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    France
  • Outremers360 / Jean-Tenahe Faatau | Crée le 18.04.2025 à 10h23 | Mis à jour le 18.04.2025 à 10h23
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    Le président de la République assure que cette démarche mémorielle, "ne doit pas constituer de fracture" mais "au contraire d’être ce pont qui permet d’unir ce qui est épars". Photo :  AFP
    Alors que ce 17 avril marque le bicentenaire de l’indépendance d’Haïti, Emmanuel Macron a annoncé la création d’une "commission mixte franco-haïtienne", composée d’historiens des deux pays chargés d’examiner cette histoire commune, y compris l’impact de l’indemnité de 1825 ; imposée par le roi Charles X sur l’île, endettée auprès de la France jusqu’en 1952. Les explications de notre partenaire Outremers360°.

    " En ce jour symbolique, j’entends qu’il soit institué une commission mixte franco-haïtienne chargée d’examiner notre passé commun et d’en éclairer toutes les dimensions", a annoncé le chef de l’État dans un communiqué, ce jeudi 17 avril. La semaine dernière déjà, le gouvernement évoquait "des initiatives" en ce sens et mardi, l’Élysée précisait un travail mémoriel sur la "dette haïtienne", imposée en 1825 par le roi Charles X, alors que le pays avait arraché son indépendance à l’issue d’une expédition militaire napoléonienne infructueuse en 1804.

    "Il nous faut, ici comme ailleurs, regarder cette Histoire en face. Avec lucidité, courage et vérité. Haïti, est né d’une révolution, fidèle à l’esprit de 1789, qui affirmait avec éclat les principes universels de Liberté, d’Égalité et Fraternité. Ce combat d’Haïti, en harmonie avec les idéaux de la Révolution française, aurait dû offrir à la France et Haïti l’opportunité de faire chemin commun. Mais les forces en mouvement de la contre-révolution depuis 1814, la restauration des Bourbons et de la monarchie ont décidé autrement de l’écriture de l’Histoire", estime le chef de l’État.

    Plus d’un siècle d’endettement auprès de la France

    Emmanuel Macron pointe aussi cette dette, "lourde charge", de 150 millions de francs-or destinés aux anciens propriétaires d’esclaves, "dont le paiement allait s’étaler sur des décennies" et plomber le pays dansses capacités d’émancipation et de développement économique. "Cette décision plaçait alors un prix sur la liberté d’une jeune Nation, qui était ainsi confrontée, dès sa constitution, à la force injuste de l’Histoire" ajoute le président de la République.

    Les nouvelles autorités de Haïti acceptèrent cette dette sous la menace des canons de la flotte française et d’un blocus total, soutenu par d’autres nations occidentales.

    Incapable d’honorer cette somme, l’île est obligée d’emprunter à la France dans des montages financiers complexes et opaques. En 1838, le roi Louis-Philippe 1er ramène la dette à 90 millions mais Haïti ne finira de rembourser les intérêts qu’en 1952. "Reconnaître la vérité de l’Histoire, c’est refuser l’oubli et l’effacement. C’est aussi, pour la France, assumer sa part de vérité dans la construction de la mémoire, douloureuse pour Haïti, qui s’est initiée en 1825".

    "Vérité de l’Histoire"

    Le président de la République assure souhaiter, à travers cette démarche mémorielle, censée faire ressurgir "la vérité de l’Histoire", avec l’objectif "d’ouvrir tous les espaces de dialogue et de compréhension mutuelle".

    La commission mixte franco-haïtienne annoncée sera ainsi plus précisément chargée "d’examiner notre passé commun et d’en éclairer toutes les dimensions" en vue de proposer aux deux gouvernements des recommandations pour "construire un avenir plus apaisé".

    Composée d’historiens de France et d’Haïti, elle devra aussi "explorer deux siècles d’histoire, y compris l’impact de l’indemnité de 1825 sur Haïti, d’analyser les représentations et les mémoires croisées de cet épisode entre nos deux pays, et d’aborder les développements de la relation franco-haïtienne au XXème siècle". Elle sera co-présidée par Yves Saint-Geours et Gusti-Klara Gaillard Pourchet.

    Crise sécuritaire

    "La France est aux côtés d’Haïti face aux multiples défis du temps présent" assure encore Emmanuel Macron, alors que l’île est secouée depuis plusieurs années par une crise sécuritaire sans précédent. En juillet 2021, le président Jovenel Moïse a été assassiné dans sa résidence privée. Son successeur, l’ancien Premier ministre Ariel Henry, a dû ensuite démissionner de la présidence haïtienne sous la pression des gangs qui ont pris le contrôle de l’île, moyennant enlèvements et assassinats. En 2024, plus de 5 600 personnes ont été tuées par ces gangs et ce, malgré la mise en place d’une mission multinationale de sécurité et du Conseil de transition sous l’égide de l’ONU.

    Emmanuel Macron soutiendra "les initiatives en faveur de la sécurité – la priorité absolue à l’heure actuelle – du rétablissement de la justice et de la démocratie, de l’éducation et de la santé, mais aussi du patrimoine et de la culture. Comme la Communauté des Caraïbes et les États-Unis, la France condamne fermement toute tentative de déstabilisation des autorités de transition".

    Vers une réparation financière ?

    Interrogé ce jeudi matin sur Franceinfo, l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, avait appelé l’État à prendre la tête "d’une coalition de l’espoir". "Il faut qu’il y ait un geste. Ce geste doit d’abord être un geste de réparation mémorielle parce que cette dette a été payée par les paysans Haïtiens" a déclaré Jean-Marc Ayrault, qui estime toutefois encore trop tôt pour évoquer une réparation financière. "Cette déclaration du président de la République n’est pas la fin de l’histoire. C’est le début d’une nouvelle ère, d’une nouvelle étape."

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