- LNC | Crée le 10.08.2025 à 06h00 | Mis à jour le 10.08.2025 à 06h00ImprimerVictor, fils de Rosalie Peyronnet. Né le 28 février 1896 de père inconnu et décédé le 18 novembre 1944. Après un premier mariage en France, veuf, Victor épouse Eugénie Lods le 29 janvier 1923 à Nouméa. De retour du front en 1919, il reprend son métier deRosalie a tout juste 23 ans lorsqu'elle est condamnée aux travaux forcés. Comme beaucoup d'autres femmes transportées, elle se marie rapidement et fonde une famille. Après le décès de son mari, deux fils naturels vont agrandir la fratrie et porter son nom. C'est à une autre femme que l'on doit aujourd'hui de connaître l'histoire de Rosalie : Anne-Marie Peyronnet. L'épouse de Didier, arrière-petit-fils, a retracé le chemin de cette aïeule. Retour sur la vie de Rosalie Peyronnet dans ce 64e épisode de notre saga consacrée aux familles issues du bagne. Cet article est une archive parue dans Les Nouvelles calédoniennes le samedi 18 mars 2017.
"Rosalie Peyronnet est née le 20 novembre 1857 à Marvejols en Lozère. Sur l'acte d'accusation il est inscrit qu'elle est domestique. Nous ne connaissons pas les conditions de sa vie d'alors, mais après avoir accouché seule dans un coin, elle est contrainte d'abandonner son enfant. Ce dernier décède, elle est donc accusée et condamnée le 17 novembre 1880, par la cour d'assises du Gard, à six ans de travaux forcés pour infanticide avec circonstances atténuantes. Rosalie embarque sur l'Ernestine aux côtés d'autres femmes condamnées et arrive dans la colonie le 15 octobre 1881.

Anne-Marie Peyronnet, Yves Bensaci, Murielle Salomon et Didier Peyronnet.Anne-Marie Edeline Peyronnet livre ce que les différents services des archives ont pu lui apprendre. Année après année, document après document, la vie de Rosalie s'est peu à peu révélée à ses descendants. Alors, bien sûr, certains penseront qu'il ne faut pas dire ces choses-là, tout comme certains ont aussi voulu dissuader Anne-Marie de chercher. Mais raconter n'est pas remuer. Raconter est rendre hommage à ceux qui, avant nous, ont eu la vie dure, ceux grâce à qui nous sommes là aujourd'hui, quelles qu'aient été les raisons de leur arrivée. Aux côtés d'Anne-Marie, Didier son mari, Yves Bensaci et Murielle Salomon les cousins de celui-ci, font revivre le passé.
Une femme concessionnaire
" À son arrivée en Nouvelle-Calédonie, nous supposons que Rosalie est directement dirigée vers Bourail à l'internat des sœurs de Saint-Joseph-de-Cluny car elle s'y marie précisément un an plus tard, le 14 octobre 1882. Son époux, Auguste Lécole, est le fils du concessionnaire Ambroise Lécole arrivé par le Rhin en 1873. Auguste est charpentier.

Rosalie a obtenu l'octroi d'une concession rurale à La Pouéo à Bourail en 1883, un an après son mariage avec Auguste Lécole, charpentier de métier, le fils d'un concessionnaire. La mise en concession d'une femme n'est pas interdite mais reste un fait relativement exceptionnel à l'époque.Le 18 octobre 1883, Rosalie obtient une concession provisoire, le lot rural numéro 39 à la Pouéo. C'est étonnant et rare qu'une femme obtienne une concession. À aucun moment il n'est fait référence à son mari ni à son nom d'épouse. Nous en avons parlé avec Louis-José Barbançon, historien spécialiste du bagne. Selon lui, la loi n'interdisait pas aux femmes d'être concessionnaires mais la chose était exceptionnelle. Dans le cas de Rosalie, le terrain ne pouvait pas être au nom de son mari car celui-ci était un homme libre. Or les concessions à Bourail étaient pour la plupart cédées aux colons pénaux.
Rosalie est libérée en 1885 et obtient sa réhabilitation en 1898. "
Entre 1883 et 1894, elle met au monde huit enfants
Entre 1883 et 1894, elle met au monde huit enfants, mais seules quatre filles arrivent à l'âge adulte. Rosalie accouche de ses quatre derniers à Nouméa, ce qui signifie qu'à partir de 1890, elle est avec son époux installée à Nouméa, rue de Sébastopol selon les actes de naissance. Dès lors, qui s'occupe de la concession à Bourail ? Nous l'ignorons.
Mais nous savons qu'elle conserve son lot car ses enfants en obtiendront le titre définitif en 1907, après son décès.
Quelque temps après leur installation à Nouméa, en 1894, Auguste Lécole, son époux, meurt à l'hôpital.
Les jumeaux
" Le 28 février 1896, Rosalie donne naissance à Michel et Victor, des jumeaux qui vont porter son nom, déclarés nés de père inconnu. À cette période, ses filles aînées Flore, Joséphine, Marie et Rose-Augustine sont au couvent à Fonwhary. Le 28 octobre 1904, alors que Rosalie est chez elle à Rivière-Salée, occupée à repasser du linge, un orage éclate. Il est dit qu'elle décède d'un coup de tonnerre mais nous pensons qu'il s'agit d'une crise cardiaque.

