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  • AFP | Crée le 18.05.2018 à 04h25 | Mis à jour le 18.05.2018 à 07h12
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    Reina Rojas, une femme au foyer de 50 ans, reçoit une aide alimentaire du gouvernement : trois kilos de riz, trois paquets de spaghettis et de l’huile pour six semaines. Impossible de vivre avec si peu. Photo AFP
    ÉCONOMIE. Alors qu’une élection présidentielle anticipée, jugée illégale par l’opposition, est organisée dimanche, les Vénézuéliens usent du système D pour survivre au jour le jour.

    Sur une avenue de Maracaïbo, deuxième ville du pays et cœur battant de l’industrie pétrolière, les bus ne circulent plus, faute de pièces détachées : à la place, les passagers se pressent dans un petit train touristique qui joue les transporteurs.

    Problèmes de transports, coupures d’électricité, heures d’attente devant les supermarchés, insécurité croissante : dans un pays ruiné par la chute des cours du brut, les Vénézuéliens, toutes classes confondues, souffrent chaque jour des conséquences de l’interminable crise économique.

     

    Manger du poulet

    Víctor Colina, 52 ans conduit le fameux petit train. Avant la crise, ce technicien qui réparait frigos et machines à laver, pesait 110 kg. « Je vais voir comment je m’en sors en travaillant avec », dit celui qui ne pèse plus que 58 kg.

    Une vingtaine de personnes sont montées à bord de l’unique voiture du train. Les deux autres sont immobilisées car les pneus sont introuvables. Maria Rangel, employée de banque de 40 ans, fait partie des passagers. « Le petit train, c’est ce qu’il y a de plus décent en comparaison avec les camions où l’on voyage comme des ânes ou des vaches », juge-t-elle.

    Victor, à ses côtés, estime avoir le pouvoir de changer les choses grâce à son vote à la présidentielle de dimanche. « Ce gouvernement nous a ruiné la vie à tous. Que (les candidats) soient chavistes ou de l’opposition, il faut aller voter pour chasser » ceux qui sont au pouvoir.

    Depuis sa modeste ferme, dans une zone rurale de Maracaïbo, Rodoldo Graterol peut voir le mouvement de balancier d’un puits de pétrole, découvert dans cette zone il y a un siècle. « On a du pétrole, mais ça ne veut rien dire pour nous », raconte cet homme de 29 ans.

    Ce même sentiment de privation se retrouve à Caracas, de bas en haut de l’échelle sociale. Alida Huzz, modeste vendeuse qui vit dans une favela, rêve de manger un plat complet. « Ça fait longtemps que j’ai envie de poulet avec du riz et des pommes de terre. J’ai le riz et les pommes de terre, mais pas de poulet. Tu travailles et tu travailles, pour rien. Avant, tu pouvais manger ce que tu voulais, plus maintenant. » Comme Alina, sa voisine, Reina Rojas, femme au foyer de 50 ans, reçoit du gouvernement toutes les six semaines une caisse d’aliments à prix subventionnés, mais la variété n’est pas au rendez-vous.

    « Il n’y a que trois kilos de riz, trois paquets de spaghettis et de l’huile. Qui peut vivre avec ça ? », se plaint Reina qui ira voter dimanche pour sortir de « ce cauchemar ».

     

    Tous touchés

    Federico Pereney, journaliste de 41 ans, a quitté son travail en septembre en réalisant que son salaire mensuel venait de partir dans une pizza qu’il partageait avec sa petite amie.

    Il est désormais à son compte et peine toujours à joindre les deux bouts avec ce qu’il gagne et le salaire de sa compagne. Le couple n’a plus les moyens de réparer l’air conditionné de la voiture, ni d’acheter de nouveaux vêtements. Ils font plutôt repriser les vieux.

    Dans les quartiers cossus de l’est de la capitale, Corina Sosa vit dans une vaste demeure entourée d’œuvres d’art et de personnel de maison. « Avant, on pouvait réunir des amis, sortir, voyager désormais, on s’en tient à acheter de quoi manger et payer les salaires des employés », confie-t-elle. A l’extérieur, plusieurs 4X4 sont immobilisés, faute de pièces de rechange. « Demander une bouteille de whisky dans un restaurant, c’est impossible » désormais, se lamente son fils Pedro, 28 ans, avocat.

     

    Les différents scénarios de la présidentielle, dimanche

    Nicolas Maduro, président sortant, est le grand favori du scrutin présidentiel dimanche, mais une victoire surprise de son adversaire, Henri Falcon, n’est pas à exclure. L’élection se déroule sous l’œil méfiant d’une grande partie de la communauté internationale, qui a prévenu qu’elle ne reconnaîtrait pas les résultats, estimant comme l’opposition que le scrutin n’est ni libre ni transparent.

    Si Maduro est réélu avec une abstention forte - le scénario le plus probable, compte tenu de la lassitude de l’électorat et de l’appel au boycott de la grande coalition d’opposition, la Plateforme de l’unité démocratique (MUD) - de nouvelles sanctions viendront, non seulement des Etats-Unis contre le secteur pétrolier, mais aussi de l’Union européenne et de pays latino-américains. Ce qui aggraverait le naufrage économique du pays.

    Sanctions ou aides

    Si Henri Falcon dénonce des fraudes électorales, ce qui ne fait aucun doute selon tous les analystes, la communauté internationale pourrait être plus sévère avec des sanctions contre de hauts fonctionnaires, voire leurs familles, le gel de biens, un embargo financier.

    Si Falcon gagne et que sa victoire est reconnue - ce qui est peu probable, sauf si la population vote massivement et que le troisième candidat, le pasteur évangélique Javier Bertucci, se retire pour lui dégager la voie, le pays entrerait rapidement dans un processus de transition politique et économique.

    La crainte de sanctions chez les chavistes pourrait faire pression pour une reconnaissance de la victoire de Falcon. Et la communauté internationale soutiendrait une négociation de tous les secteurs politiques pour permettre un gouvernement de transition.

    A l’inverse, la MUD sortirait perdante après avoir « misé sur l’abstention ».

     

    Repères

    Hausse des prix

    En avril, les prix ont augmenté de 80,1 % et de 897,2 % en cumulé pour les quatre premiers mois de 2018. L'inflation annualisée a explosé à 13 779 %.

    Le 1er mai, le gouvernement a annoncé un doublement du salaire minimum - la troisième hausse depuis janvier - qui s'établit désormais à 2,56 millions de bolivars, soit 37 dollars (3 746 francs) au change officiel, et 3,20 dollars (324 francs) au marché noir.

    Quitter le pays

    Environ un million de Vénézuéliens sont entrés en Colombie, depuis mi-2017, pour fuir la crise dans leur pays, a indiqué mercredi un responsable de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). Environ 37 000 personnes passent chaque jour la frontière.

    Les entreprises s’en vont

    Le gouvernement vénézuélien a pris le contrôle, mardi, de la filiale locale du fabricant de céréales Kellogg, après que le groupe américain a cessé ses activités du fait de la crise économique. Kellogg a fermé les portes de son usine de Maracay, après cinquante-sept ans de présence dans le pays. D’autres, comme Coca-Cola et Colgate, ont temporairement suspendu ou réduit leurs activités.

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