Il y avait du beau monde, hier, à la vente bovine annuelle de la station zootechnique provinciale, à Port-Laguerre. S’ils n’étaient pas nombreux à avoir fait le déplacement, les acteurs en présence, sur les chaises comme dans le stockyard, avaient des noms bien connus. Patrice Courtot, pour la SCP Fayard, est reparti avec une vache charolaise de réforme née en 2014. Ghislain Santacroce, éleveur de Moindou, et très bon client de ces ventes, a lui remporté les six génisses charolaises de 2016. « Il n’y avait pas de concurrence. » Elles serviront à faire du charbrais, mélange de brahman et de charolais, résistant à la tique.

Mais c’est surtout Explosif, taureau brahman réformé de 9 ans, la mascotte de la station, qu’il aurait aimé acquérir à n’importe quel prix afin d’améliorer la génétique de ses produits.

Ne déclarant pas ses naissances, il n’entre pas dans la catégorie des sélectionneurs selon les critères de la province, et n’a donc pas pu faire monter les enchères (lire ci-contre).

Après neuf années de bons et loyaux service, Explosif, beau reproducteur blanc cendré à l’origine de plusieurs lignées, prendra donc une semi-retraite bien méritée sur l’exploitation d’Achille Cazeau. L’éleveur à Poya Sud est sélectionneur brahman pur, et producteur de foin. Un bon point pour les techniciens (lire nos repères), assurés de ne pas voir leur mascotte souffrir pendant la sécheresse. « Le sélectionneur est censé multiplier la génétique et revendre aux utilisateurs. Explosif sera dans de bonnes conditions et ne devrait pas avoir beaucoup de vaches à saillir », détaille Romain Bonnefond, directeur de la station et responsable bovins, qui a mené la vente.

Une époque qui passe

Explosif gagne ainsi un sursis de cinq ans, s’il se montre « toujours aussi fertile avec l’âge ». Sa mission ? Au moins un veau par génisse et par vache, et par an. Il sera très utile à l’éleveur qui avait besoin d’un nouveau taureau. Réjoui par le prix payé, « ça peut atteindre le million », Achille Cazeau espère avoir quinze autres mâles l’année prochaine. « Mieux vaut qu’il parte à la vente plutôt qu’à l’abattoir, ça ferait mal au cœur », souffle Adeline Lescane, responsable de la station et développement des productions animales. « C’est une époque qui passe », confirme Romain Bonnefond.

Explosif ne sera pas oublié par « les gars qui se sont occupés de lui pendant toutes ces années », et qui comptent bien lui rendre visite à Poya. Il cède sa place à Jumper, beau mâle brahman rouge de 4 ans, et égérie en devenir de la station. Celui qui rend hommage depuis peu aux génisses de Port-Laguerre a d’ailleurs déjà commencé à séduire le public lors de la Foire de Bourail, avec son caractère docile, propice aux caresses, et aux photos.