- AFP avec A.T. | Crée le 11.06.2025 à 09h25 | Mis à jour le 11.06.2025 à 09h25ImprimerDe nombreuses aires marines sont soit intégralement soit fortement protégées en Nouvelle-Calédonie. Photo Anthony TejeroLa France, qui règne sur le deuxième espace maritime mondial derrière les États-Unis, est particulièrement attendue sur son exemplarité en matière de préservation des mers au moment où elle accueille à Nice le sommet des Nations unies sur les océans (Unoc). Paris s’enorgueillit de protéger 33 % de ses eaux territoriales, mais plusieurs associations environnementales dénoncent une protection "de papier". Et ces aires marines se situent principalement en Outre-mer. Un chiffre porté par les efforts menés en Nouvelle-Calédonie et dans les Terres australes.
Le réseau français de 565 aires marines protégées (AMP) couvre actuellement 33 % de ses eaux territoriales, contre moins de 2 % en 2012. La France, présente sur les trois grands océans (Atlantique, Indien et Pacifique) a réalisé ce bond grâce, en particulier, à deux des plus grandes aires au monde : la création du parc naturel de la mer de Corail en Nouvelle-Calédonie en 2014 et l’extension de la Réserve naturelle des Terres australes françaises en 2017. À eux seuls, ces deux sites représentent près de 11 % de la superficie mondiale des aires marines protégées. Sachant que la Polynésie a annoncé, il y a quelques jours, sa volonté de transformer son aire marine gérée, qui englobe l'ensemble de sa zone économique exclusive, en aire marine protégée.
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Le degré réel de protection effective de ces aires et les moyens alloués pour les faire respecter sont toutefois débattus. Du côté des scientifiques, on admet que "le terme protégé peut prêter à confusion, car toutes les AMP ne bénéficient pas du même niveau de protection", explique Florence Cayocca, directrice de recherche à l’Ifremer, dans une note d’avril.
"La cartographie des AMP en France est complexe, avec onze grandes catégories", dont les "parcs naturels marins", les "parcs nationaux", les "réserves naturelles" ou zones "Natura 2000", détaille-t-elle. Et "les objectifs de conservation de ces AMP varient également : certaines visent à protéger les habitats de fond de mer, d’autres à préserver les oiseaux ou les mammifères marins", souligne la chercheuse. Par conséquent, "certaines zones sont des réserves intégrales où toute activité humaine est interdite, tandis que d’autres permettent des usages régulés", y compris parfois de la pêche industrielle et du chalutage de fond.
Quelle différence entre protection intégrale ou forte ?
L’État s’est donc fixé comme objectif atteindre 10 % de ses eaux bénéficiant d’une "protection forte" au lieu de 1,6 % en 2021. Mais la définition française de ce statut, établie par un décret de 2022, est moins stricte que celle de référence de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Pour ce collectif d’institutions scientifiques, une aire est "intégralement" protégée si "aucune activité extractive ou destructrice (pêche électrique, chalutage de fond, etc.) n’est autorisée" et si "tous les impacts des activités non extractives (plongée avec tuba, plongée sous-marine, navigation de plaisance strictement réglementée, etc.) sont réduits au minimum". Or, dans une aire sous "protection haute", le niveau en dessous, "seules les activités extractives légères sont autorisées et les autres impacts sont réduits au maximum", permettant ainsi la production d’énergie renouvelable et une pêche très régulée ou traditionnelle. Or, seulement 2,6 % des AMP françaises – quasi exclusivement dans les territoires ultramarins – correspondent à cette protection "intégrale" ou "haute", selon la fondation américaine Marine Conservation Institute.
0,03 % de protection forte ou intégrale dans les eaux hexagonales
Dans l’Hexagone, 44 % des eaux ont au moins un statut de protection minimale, mais seules 0,03 % correspondaient à la protection "intégrale ou haute", déplorait l’UICN en 2021. Ce qui montre le poids conséquent des AMP ultramarines dans la politique de préservation des océans au niveau national.
Devant les demandes des ONG d’interdire le chalutage de fond dans toutes les AMP, le gouvernement soutient une "approche au cas par cas". "Il n’y a que 3 % des eaux maritimes françaises où il y a du chalut de fond", a déclaré vendredi 6 juin la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, en défendant les efforts accomplis pour réduire cette pression : "en Méditerranée, il y a moins de 45 chaluts de fond français", contre "600 italiens et 400 espagnols", a-t-elle pointé.
Une législation plus stricte en Nouvelle-Calédonie
Il est à noter que dans le parc naturel de la Mer de Corail, la législation diffère de celle de l'Hexagone. Pour rappel, en octobre 2023, le gouvernement calédonien a triplé les zones de "protection forte" du parc naturel de la mer de Corail (PNMC), soit 136 830 km² ou encore 10 % de sa superficie totale. Ces nouveaux sanctuaires disposent de deux statuts différents. Si, dans les réserves intégrales, toute présence et activité sont interdites (sauf dérogation), dans les espaces dits de "protection forte", la navigation n'est pas proscrite, mais il est impossible de s'arrêter et, là encore, il est par exemple impossible de pêcher. Et ce, alors que dans les eaux gérées par la France hexagonale, ces activités sont tolérées, a condition qu'elles soient régulées et/ou durables.
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