- Louis Genot / AFP | Crée le 28.05.2018 à 04h25 | Mis à jour le 28.05.2018 à 08h41ImprimerD’immenses files de véhicules sont bloquées sur les principaux axes routiers. Photo AFPSOCIAL. Le mouvement de grève des transporteurs routiers continuait de paralyserle Brésil samedi, malgré l’appel du gouvernement à l’armée pour dégager les routes et celui d’un des principaux syndicats à lever les barrages.
Vendredi soir, peu après l’annonce du président Michel Temer du recours aux « forces de sécurité fédérales », les militaires ont commencé à escorter des camions-citernes pour qu’ils aient accès aux raffineries, notamment celle de Duque de Caxias, près de Rio de Janeiro. Le ministère de la Défense a indiqué samedi matin que 132 des 519 barrages recensés vendredi avaient déjà été levés. Mais au sixième jour de cette grève contre la hausse des prix du diesel, les effets n’étaient toujours pas visibles pour la population.
Le syndicat des distributeurs d’essence de Sao Paulo (Sindipetro) a indiqué que 99 % des stations-service de la capitale économique du Brésil n’avaient plus de carburant et que la situation prendrait « cinq à sept jours » pour revenir à la normale une fois que la grève serait terminée.
« Négociations terminées »
Dans son éditorial de samedi, le journal Estado De Sao Paulo a pointé du doigt « l’irresponsabilité généralisée », tant des grévistes que du gouvernement, qui a agi avec une « lenteur excessive ».
A moins de cinq mois de la présidentielle d’octobre, le peu de crédibilité qui restait à l’impopulaire gouvernement de centre droit a été considérablement entamé. Vendredi, le président Michel Temer avait justifié sa décision de faire appel à l’armée en expliquant qu’une « minorité radicale » restait mobilisée en dépit d’un accord signé la veille avec plusieurs syndicats pour une « trêve de 15 jours » après la promesse de la réduction d’un impôt sur le diesel.
« Les négociations sont terminées, maintenant, nous attendons que les termes de l’accord soient respectés », a souligné le chef du gouvernement Eliseu Padilha.
Le juge de la Cour suprême Alexandre Moraes a rendu vendredi soir une décision autorisant l’usage de la force par les autorités, justifiée par « un abus de l’exercice du droit de grève en raison de l’obstruction des voies publiques ». Après l’annonce du président Temer, l’Association brésilienne des camionneurs (Abcam), qui revendique 600 000 routiers indépendants, s’est dite « inquiète de la sécurité des chauffeurs » et a demandé dans un communiqué « que les manifestations se poursuivent de façon pacifique, sans obstruer les voies ».
Vendredi, plusieurs leaders syndicaux ont critiqué la décision du gouvernement d’employer l’armée « comme instrument de répression », qui revient, selon eux, à « tenter d’éteindre l’incendie avec de l’essence ». Amnesty International a considéré cette décision « inadmissible » indiquant que le rôle de l’armée n’était pas de « mettre un terme à des manifestations ou des grèves ».
Pénurie en tout genre à Sao Paulo
Pénuries alimentaires, flambée des prix, files d’attente interminables aux stations-essence, les habitants de Sao Paulo, capitale économique du Brésil, sont touchés de plein fouet par la grève des transporteurs. Le maire a même décrété l’état d’urgence afin de pouvoir réquisitionner du combustible.
Comme dans de nombreuses villes du pays, les produits frais se font de plus en plus rares dans les supermarchés. Et quand les consommateurs y ont accès, les prix passent parfois du simple au double.
A Jardim Paulista, un quartier du centre de la mégalopole, le vendeur d’un marché craint de ne plus rien avoir à vendre dans les prochains jours. Selon lui, au marché de gros qui lui fournit ses marchandises, un grand sac de pommes de terres, auparavant vendu 50 réais (près de 2 400 francs), se négocie autour de 100 réais.
Humour
Mais les pénuries ne touchent pas que la nourriture. Dans certains quartiers, les petits commerces n’ont plus de bonbonnes de gaz, utilisées par de nombreux Brésiliens pour cuisiner.
La crise de ravitaillement a également provoqué la prolifération d’un nouveau type de marché noir. Devant une station-service fermée car totalement à sec, un pompiste aborde les automobilistes. « J’ai un bidon de côté si tu veux ». Dans les rares stations qui proposent encore un peu d’essence, les files d’attentes gigantesques rappellent des scènes de films d’apocalypse d’Hollywood.
Le meilleur moyen de se déplacer reste le métro, mais de nombreuses zones de cette mégalopole de 12 millions d’habitants ne sont pas desservies et les services de bus ont été réduits.
Heureusement, les Brésiliens ne manquent jamais d’humour, quelle que soit la situation. Les réseaux sociaux sont truffés d’images désopilantes, comme celle de policiers poussant leurs voitures ou d’un chariot tiré par des ânes censé remplacer les camions.
Repères
Etat d’urgence
Le maire de Sao Paulo a décrété vendredi l’état d’urgence, permettant notamment de réquisitionner du combustible, au cinquième jour d’une grève des transporteurs routiers qui cause des problèmes d’approvisionnement majeurs.
Le trafic aérien perturbé
La situation de certains aéroports est critique, notamment à Brasilia, où les réserves de kérosène sont épuisées depuis vendredi. Samedi, la société Inframérica, qui gère le terminal de la capitale brésilienne, a indiqué qu’au moins 40 vols avaient été annulés. Une dizaine d’autres aéroports étaient à sec dans le pays, y compris celui de Recife.
Le prix du diesel
Les actions du Brésilien Petrobras ont chuté de plus de 10 % à la Bourse de Sao Paulo, après la décision du groupe pétrolier d'Etat de réduire de 10 % le prix du diesel pendant quinze jours en réponse à une grève nationale des routiers. Les prix du diesel au Brésil ont fortement augmenté récemment en raison de la hausse du cours du pétrole et d'une nouvelle politique de tarifs.
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