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  • Anthony Tejero | Crée le 04.10.2023 à 22h06 | Mis à jour le 05.10.2023 à 11h02
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    L’ISD de la plaine des Gaïacs, à Pouembout, est gérée par le Sivom VKP, syndicat dirigé par Arnaud Banfi. Photo Anthony Tejero
    Annoncée de longue date, l’Installation de stockage des déchets non dangereux (ISD) de la zone Voh, Koné, Pouembout, Poya (VKPP) sera opérationnelle à partir du lundi 9 octobre. Contrairement aux dépotoirs, cette infrastructure devrait réduire drastiquement les risques de pollution et les impacts de l’enfouissement des ordures sur l’environnement.

    Qu’est-ce qu’une ISD ?

    L’installation de stockage des déchets non dangereux (dite ISD ou ISDND) permet d’enfouir dans la terre les ordures ménagères en respectant les normes environnementales et sanitaires en vigueur, c’est-à-dire en réduisant au maximum les risques de diffusion de polluants dans le milieu naturel (cours d’eau, air, sols et écosystèmes). Au contraire d’un dépotoir, un tel équipement vise donc à absorber d’importantes quantités de déchets sans impact significatif sur l’environnement.

    Quand cette nouvelle infrastructure sera-t-elle opérationnelle ?

    Après un an de travaux, le chantier de l’ISD de la zone VKPP, situé dans la plaine des Gaïacs, au sud de Pouembout, touche désormais à sa fin. L’installation doit ainsi ouvrir à compter du lundi 9 octobre.

    À qui s’adresse l’ISD ?

    L’installation bénéficiera à l’ensemble de la population de Voh, Koné, Pouembout et Poya. Pour autant, cela ne changera en rien leur quotidien. Autrement dit, l’ISD ne sera ouvert qu’aux professionnels. Seuls les camions dédiés à la collecte en porte-à-porte des ordures ménagères seront habilités à rentrer sur le site afin d’y déverser ces déchets. Les industriels miniers du secteur, dont KNS et la SLN, auront également accès à l’infrastructure, ce qui ne les obligera plus à acheminer leurs ordures jusqu’à l’ISD de Gadji, à Païta. Le traitement de ces déchets sera facturé en fonction du volume déversé. Enfin, l’ISD pourra absorber ponctuellement certains déchets lors de gros chantiers dans la région.


    Le premier casier construit a une contenance de 148 000 mètres cubes de déchets, ce qui devrait lui permettre d’être opérationnel durant huit ans. Photo Anthony Tejero

    Où doivent se rendre les particuliers ?

    Les particuliers et les entreprises qui ont besoin de se débarrasser de leurs ordures ménagères non dangereuses peuvent toujours se rendre dans les dépotoirs communaux. Du moins tant qu’ils existent encore. Car la prochaine étape du projet est de lancer la construction de deux nouvelles déchèteries d’ici la fin de l’année : une dans la zone industrielle de Vavouto, pour les habitants de Voh ; l’autre dans le secteur de Païamboué, pour les habitants de Koné et de Pouembout.

    Pourquoi remplacer les dépotoirs par des déchèteries ?

    Les deux futures déchèteries devraient être opérationnelles d’ici la fin 2024. Dans le jargon, on parle de "centre de tri et de transfert". Le tri, qui pour l’heure ne concerne que les filières réglementées, dont les huiles, les piles et les batteries, doit progressivement y être étendu. Il y aura notamment des bennes destinées aux canettes, aux déchets inertes ou encore aux encombrants. Les collectivités ne prévoient pas encore de mettre en place une filière pour traiter le plastique ou le carton comme c’est le cas à Nouméa.

    Les bennes dédiées aux ordures ménagères seront quant à elles acheminées et vidées à l’ISD de la plaine des Gaïacs.

    Combien de temps devrait durer l’ISD ?

    L’installation a été dimensionnée afin d’accueillir un volume de 448 millions de mètres cubes de déchets, soit pour une période estimée à 25 ans. Pour l’heure, seul un premier casier a été conçu (pour une durée de 8 ans), mais le terrain doit, à terme, en accueillir trois.

