- A.F.P / LNC | Crée le 23.04.2025 à 18h30 | Mis à jour le 23.04.2025 à 18h30ImprimerEmmanuel Macron s’est déplacé à La Réunion, ici à Saint-Denis, avant de poursuivre son déplacement à Madagascar. Photo : AFP / Ludovic MarinAprès la Réunion et Mayotte, Emmanuel Macron entame ce mercredi 23 avril une visite de deux jours à Madagascar, visant à renforcer les liens bilatéraux ainsi que la place de la France dans l’océan Indien, malgré des contentieux persistants hérités de la colonisation.
C’est la première visite d’un président français dans ce pays depuis Jacques Chirac en 2005. Ancienne colonie, Madagascar reste un important pays francophone de 30 millions d’habitants. Emmanuel Macron poursuit ainsi sa tournée dans l’Océan indien après une séquence à La Réunion, frappée par une épidémie de chikungunya et à Mayotte, frappé par le cyclone Chido, où il a notamment annoncé 3,2 milliards d’euros (384 milliards de francs) d’investissements publics.
Le chef de l’État, accompagné de son épouse Brigitte, est attendu à Antananarivo pour un entretien avec son homologue Andry Rajoelina, suivi de signatures d’accords et de rencontres avec des chefs d’entreprises.
En attendant, la capitale malgache a fait place nette. Les plus pauvres ont été priés d’abandonner les trottoirs et tunnels où ils vivent et les rues vidées de leurs marchands ambulants. "Quelle hypocrisie, lance Feno, étudiant de 22 ans. Marchez trois rues plus loin, et vous retomberez sur le vrai Antananarivo !"
Consolider la puissance régionale de la France
La France, confrontée à une souveraineté contestée sur plusieurs de ses territoires et aux ambitions croissantes de la Chine et de la Russie dans cette partie de l’océan Indien, entend de son côté consolider ses ambitions de puissance régionale.
Madagascar revendique les îles Éparses (Europa, Bassas da India, Juan de Nova, les Glorieuses et Tromelin) tout comme les Comores, l’archipel de Mayotte, deux territoires restés français lors de la vague d’indépendances en Afrique.
Ces deux territoires occupent une position stratégique dans le canal du Mozambique, une voie de transit majeure pour le commerce international, riche en hydrocarbures.
Vers une "cogestion" des îles Éparses ?
"Ces demandes de rétrocession, c’est un enjeu d’identité nationale, d’accès aux ressources et puis c’est un moyen de pression pour obtenir autre chose" de la France, résume Denys-Sacha Robin, spécialiste en droit international de la mer à l’université Paris-Nanterre. Les îles Éparses seront "évoquées" avec l’objectif de relancer la Commission mixte sur l’avenir de l’archipel initiée en 2019, a indiqué l’Elysée. Paris privilégie une solution de type "cogestion".
Des souverainistes malgaches souhaitent à l’inverse que le président Rajoelina profite de cette visite pour remettre la question de la rétrocession sur la table, comme celle obtenue des Britanniques par l’île Maurice pour l’archipel des Chagos en 2024.
Renfort des échanges commerciaux
La France – qui était son premier client et troisième fournisseur en 2024 – et Madagascar ambitionnent ainsi de renforcer leurs échanges commerciaux et investissements, souligne l’Elysée. Un accord devrait ainsi être signé pour l’entrée du géant de l’électricité français EDF au capital de la Compagnie générale d’hydroélectricité (CGHV) malgache, a appris l’AFP auprès d’une source proche du dossier. Avec à la clé un ambitieux projet de barrage, comprenant une retenue de 15 millions de mètres cubes, destiné à démultiplier la production d’électricité du pays.
La question mémorielle liée à la colonisation reste aussi au coeur de la relation franco-malgache. Le président Macron s’est ainsi engagé en faveur de la restitution de biens culturels. Le crâne du roi Toera, décapité en 1897 par les troupes françaises et emporté comme trophée en France, ne sera toutefois pas restitué comme prévu à l’occasion de la visite.
Des descendants du roi s’opposaient à une restitution en avril, synonyme de malheur selon les traditions locales. La famille a en outre demandé que le tombeau du roi, récemment profané, soit restauré avant d’accueillir dignement les restes humains.
Une commission sur les "violences coloniales" ?
Les Malgaches réclament aussi des gestes mémoriels plus forts de Paris. "Ce qu’on attend de cette visite, c’est la mise en place d’une commission comme celle lancée au Cameroun pour faire toute la lumière sur ce qu’on appelle les violences coloniales", relève Jeannot Rasoloarison, historien à l’université d’Antananarivo.
Le président français va plaider pour une plus grande coopération économique, sanitaire, maritime et de sécurité entre La Réunion, Mayotte et les Etats insulaires de la région. Emmanuel Macron appuiera par ailleurs jeudi en faveur de l’intégration de Mayotte, bloquée par les Comores, à la Commission de l’océan Indien (COI), à l’occasion du cinquième sommet de l’organisation intergouvernementale dans la capitale malgache.
"La France tout entière a vocation à avoir sa place dans la COI", a martelé lundi le président à Mayotte, alors que seul le département de La Réunion y est aujourd’hui représenté.
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