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  • Glenn CHAPMAN / AFP | Crée le 09.10.2023 à 21h33 | Mis à jour le 09.10.2023 à 22h34
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    La société Flannery Associates a déclaré avoir déjà acquis plus de 20 200 hectares de terres entre San Francisco et Sacramento, pour son projet "California Forever" ("Californie pour toujours"). Photo Josh EDELSON / AFP
    Des personnalités de la Silicon Valley ont discrètement entrepris de racheter des terres agricoles proches de la baie de San Francisco pour les transformer en une mystérieuse ville utopique, au grand dam d’habitants de la région.

    En août, le New York Times a révélé l’identité d’un acheteur qui rafle depuis plusieurs années des parcelles de terre dans l’arrière-pays situé entre San Francisco et Sacramento, la capitale de l’État de Californie.

    Il s’agit d’une société baptisée Flannery Associates, créée par Jan Sramek, un ancien banquier qui a fondé une entreprise de formation continue.

    L’organisation a récemment déclaré sur son site web avoir acquis plus de 20 200 hectares de terrains pour son projet "California Forever" ("Californie pour toujours"), avec des bailleurs de fonds tels que Reid Hoffman, cofondateur de LinkedIn, Laurene Powell Jobs, veuve de Steve Jobs, et Marc Andreessen, investisseur star de la tech.

    Plus de 90 milliards déjà investis

    Selon des documents judiciaires, les magnats de la technologie ont déjà déboursé plus de 800 millions de dollars (plus de 90 milliards de francs CFP) pour concrétiser leur vision d’une ville au milieu de nulle part.

    "Cela ne s’est pas décidé à Burning Man (un festival à l’idéologie utopiste) en prenant des champignons hallucinogènes", estime John Sweeney, un propriétaire du comté de Solano, désormais cerné par des terres achetées par Flannery.

    Selon plusieurs habitants, l’entreprise a commencé à acheter des terrains dans ce comté, entre la ville de Fairfield et la base aérienne de Travis, il y a environ cinq ans.

    "Stratagèmes"

    Cassandra Dana se souvient avoir reçu sa première offre non sollicitée de Flannery pour acheter son ranch en 2018. Ils n’ont pas cessé de l’appeler depuis. "Maintenant, quand ils appellent et qu’ils me donnent leur identité, je raccroche immédiatement", raconte-t-elle. "Ils se sont même adressés à ma fille aînée et lui ont demandé… de vendre sans mon accord".

    M. Sweeney a lui été contacté il y a cinq ans par un groupe prétendument intéressé par sa propriété, afin de la préserver pour l’agriculture.


    Le projet a fait surface pour la première fois lorsqu’un mystérieux acheteur a commencé à engloutir des parcelles de terrain dans cet arrière-pays rural. Photo Josh EDELSON / AFP

    D’après lui, les habitants de cette communauté très unie ont été la cible de "toutes sortes de stratagèmes. C’était assez fourbe en général".

    Futur "foyer de l’agriculture"

    Selon le site web du projet, la nouvelle ville sera "le foyer de l’agriculture et des industries d’énergie verte qui nourrissent et alimentent durablement notre État, un lieu de vie idéal pour la classe moyenne et la base aérienne la plus active de notre pays".

    Elle "comprendra une variété d’utilisations des terres : une nouvelle ville, mais aussi des fermes solaires et des espaces ouverts, comprenant à la fois l’agriculture et la protection du milieu naturel".

    Mais la route de l’utopie est pavée d’embûches.

    Flannery a déposé plainte contre certains propriétaires fonciers devant un tribunal fédéral, les accusant de s’être ligués contre elle pour obtenir des prix plus élevés à la vente. La société réclame un demi-milliard de dollars.

    "A les entendre, on dirait qu’il y a eu de grandes réunions pour décider comment arnaquer Flannery", remarque M. Sweeney. "Eh bien, non. Tout le monde savait simplement que si on attendait plus longtemps, on obtiendrait plus d’argent. C’est logique".

    "Ce projet de ville me brise le cœur"

    La maire de Fairfield, Catherine Moy, assure n’avoir appris qu’il y a quelques semaines l’existence de cette campagne d’acquisition de terres. "Nous essayons de comprendre ce qui se passe", a-t-elle indiqué. Flannery a acheté des terres autour de la base aérienne, qui sert notamment à transporter du matériel vers l’Ukraine et d’autres régions du monde, selon l’élue. "À ce stade, je m’y oppose. Tout ce qui menace la base aérienne de Travis menace ma ville et le pays".

    Pour l’instant, ces terres sont occupées par du bétail, des éoliennes, des agriculteurs et des éleveurs qui cohabitent depuis longtemps en harmonie avec la base, souligne-t-elle.

    "Ce projet de ville me brise le cœur parce qu’il va ruiner toute notre zone rurale, toutes ces magnifiques étendues de terre", reprend Cassandra Dana en s’occupant d’un petit troupeau de chèvres.

    Un San Francisco moderne ?

    Mme Moy a écrit une lettre au gouverneur de l’État, Gavin Newsom, pour lui faire part de ses inquiétudes. La semaine dernière, M. Newsom a déclaré que le projet l’avait également surpris et qu’il souhaitait en savoir plus.

    Le site web du projet ne donne pas de détails pratiques, comme l’approvisionnement en eau nécessaire à la construction de la nouvelle ville.

    Ce projet "transformerait la campagne en un San Francisco moderne, j’imagine", se moque John Sweeney.

    Flannery a refusé pour l’instant toute demande d’interview.

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