- Anthony Tejero | Crée le 19.07.2025 à 16h32 | Mis à jour le 26.07.2025 à 18h31ImprimerLes membres du conseil des jeunes de Dumbéa (qui fête ses dis ans d’existence) ont inauguré leur œuvre Racines et avenir, mercredi soir, en présence du maire Yoann Lecourieux qui s’est initié à la bombe pour y apposer le logo Dumbé’Art. Photo Anthony TejeroLe long des murs, sur les transformateurs électriques… L’art urbain n’en finit pas de fleurir dans le secteur de Koutio, à Dumbéa, "capitale du graff" devenue un véritable musée à ciel ouvert pour ses habitants. Une initiative impulsée par la ville, qui a bien résisté aux destructions et aux dégradations particulièrement nombreuses dans ce quartier depuis le 13-Mai. C’est pourquoi la mairie continue de faire appel aux artistes, grâce à des financements privés, pour soutenir le monde de la culture qui permet de "rassembler" en cette période de crise. Reportage.
"Face aux dégradations et aux tags dans les quartiers, nous avons choisi de répondre par l’art. Cette fresque n’est pas qu’un mur décoré, elle est le reflet de notre volonté d’agir concrètement pour notre commune." Du haut de leurs 18 et 23 ans, Dylan Leconte et Irina Wejieme le martèlent : "la jeunesse n’est pas un simple maillon de la société, elle en est le cœur battant". Fièrement dressés devant leur œuvre monumentale, ces porte-parole du conseil des jeunes de Dumbéa ont dévoilé à la mairie, ce mercredi 16 juillet, le résultat d’un long travail.

À travers son œuvre L’eau et l’huile, Marion Dionnet a voulu démontrer que ces deux liquides peuvent se mélanger, contrairement à certains propos politiques survenus lors des émeutes. Photo Anthony TejeroAvec le soutien du collectif Couleurs du pays, ces citoyens ont donné vie à Racines et avenir, la trente-troisième et toute dernière œuvre de Dumbé’Art. Ce parcours inédit sur le Caillou permet de cheminer, de l’avenue Antoine-Becquerel jusqu’à la médiathèque, le long de fresques hautes en couleur qui fleurissent un peu partout sur les murs et "transfo" du quartier donnant à la commune des allures de véritable musée à ciel ouvert.
Cette nouvelle proposition picturale du conseil des jeunes, visible le long de l’avenue Victor-Hugo, se veut "inspirante" et "porteuse d’un message d’espoir" pour ses créateurs : "Chaque coup de bombe est un oui au partage, un oui à la créativité et à la solidarité, insistent Dylan Leconte et Irina Wejieme. Cette action, c’est aussi une manière de protéger notre cadre de vie, de le respecter et d’en prendre soin pour les générations futures."
Des fresques épargnées lors des émeutes
Une allusion directe aux nombreuses destructions et dégradations commises dans ce secteur de la commune, qui ont pris une ampleur inédite depuis le 13-Mai. Pourtant, alors que nombre d’enseignes et d’infrastructures ont été incendiées ou pillées dans le sud de Dumbéa, l’immense majorité de ces fresques urbaines sont, elles, restées intactes. Signe que le pari de la ville de miser sur l’art urbain pour embellir ces quartiers soumis à l’urbanisation galopante, fait sens.

L’équipe d’Hanvie est très fière de présenter son œuvre Roussette qui s’empare des quatre façades de ce transformateur électrique de l’avenue Antoine-Becquerel. Photo Anthony Tejero"Ces œuvres s’en sortent bien et ont passé les différentes crises parce qu’elles sont réalisées par de vrais artistes sur des thématiques et avec des techniques différentes. C’est quelque chose dont on est tous très fiers dans la commune, estime le maire Yoann Lecourieux. Ces fresques, qui embellissent vraiment le quotidien, on les voit aussi comme un moyen pour que les gens s’approprient leur quartier afin de contribuer à ce qu’ils se créent une identité dumbéenne propre."

La fresque Mes mains sur la forêt, à l’entrée du Cise, a été réalisée par Gabrielle Ambryn. Photo Anthony TejeroDans une commune où un tiers des habitants a moins de 15 ans et où la jeunesse est parfois en mal de repères – phénomène particulièrement criant lors des émeutes - cette initiative vise aussi à capter leur attention. "Tous les outils, tous les supports sont intéressants pour amener la jeunesse à respecter son quartier et à s’intégrer dans sa ville de la meilleure façon possible, poursuit le premier édile.
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Yoann Lecourieux confie même "changer de regard" au fur et à mesure que les œuvres fleurissent dans sa commune qu’il qualifie volontiers de "capitale du graff". Je trouve que les tags sont devenus l’une des premières pollutions en Calédonie, sur l’ensemble des murs et des rues de toutes les communes. C’est dommage parce que je pense qu’on peut, grâce au graff changer de style et transformer cet art du tag en quelque chose de très agréable, très visuel et très intégré."
"Soutenir le monde de la culture en grande difficulté"
Mais encore faut-il disposer de moyens suffisants à investir dans la culture. Alors que les finances des collectivités sont exsangues depuis la crise insurrectionnelle, si Dumbé’Art vient de s’enrichir de nouvelles œuvres, c’est essentiellement grâce au soutien de partenaires privés, dont Enercal. "Depuis fin 2024, nos appels à projets sont portés par des privés divers et variés qui ont accompagné la ville et les artistes, confirme le maire, qui annonce lancer une nouvelle série de candidatures. Travailler avec ces partenaires, c’est une manière de soutenir le monde de la culture qui est en grande difficulté à l’heure actuelle."

Au total, 33 œuvres constituent l’actuel parcours de Dumbé’Art, dont Origines, du Collectif Libre comme l’Art. Photo Anthony TejeroCe n’est pas le grapheur Fly, sélectionné lors du dernier appel à projets de Dumbé’Art, qui le contredira : "Les artistes, nous avons toujours été la variable d’ajustement des budgets, notamment en temps de crise. Et ce, jusqu’au jour où on captera enfin notre utilité, en particulier dans ces périodes compliquées car notre travail, et la culture d’une manière générale, contribue à apporter du lien social et à rassembler les gens.

Fly propose Le clin d’œil de l’artiste, le long de l’avenue Victor-Hugo. Photo Anthony TejeroNote
Le parcours s’étend de l’avenue Antoine-Becquerel jusqu’à Dumbéa centre, en empruntant le parcours Serge Agathe-Nerine, le Big Up Spot, le centre aquatique régional de Dumbéa et la médiathèque. Le plan et le détail des oeuvres sont consultables sur le site de la ville.
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