fbpx
    Monde
  • Jacques Lemieux/AFP | Crée le 16.10.2018 à 05h55 | Mis à jour le 16.10.2018 à 08h57
    Imprimer
    Près de 5 millions de Canadiens (16 % de la population) ont consommé 773 tonnes de cannabis en 2017, dont une infime partie à des fins thérapeutiques. Photo AFP
    CANADA. A partir de demain, l’usage récréatif du cannabis sera légal. Créations d’emplois, euphorie boursière, produits dérivés : une industrie florissante devrait voir le jour.

    Sans attendre l’entrée en vigueur de la légalisation, les marchés boursiers planent depuis un an : les titres des principaux producteurs canadiens de cannabis ont enregistré des valorisations quintuplées et des capitalisations frôlant ou franchissant les 10 milliards de dollars en Bourse.

    Forts du savoir-faire qu’ils ont acquis depuis la légalisation du cannabis à usage thérapeutique en 2001 au Canada, les producteurs, comme Aurora ou Aphria, profitent de l’ouverture de ce marché dans plusieurs pays d’Europe, voire aux Etats-Unis dans le cadre d’essais cliniques. Avec à la clé, peut-être, la naissance du futur géant mondial du secteur.

    Leurs actions sont également dopées par l’intérêt que portent pour le cannabis les vendeurs de boissons alcoolisées et les laboratoires pharmaceutiques. Constellation Brands, distributeur nord-américain des bières Modelo et Corona, a investi quelque 5 milliards de dollars canadiens (3,3 milliards d’euros) dans Canopy Growth, contre 38 % de son capital.

    « Canatourisme »

    Et Coca-Cola étudie « de près » l’utilisation croissante dans le monde du cannabidol (CBD), la molécule relaxante non-psychoactive du cannabis, comme ingrédient dans certaines boissons.

    Sans oublier une manne touristique de plusieurs milliards de dollars qu’entrevoient d’autres experts, comme John-Kurt Pliniussen, professeur de marketing à l’université Queen’s en Ontario, citant l’exemple d’Amsterdam ou des Etats américains ayant dépénalisé ou légalisé le cannabis à usage récréatif.

    « La même chose peut arriver au Canada, parce que l’une des choses qui jouent en notre faveur et qu’aucun autre pays dans le monde n’a, c’est le nom de notre pays, Canada s’épelle presque comme cannabis, et vous pourriez donc avoir du canatourisme. Donc d’un point de vue marketing, ça s’y prête très bien », explique-t-il.

    Produits dérivés

    D’autres secteurs pourraient en profiter. Josh Lyon est vice-président de la société Tokyo Smoke à Toronto (Ontario). Ses cafés promeuvent un « art de vivre » associé à la marijuana en vendant tout le nécessaire pour consommer (pipes, machines à infuser, etc), sauf l’herbe, pour l’instant.

    Avec son marketing léché, la société canadienne, créée il y a trois ans, vient d’être vendue il y a un mois 500 millions de dollars au géant Canopy Growth. Très rapidement, l’essentiel de la croissance du marché sera assuré par les produits dérivés (pâtisseries, boissons, chocolats, etc), qui seront légalisés en 2019, prédisent les analystes.

    Le cannabis va cependant « artificiellement doper » l’économie en fin d’année et au début de l’an prochain, concède la banque TD, qui a revu à la hausse, à 2,9 % au lieu 2 % initialement, la croissance du PIB au quatrième trimestre. Car les dépenses liées à la consommation de cannabis restent marginales par rapport à l’économie canadienne, qui avoisine les 2 000 milliards de dollars.

     

    Une légalisation encore rare dans le monde

    En 2016, les Nations unies ont appelé les États à « réexaminer leurs politiques et leurs pratiques » en matière de cannabis, après des décennies de répression. Photo AFP

     

    Le Canada deviendra le 17 octobre le deuxième pays au monde à légaliser le cannabis récréatif, cinq ans après l’Uruguay. Il rejoint les quelques pays les plus libéraux en ce domaine.

    L’Uruguay est devenu en décembre 2013 le premier pays au monde à légaliser la production, la distribution et la consommation du cannabis.

    Trois modes d’accès sont possibles : culture à domicile pour consommation personnelle, appartenance à un club cannabique ou achat en pharmacie. L’achat est nominatif, limité à 40 grammes mensuels par usager, à 1,30 dollar le gramme. Le gouvernement a sélectionné deux entreprises privées, chargées de la production et de la distribution. Plusieurs autres pays latino-américains ont légalisé l’usage thérapeutique : Chili, Colombie, Argentine, Mexique et Pérou.

    Usage thérapeutique

    Aux Etats-Unis, la loi fédérale interdit la culture, la vente et l’utilisation de la marijuana. La consommation récréative a néanmoins été légalisée dans huit Etats et dans la capitale Washington.

    Aux Pays-Bas, la possession, la consommation et la vente de moins de cinq grammes de cannabis, dans les « coffee-shops », sont tolérées depuis 1976, de même que la production de moins de cinq plants.

    En Espagne, la loi tolère la consommation et la culture dans un cadre privé, non lucratif et entre adultes.

    Plusieurs pays européens ont légalisé le cannabis thérapeutique, comme l’Allemagne, l’Autriche, la Grande-Bretagne (au 1er novembre), la Finlande, l’Italie, la Grèce, la Roumanie, la Slovénie, la Croatie, la Pologne, la Macédoine et la Lituanie.

    La Géorgie a aboli les amendes pour consommation personnelle, tout comme en République tchèque ou au Portugal. En France, deux médicaments dérivés du cannabis, le Marinol et l’Epidiolex, disposent d’une autorisation temporaire d’utilisation.

    Repères

    Pas partout

    L’usage récréatif du cannabis devient légal au Canada le 17 octobre et, à l’approche de cette date, institutions, propriétaires d’immeubles, écoles… ont commencé à prendre des mesures pour faire en sorte que les amateurs de marijuana ne puissent en fumer dans leurs locaux. Au Canada, outre les lieux publics, fumer est interdit à moins de neuf mètres des entrées de bars ou de restaurants, des immeubles d’habitation et de bureaux et dans certains parcs publics.

    Cerveau en vrac

    La légalisation du cannabis récréatif vise à assécher le marché illégal et à contrôler la qualité des produits. Mais elle suscite de vives inquiétudes, notamment sur la santé des jeunes et la sécurité routière. Risques pour la santé mentale des adolescents, impréparation de la police, règlementations variant d’une province à l’autre : les opposants, dont de nombreux médecins, craignent une flambée de la consommation et son cortège de conséquences néfastes. « On sait que le cerveau est encore en phase de développement jusqu’à 25 ans », insiste un spécialiste. Sans parler de l’effet synergique entre cannabis et l’alcool, souvent associés.

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS