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    Economie
  • Joanna Jullien joanna.jullien@lnc.nc | Crée le 07.04.2021 à 14h20 | Mis à jour le 10.04.2021 à 13h21
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    L'équipe du pôle innovation de l'Adecal Technopole, dont la chargée d'affaires Aurélie Chéron (en haut à gauche), a fait le point tous les jours par visioconférence pendant ce confinement. Photo Adecal Technopole
    Présenté prochainement au Congrès, le statut de jeune entrepreneur innovant, déjà en vigueur en Métropole, permettrait aux start-up locales de pouvoir bénéficier du prêt garanti par l'État (PGE).

    Pas de démarchage physique auprès des particuliers, annulations des salons professionnels -"meilleurs canaux pour faire découvrir de nouvelles choses au public" -, les entreprises innovantes (start-up) ont elles aussi connu leur lot d'obstacles pendant ce confinement. "Dès l'année dernière, toutes celles qui tournaient autour du tourisme ont mis la clé sous la porte ou pivoté (changé, NDRL), résume César Delisles, coprésident de la French Tech NC (lire par ailleurs). Mais tous les services liés à la livraison à domicile ou au télétravail se sont largement développés."

    Démultipliée par le confinement, l'offre en ligne locale serait aujourd'hui proche de celles d'autres pays estime Christophe Carbou, le directeur du pôle innovation de l'Adecal Technopole. Créé en 2014, il a déjà accompagné plus d'une cinquantaine de projets via ses différents dispositifs (lire par ailleurs). "Si certains secteurs ont été sinistrés, les grandes plateformes numériques mondiales ont fait des bonds de croissance de deux à trois chiffres avec le télétravail." Décernés juste avant le second confinement, les prix du French Tech tremplin, qui s'adresse à ceux "qui sont loin de l'écosystème de l'innovation", ont récompensé les plateformes Pacifik Market (Lifou) et Easy Book (Koné), symboles d'une transformation des usages de tous les Calédoniens.

    Relance économique

    César Delisles alerte cependant sur le besoin de soutenir ces jeunes entreprises dynamiques, mais fragiles, qui ont dû s'adapter depuis l'année dernière. Sa société, Testeum, qui met en relation clients et entreprises, ne fait pas exception. Elle a dû "pivoter" pour survivre et s'est depuis lancée en quête de nouveaux débouchés à l'international. "Depuis 2020, les entreprises calédoniennes investissent moins sur ces sujets, il faut donc qu'on aille chercher des clients ailleurs." Frilosité des acheteurs, disparition de la commande publique et " récupération du budget par l'État" sont redoutées pour le futur des start-up. Leur accès au prêt garanti par l'État (PGE), annoncé la semaine dernière par le gouvernement (lire par ailleurs), a donc été accueilli avec soulagement.

    "Les start-up sont attendues pour la relance économique après la crise. Ce sont elles qui devraient générer le plus de création d'emplois nette, en Métropole comme en Calédonie. C'est donc important de les protéger car ce sont les plus fragiles, indique le coprésident de la French Tech NC. Ça sera une très bonne nouvelle si c'est validé au Congrès. Cela les aidera à survivre et à proposer de nouveaux apports économiques pour la société calédonienne." Il ne faut "pas oublier d'accompagner les petites pousses car ce seront potentiellement les champions de demain à l'international. On le voit sur d'autres territoires", confirme Christophe Carbou, qui souligne le message positif envoyé en 2020 par l'appel à projet gouvernemental Tech'Innov. Et la volonté d'entreprendre est bien là, même s'il n'y aura "peut-être pas de la place pour tout le monde […] Traditionnellement, nous avons une trentaine de répondants à notre appel à projets Inno21, qui tombe depuis deux ans pendant le confinement. En 2020, nous avons eu 65 candidatures. Cette année, nous en avons déjà 43."

    REPÈRES

     

    Écosystème

    "L'innovation, pour la French Tech, c'est d'avoir fait de la recherche et développement, d'avoir inventé un procédé et de trouver un marché." Labellisée par l'État, la French tech NC rassemble des start-up ou "jeunes entreprises innovantes avec un potentiel de croissance très important". Né en 2014 et hébergé à l'IRD, le pôle innovation de l'Adecal Technopole a déjà accompagné plus de 60 projets. Suivi des inventeurs et acteurs de la recherche depuis 2020 (Transfer), création d'entreprises (Incubateur NC), accompagnement d'entreprises vers l'innovation (Accélérateur), les dispositifs couvrent un large panorama. Le pôle participe aussi à l'accompagnement des entrepreneurs-étudiants avec l'UNC (Pépite NC).

    PGE

    Le Prêt garanti par l'État (PGE) permet aux entreprises d'obtenir un crédit à taux faible, jusqu'à 25 % de leur chiffre d'affaires annuel. Validé en Métropole après le premier confinement, le statut de jeune entreprise innovante permet aux start-up déjà créées en société, et n'ayant généralement pas ou peu de chiffre d'affaires, de bénéficier du PGE via un prêt équivalent à deux ans de salaires. Passé en collégialité au gouvernement, il est en attente de validation au Congrès.

    "Le confinement a ralenti notre dynamique"

     

    Les entreprises innovantes comme ici la Consigne (à droite) ont continué d'être accompagnées pendant le confinement.

    Parmi les start-up du Caillou, de nombreuses entreprises sont tournées vers le digital, mais pas uniquement. Projets sociétaux, bons pour l'environnement, dominent également sur un territoire aux contraintes géographiques fortes. Parmi eux, La Consigne. "Système de service de consigne alimentaire mutualisé" accompagné par l'Adecal depuis fin 2020, la start-up en devenir a sondé les entreprises de gamelles, et leurs clients, avant le confinement.

    Intéressés par leur idée de "remplacer des contenants jetables par des boîtes durables", dans une logique de réduction des déchets, ils pourraient en bénéficier dès le premier trimestre 2022. Lauréats de l'appel à projets de la province Sud concernant la réduction des déchets, les quatre entrepreneurs au profil différent entendent continuer sur leur lancée malgré les difficultés du confinement.

    Remise en question

    "On ne peut pas consacrer 100 % de notre temps à la création de notre entreprise car nous ne sommes pas rémunérés pour ça. Nous avons tous un métier à côté. C'était encore plus compliqué à gérer en période de confinement car il fallait par exemple s'occuper de nos enfants", explique Soizic Fleury. Consultante chargée de mission en environnement, diplômée d'une école supérieure de commerce, elle a décidé de se lancer avec une amie ergonome, avant d'intégrer deux nouveaux associés à l'équipe, soit deux ingénieurs qui avaient eu la même idée qu'elles.

    S'ils ont continué à échanger par visioconférence, "ça a ralenti notre dynamique de travail", confirme Soizic Fleury, qui anticipe les obstacles à venir. "Les banques pourraient être plus frileuses avec la Covid. Il y a aussi une remise en question au niveau de l'hygiène : ça touche à l'essence même de notre projet." Sans oublier "l'incertitude institutionnelle. Si la population devait radicalement changer dans deux ans, notre modèle ne serait plus le même."

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