    Quel est le coût de l’opération ?

    L’ISD a été conçue pour un montant avoisinant 1,3 milliard de francs. Une enveloppe à 80 % financée grâce aux contrats de développement (soit à hauteur de 60 % pour l’État et 40 % pour la province Nord). Le gouvernement et les communes ont participé aux 20 % restants.

    La redevance des ordures ménagères va-t-elle encore augmenter ?

    Mauvaise nouvelle pour les habitants de VKPP. Ces projets ayant un coût, tant pour leur construction que pour leur exploitation, la redevance d’enlèvement des ordures ménagères devrait s’afficher de nouveau à la hausse dans les années à venir.

    "Cette redevance a déjà augmenté de 20 % cette année, ce qui est énorme. Mais d’autres hausses sont à prévoir car nous sommes un service public et nos budgets annexes doivent être équilibrés entre les dépenses et les recettes, rappelle Arnaud Banfi, le directeur du Sivom, syndicat intercommunal, en charge des déchets. Les élus ont quand même la volonté de ne pas assommer les ménages car nous sommes conscients que tout augmente. Cette hausse sera donc lissée dans le temps pour que ce soit moins douloureux."

    La contribution des industriels de la région, qui utiliseront également l’ISD, permettra par ailleurs d’atténuer cette augmentation.

    Peut-on enfouir des déchets sans polluer le milieu naturel ?


    Les eaux de pluie chargées de polluants sont traitées dans plusieurs bassins, dont un recouvert de vétiver, une plante naturellement filtrante, avant d’être analysées puis rejetées dans le milieu naturel.

    Le meilleur déchet reste encore celui qu’on ne produit pas ou que l’on peut recycler. En revanche, en l’absence d’alternative, les ordures non dangereuses sont le plus souvent enfouies en Nouvelle-Calédonie, où la région VKPP était encore très en retard à ce sujet. "Alors que la zone est le plus gros bassin de population de la province Nord, nous étions les derniers à ne pas avoir d’ISD de tout ce territoire", reconnaît Arnaud Banfi, à la tête du Sivom et selon qui cette nouvelle installation n’aura pas d’impact sur l’environnement.

    Sol argileux

    Car en pénétrant dans les tas de déchets, l’eau de pluie peut ensuite s’infiltrer dans les sols et polluer le milieu, ce qui est actuellement le cas dans les dépotoirs. C’est pourquoi plusieurs types de barrière ont été mis en place sur l’ISD.

    "Nous avons choisi la plaine des Gaïacs car le sol y est très argileux, ce qui crée une première étanchéité passive. C’est un sol dans lequel l’eau ne traverse pas ou très peu, explique le directeur du Sivom. Ces argiles ont été remises en forme pour faire une première barrière passive de terre naturellement imperméable, soit une couche épaisse de 1,5 mètre. Ensuite, il y a une deuxième barrière dite active, qui est une géomembrane. Puis, nous avons disposé une protection contre les UV pour ne pas attaquer cette géomembrane."

    Eau filtrée par des plantes et analysée

    Par ailleurs, un système de drain est installé sous les casiers qui accueillent les déchets afin de collecter l’eau de pluie, chargée de polluants, pour la diriger ensuite dans plusieurs bassins où elle subit différents traitements. "La première étape consiste à brasser cette eau grâce à des turbines pour favoriser le travail des bactéries qui vont se nourrir de ces polluants. Ensuite, l’eau est pompée et dirigée vers des bassins macrophytes dans lesquels poussent des plantes naturellement filtrantes. Du vétiver, en l’occurrence, poursuit Arnaud Banfi. À la fin de ce processus, l’eau est canalisée vers le bassin des eaux pluviales. Ces eaux y sont temporisées et sont analysées avant d’être rejetées dans le milieu naturel où elles rejoignent la rivière La Rouge."

    À noter qu’à la fermeture de l’ISD, une période de dix ans supplémentaires de surveillance est prévue durant laquelle l’eau sera analysée tous les mois.

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