Victor, fils de Rosalie Peyronnet. Né le 28 février 1896 de père inconnu et décédé le 18 novembre 1944. Après un premier mariage en France, veuf, Victor épouse Eugénie Lods le 29 janvier 1923 à Nouméa. De retour du front en 1919, il reprend son métier de boulanger puis est cantonnier pour le compte des Américains.Les jumeaux ont à peine huit ans, ils sont récupérés par leur sœur aînée, Flore. " Les quatre filles de Rosalie se marient à Nouméa et seule Marie, unie à Joseph Poittevin, un mécanicien, quitte la Calédonie pour s'installer en Métropole. Léon Lecomte, le mari de Joséphine, est lui aussi mécanicien tandis qu'Ange-Louis Morelli, marié à Flore, est commerçant et Henri Barthe, l'époux de Rose Augustine, boulanger.
Michel et Victor, les jumeaux, partent ensemble sur le front.
Ils sont incorporés le 18 mai 1915 et embarquent ensemble sur l'El Kantara le 10 novembre 1917. Ils reviendront tous les deux à Nouméa en 1919 par ce même navire. Victor, soldat de deuxième classe, reçoit une citation à l'ordre du bataillon pour le calme et le sang-froid dont il a fait preuve lors d'un bombardement en juillet 1918. Il est décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze. Pendant ses permissions en France, il était hébergé chez sa sœur Marie Poittevin dont il épouse une nièce, Aurélie Massol, qui décède prématurément.
Michel s'installe à Tahiti où il est cultivateur. Marié, il a deux enfants. Victor reprend à Nouméa son métier de boulanger, il devient aussi cantonnier et travaille pour les Américains.

Eugénie Lods, l'épouse de Victor. Ses petits-enfants l'appelaient « Mémé Madame ». Elle est la fille d'Alfred Lods et d'Amélie Mirabel. Alfred est un ancien miliaire qui a demandé à être démobilisé en Nouvelle-Calédonie pour y vivre; quant à Amélie, son beau-père a été condamné au bagne et sa mère Henriette est venue le rejoindre avec les six enfants issus de son premier mariage avec Joseph Mirabel.Il se marie avec Eugénie Lods, avec qui il a sept enfants, mais Louise, Léna et Andrée meurent jeunes.
Seuls Victor, Ilda, Raymond et Michel auront une descendance.

Victor est l'aîné des enfants de Victor ! Né le 30 juillet 1924, il décède en 1975 au Mont-Dore. Il a trois enfants avec Ghislaine Leroux, dont Léon Joseph Peyronnet, l'actuel maire de Moindou. Victor était chauffeur de bus.
Ilda est née le 23 février 1927 et décédée le 14 février 1995. Le 30 octobre 1942, elle épouse Georges Bensaci avec qui elle a cinq enfants, dont Yves. Georges a travaillé une bonne partie de sa vie à la Société havraise qu'il a quittée pour les établissements Barrau.
Raymond est né le 24 juin 1929 et décédé le 1er septembre 2013. Après un premier mariage à Koumac en 1948 avec Renée Mercier, il épouse Agnès Launay le 23 septembre 1987. Raymond a un garçon et trois filles dont Murielle. Il était mécanicien à la SCET
Michel est né le 24 février 1932 et décédé le 11 mai 1992. Le 20 décembre 1957, il épouse Marthe Harmmasa-Ida surnommée Maki, métisse japonaise-kanak. Ils ont deux enfants dont Didier. Michel a été employé à la pharmacie Fruitet puis à l'OCDP.Les frères jumeaux vont décéder la même année, en 1944, d'une crise cardiaque tous les deux. "
L'histoire familiale tient aujourd'hui dans un classeur et à l'intérieur de plusieurs dossiers d'ordinateur ; à chaque époque ses supports.
Yves Bensaci n'y entend rien en informatique et garde encore en mémoire quelques souvenirs de ses oncles et tantes, et en particulier de Raymond, son " modèle ".

Une grande partie des descendants de Victor, le fils de Rosalie, s’est réunie en 2009, à l’occasion des 80 ans de Raymond, l’un de ses fils.Les réunions familiales ne sont pas si nombreuses mais se remémorer ces anecdotes de jeunesse reste un plaisir pour les cousins Peyronnet comme dans beaucoup de familles calédoniennes...
Un plaisir à entretenir car, dans quelques années, qui se souviendra des protège-pédales tricotés pour la vieille 404 qui dormait dans un garage avec les essuie-glaces relevés pour ne pas les abîmer ?...

Marie Marguerite devant le bus de son père Victor. Après avoir été employé, Victor, le petit-fils de Rosalie, s'est mis à son compte.Note
Cette série sur les destins de familles issues de la colonisation pénale, tirée du livre Le Bagne en héritage édité par Les Nouvelles calédoniennes, est réalisée en partenariat avec l'Association témoignage d'un passé.
Cet article est paru dans le journal du samedi samedi 18 mars 2017.
Quelques exemplaires de l'ouvrage Le Bagne en héritage, certes un peu abîmés, ainsi que des pages PDF de la parution dans le journal sont disponibles à la vente. Pour plus d'informations, contactez le 23 74 99.
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