- Frédérique de Jode / L Calédonie * Le prénom a été changé | Crée le 27.04.2025 à 09h00 | Mis à jour le 27.04.2025 à 09h00ImprimerL CalédonieAvoir connu la souffrance, un drame, des violences, de la maltraitance physique ou mentale et puis faire de ses traumatismes une force. Le concept de résilience, vulgarisé par Boris Cyrulnik en France, est la capacité d'une personne, de tout âge, à surmonter psychiquement un choc pour prendre un nouveau départ. Un article de notre partenaire le magazine L Calédonie, paru en mars 2025.
La résilience, un mot qui séduit mais que l'on emploie partout depuis des années et qui s'invite désormais en économie, en écologie, en politique et qui envahit l'espace public et sociétal. Comme un nouvel impératif. Le gouvernement français a même instauré depuis 2022 la journée "Tous résilients face aux risques" afin que chaque citoyen puisse être acteur de sa propre sécurité
et contribuer à la sécurité de tous. Mais le terme de résilience n'est pas nouveau. "Il apparaît au 17e siècle dans le dernier ouvrage du philosophe anglais Francis Bacon publié en 1626. En anglais, la résilience signifie "rebondir", "se ressaisir", ou "se redresser". Le concept est emprunté à la mécanique. Il décrit la capacité d'un matériau à reprendre sa forme initiale en dégageant de l'énergie après avoir subi une déformation. En France, c'est le neuropsychiatre et psychanalyste Boris Cyrulnik qui médiatise et vulgarise au grand public le concept de résilience en 1998", précise Grégoire Thibouville, psychologue clinicien. Le mot résilience fait référence aux capacités, aux compétences trouvées-créées par les sujets pour faire face et/ou surmonter des situations extrêmes comme des événements de vie traumatiques tels des agressions, des viols, des accidents, des maladies, un handicaps, un deuil, mais aussi des carences affectives graves, et également une grande précarité psychosociale. "En psychologie, on identifie quatre types de résilience : personnelle, communautaire, organisationnelle et sociale", indique Grégoire Thibouville.
Ne pas faire avec mais faire de...
"J'habitais depuis des années dans un quartier de Nouméa qui a subi de terribles exactions lors des émeutes de mai. Un soir, ma maison, qui juxtaposait une habitation en feu, a été incendiée en partie également, raconte Barbara *. Les pompiers m'ont donné l'ordre d'évacuer en pleine nuit, avec quelques affaires, en me disant que c'était trop dangereux et que je devais abandonner ma maison. Je me suis retrouvée dans la rue, devant ma maison envahie de plus en plus par les flammes, sonnée par la situation. Et puis, mes voisins ont eu cette solidarité envers moi et ils ont sauvé ma maison. J'ai été traumatisée à tel point que je ne parvenais plus à dormir chez moi car je me sentais en insécurité et j'ai dû à un moment me réfugier chez des amis, pour souffler et surmonter cette épreuve." Barbara, qui vit désormais chez sa fille, a dû se faire aider pour surmonter cette épreuve qui l'a fortement impactée.
Photo L Calédonie"J'ai ressenti un mélange de tristesse et de colère. Mais quoi qu'il en soit, il faut avancer et retrouver la volonté de s'en sortir", appuie Barbara. "Le processus de résilience est propre à chacun mais nous pouvons identifier plusieurs étapes comme la révolte, le déni et le défi. La résilience, ce n'est pas " faire avec " mais " faire de… " pour dépasser l'épreuve de vie et en sortir le plus grandi possible", souligne notre spécialiste. Mais quel est le processus qui nous permet de dépasser le trauma, d'être dans une forme de reconstruction et de rebondir ? "C'est le soutien social qui est fondamental dans le parcours de guérison d'un individu ayant vécu un traumatisme. C'est important d'avoir un environnement bienveillant et soutenant qui contribue grandement à la reconstruction psychique et émotionnelle et de construire une bonne image de soi. Rebondir, c'est aussi prendre du recul, donner du sens à l'épreuve traversée, tendre vers une dynamique optimiste", poursuit Grégoire Thibouville. Et d'ajouter : "Cependant, dans certains cas où le patient s'enlise, il est parfois nécessaire de consulter un psychologue pour se faire accompagner dans son travail de reconstruction". Seul ou seule, il n'y pas de résilience possible.
Sept piliers
La psychologue allemande Ursula Nuberen, faisant des recherches sur la résilience, a identifié sept piliers:
- Accepter l'immuable. Accepter les choses que l'on ne peut pas influencer constitue un premier pas vers la résilience. C'est la seule façon de laisser le passé derrière soi et d'ouvrir un nouveau chapitre.
- Optimismus. Les situations et les défis les plus complexes recèlent bien souvent le plus grand potentiel pour rebondir. Adopter une attitude réaliste et positive ouvre la porte à un nouveau départ.
- Ne plus se voir comme une victime. Les situations difficiles déclenchent de nombreux sentiments négatifs. C'est en leur accordant de la place, sans pour autant s'apitoyer sur son sort, que l'on progresse le plus rapidement. Compatir envers soi-même plutôt que s'apitoyer aide à se reprendre en main.
- Rechercher des solutions. Se fixer des objectifs clairs permet de s'ouvrir à un nouveau chemin au lieu d'être enchaîné au passé. Les personnes résilientes se concentrent sur les solutions et non sur les problèmes.
- Assumer ses responsabilités. Quels sont mes points forts ? Qu'est-ce que je peux faire ? Se faire aider par un spécialiste ou
échanger avec ses proches est le meilleur moyen de découvrir les possibilités permettant d'évoluer. Se sentir responsable, c'est être capable d'agir.
- S'appuyer sur ses relations et ses réseaux. Un réseau social sur lequel vous pouvez compter dans les moments difficiles joue un rôle important pour la santé mentale. Voisinage, partenaire, amis, collègues de travail ou famille : entretenir ses relations s'avère essentiel.
- Planifier l'avenir. Même si nous ne pouvons pas tout contrôler dans la vie, il est possible d'œuvrer activement pour un avenir meilleur. Pour cela, il est utile d'analyser clairement ses souhaits, ses valeurs et ses aptitudes.
UNE MAGAZINE L CALEDONIE N°4 - MARS 2025 Photo L CALEDONIE - Photo Marc Le ChelardNote
Retrouvez le numéro 4 du magazine L Calédonie, paru en mars 2025, dans de nombreux points de vente, et sur la page Facebook L Calédonie magazine.
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