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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 15.11.2023 à 16h51 | Mis à jour le 15.11.2023 à 17h13
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    Le nombre d’habitants en Nouvelle-Calédonie a fait l’objet d’un débat, ces dernières semaines. Photo Nicolas Petit
    Le député Nicolas Metzdorf a déclaré le 17 octobre devant l’Assemblée nationale que la Nouvelle-Calédonie avait perdu 10 % de sa population en cinq ans. Un chiffre alarmiste selon la Fédération des fonctionnaires, qui a avancé celui encore plus étonnant de 290 000 habitants sur le Caillou. Qu’en est-il réellement ? L’Isee répond.

    À quelques mois du lancement d’un nouveau recensement en Nouvelle-Calédonie, qui sera mené en 2024 par l’Institut de la statistique et des études économiques (Isee), le nombre d’habitants sur le Caillou fait l’objet de spéculations ces dernières semaines, alimentées notamment par la Fédération des fonctionnaires. Celle-ci s’est en effet interrogée, dans une lettre adressée au président du gouvernement et publiée sur ses réseaux, au sujet de la démographie calédonienne, en réaction à la prise de parole du député de la deuxième circonscription, Nicolas Metzdorf, le 17 octobre devant les élus de l’Assemblée nationale. Qui dit vrai, d’où viennent les chiffres avancés et sont-ils exacts ? On fait le point.

    "Une perte de 10 % de notre population depuis cinq ans", selon Nicolas Metzdorf : pourquoi ce n’est pas totalement vrai

    Le 17 octobre, en séance à l’Assemblée nationale, Nicolas Metzdorf s’est adressé à la Première ministre pour lui faire part de ses inquiétudes sur la santé économique de la Nouvelle-Calédonie et les nouvelles mesures fiscales engagées par le gouvernement calédonien.

    Une prise de parole qu’il a commencée ainsi : "La situation en Nouvelle-Calédonie est catastrophique. L’incertitude institutionnelle a mené à une perte de population de 10 % depuis cinq ans." Une déclaration qui, bien qu’elle se base sur certains chiffres réels, peut être considérée comme erronée "si on n’en précise pas le cadre", fait remarquer Olivier Fagnot, directeur de l’Isee. Premièrement, en employant l’expression "depuis cinq ans", Nicolas Metzdorf laisse penser que cette perte a été constatée entre 2018 et 2023. Or, aucun recensement n’a eu lieu durant cette période. C’est bien sur des chiffres recensés entre 2014 et 2019 que le député se base dans sa prise de parole.

    Par ailleurs, les 10 % d’habitants en moins qu’il évoque font référence aux 27 600 personnes ayant quitté la Nouvelle-Calédonie entre 2014 et 2019. S’il représente bien un habitant sur dix, ce chiffre ne correspond pas à une perte sèche. En effet, durant la même période, 17 300 personnes sont arrivées sur le Caillou. Le déficit migratoire s’établissait donc à 10 300 personnes entre 2014 et 2019.

    Là encore, cela ne veut pas dire que la population de la Nouvelle-Calédonie a diminué de 10 000 habitants. Il faut en effet ajouter à cela un solde naturel (différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès) excédentaire de 13 000 personnes. Ainsi, entre 2014 et 2019, la population en Nouvelle-Calédonie a augmenté de 0,2 % pour s’établir à 271 047 habitants. Une croissance démographique toutefois nettement plus faible qu’auparavant.

    "290 303 personnes" en 2023, selon la Fédé : pourquoi c’est illusoire

    Les propos de Nicolas Metzdorf ont été jugés "fantaisistes" par la Fédération des fonctionnaires (Fédé), dans sa lettre au président Mapou le 25 octobre. Le syndicat en a profité pour faire ses propres calculs, avec une méthode singulière : "On peut avoir une vision du décompte de la quasi-totalité de la population en ajoutant les chiffres des bénéficiaires du Ruamm à ceux des aides médiales (cartes A). On arrive par ce décompte à 290 303 personnes couvertes soit 7 % de plus que celles recensées en 2019."

    Une méthode peu fiable, selon Olivier Fagnot. "Par exemple, plusieurs milliers de retraités sont encore inscrits au fichier des bénéficiaires mais ne vivent plus sur le territoire", expose le directeur de l’Isee. En outre, les personnes qui quittent le territoire ne sont pas immédiatement rayées du registre puisqu’elles disposent encore, dans de nombreux cas, de leurs droits en fonction de leur durée de cotisation.

    "On essaie d’être objectif dans nos analyses, mais on ne peut pas nier le solde migratoire négatif", poursuit Olivier Fagnot. "On s’interroge, répond Joao D’Almeida, membre du bureau élargi de la Fédé. Comment expliquer alors que le nombre de salariés déclarés à la Cafat n’a jamais été aussi élevé tout comme les impôts sur les bénéfices des sociétés ? On pose des questions et on attend des éclaircissements."

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