calédonie figure à la triste première place des territoires où les violences intrafamiliales sont les plus marquées, au niveau national, le Parquet l’assure : ce fléau est "la priorité des politiques pénales".

    Pour autant, ces violences sont loin de s’infléchir et devraient même "très probablement" encore bondir de 10 % d’ici la fin de l’année (par rapport à 2022). Afin d’enrayer ce phénomène, de nombreux dispositifs ont été mis en place pour tenter d’améliorer l’accueil, le suivi et l’aide aux victimes, depuis le grenelle contre les violences conjugales, impulsé en 2019.

    Favoriser l’éviction du conjoint violent du domicile

    Mais la problématique ne peut pas exclure la prise en compte des auteurs. C’est pourquoi, le gouvernement a présenté, avec ses nombreux partenaires, un nouveau projet inédit dans le pays. D’ici mars 2024, un centre de prise en charge des conjoints violents doit ouvrir ses portes. Ce placement, sur décision de justice, répond à plusieurs objectifs, à commencer par préserver la victime.

    "Cette structure vise d’abord à développer l’éviction de l’auteur du domicile pour éviter de pénaliser davantage la victime et les enfants qui, sinon, sont souvent contraints de partir de chez eux et de se rendre dans de la famille ou chez des amis, explique le procureur de la République Yves Dupas. L’autre objectif, c’est ainsi d’enclencher une prise en charge pluridisciplinaire des conjoints violents dans ce centre avec toute une équipe formée pour prévenir la récidive et pour engager une réflexion chez l’auteur : par rapport à son impulsivité, à sa relation à la famille, à sa conjointe, etc."

    Des séjours de deux à quatre mois

    Le centre prévoit dix places pour des séjours compris entre deux et quatre mois. Un suivi psychologique, un accompagnement socioprofessionnel et de santé (notamment lié aux addictions) sera proposé à l’auteur de violences, qui devra également contribuer financièrement à son placement dans ce centre, en fonction de ses revenus.

    "Symboliquement, c’est aussi une manière de les responsabiliser au sein de cette structure. C’est pourquoi nous privilégierons plutôt des personnes insérées professionnellement, précise Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement, persuadée de la pertinence de ce dispositif. Notre priorité il y a quatre ans, c’était d’aider les structures de prise en charge des victimes parce qu’il y avait encore beaucoup de choses à faire. On a donc amélioré ce volet-là avec plus de places d’hébergement, avec des formations pour faciliter le dépôt de plainte, que ce soit à l’hôpital, dans les commissariats, etc. Et maintenant, on se dit qu’il faut aussi absolument s’occuper de ces auteurs pour éviter la récidive, mais pas seulement. On se rend compte aussi que les enfants dans ces familles, qu’ils soient eux-mêmes victimes de violences ou témoins, une fois devenus adultes, retombent aussi dans ce cycle de violence. À travers ce centre, on essaie donc d’agir au plus tôt pour casser l’engrenage de la violence au sein du couple afin aussi de préserver ces enfants."

    Une alternative à la prison ?

    Un avis que partage Yves Dupas, selon qui "on ne parviendra à faire reculer les violences conjugales" qu’en multipliant le panel de dispositifs, des plus répressifs aux plus alternatifs. "

    Les incarcérations sont une réponse légitime dans un certain nombre de cas : pour les violences les plus graves, pour les récidivistes, etc. Mais il faut avancer et mettre en œuvre un traitement aussi adapté en milieu libre, avec un cadre judiciaire, des mesures de contrôle assez strictes sous la houlette du service pénitentiaire d’insertion et de probation, estime le procureur de la République, convaincu que le regard des auteurs et celui de la société doivent également évoluer : "Ces violences sont souvent commises sur fond d’alcool, mais le sujet du positionnement de l’homme face à sa compagne doit aussi être pris en compte car la société calédonienne est encore très patriarcale."

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