- LNC | Crée le 21.09.2025 à 09h30 | Mis à jour le 21.09.2025 à 09h30ImprimerLe surveillant militaire Paul Marcelin Rolland et son épouse Anais. Cette photo a été prise en 1913 à Toulon. Ils ont reçu tous les deux, à l'occasion des commémorations du 14-Juillet, la médaille des batailles de Sedan pendant lesquelles ils ont été faitAncien prisonnier aux mains des Allemands en 1870, Paul Marcelin Rolland devient surveillant militaire. Après une carrière ponctuée de félicitations, il quitte ses fonctions et s'installe comme colon à Sarraméa. Ses cinq enfants s'éparpillent dans les colonies françaises, des Nouvelles-Hébrides à la Guyane en passant par le Maroc. Dominique Ohlen-Prevel, son arrière-arrière-petite-fille, et Alain Rolland, son arrière-petit-fils, ont tenté de relier les continents pour écrire l'histoire de leur famille. Retour sur la vie de Paul Marcelin Rolland dans ce 70e épisode de notre saga consacrée aux familles issues du bagne. Cet article est une archive parue dans Les Nouvelles calédoniennes le samedi 15 octobre 2016.
Paul Marcelin Rolland est un jeune militaire du 4° régiment d'infanterie de marine quand il épouse le 9 janvier 1868 à Toulon, Anne Françoise Paban, dite Anaïs, cantinière de l'armée. Ensemble, ils feront les campagnes du Sénégal et de Prusse et ensemble, ils seront faits prisonniers à Sedan. " Dominique s'est plongée il y a quelques années de cela dans la généalogie de sa famille, et comme tous ceux qui ont goûté à ce loisir, la voilà passionnée. Elle partage chacune de ses trouvailles avec Alain, son cousin.

Dominique Ohlen-Prevel et son cousin Alain Rolland." Dans la nécrologie d'Anaïs publiée dans Le Néo-Hébridais du 19 mars 1918, il est narré que "tous deux s'évadèrent mais furent repris. M. Rolland devait être fusillé. Il dut la vie à l'intervention de sa femme qui, sur le point d'accoucher, put obtenir sa grâce, implorant à genoux un général prussien". "
Un surveillant zélé
" Notre aïeul est libéré du service le 1e octobre 1872. Il rejoint l'administration pénitentiaire où il est recruté comme surveillant militaire de troisième classe, section transportation, le 11 juillet 1873. Le couple Rolland, accompagné de ses cinq enfants nés à Toulon, embarque alors sur la Garonne, pour 137 jours de voyage. Nous connaissons quelques détails de sa carrière grâce aux recherches des Archives de Nouville. Paul Marcelin a participé à la répression de l'insurrection de 1878. Il reçoit un premier témoignage de satisfaction en avril 1883, pour son action lors de l'incendie de la boulangerie du camp de Ouégoa où il s'est brûlé le pied".

Acte de mariage de Paul Marcelin Rolland et Anne-Françoise Paban. Crédit photo : Archives départementales du Var.En 1884, il est nommé surveillant chef de deuxième classe puis accède à la première classe en novembre 1886. À partir de 1885, il est chargé de la police indigène de Magenta et reçoit un deuxième témoignage de satisfaction de la part du gouverneur "Pour l'activité, le zèle et le dévouement qu'il a déployés dans la poursuite des évadés [...] une battue dans les centres de Païta, Coétempoé et Boulouparis. Cette opération, qui n'a pas duré moins de quinze jours, a amené l'arrestation de nombreux évadés et une diminution dans le nombre des évasions.
" Trois ans plus tard, il est de nouveau honoré "pour la façon intelligente avec laquelle il a procédé à une information judiciaire dont il avait été chargé à Bourail".
" Entre-temps, il fait plusieurs allers-retours en France pour des congés, entre 1881 et 1883, puis entre août 1890 et mai 1891. Il prend sa retraite en décembre 1892 et demande l'octroi de terrains. Il lui est attribué un lot à Sarraméa, ainsi que deux autres parcelles voisines pour ses fils Georges et Pierre." Paul Marcelin Rolland et son épouse repartent en Métropole en 1913 pour recevoir, lors des cérémonies du 14-Juillet à Toulon, une médaille commémorative des combats de Sedan. "

Le surveillant militaire Paul Marcelin Rolland et son épouse Anais. Cette photo a été prise en 1913 à Toulon. Ils ont reçu tous les deux, à l'occasion des commémorations du 14-Juillet, la médaille des batailles de Sedan pendant lesquelles ils ont été faits prisonniers en 1870.À cette occasion, ils envoient une photo d'eux à leurs enfants restés en Calédonie. Nous ignorons s'ils reviennent ou pas. Lorsque Anaïs meurt à Toulon en 1918, elle est déclarée veuve mais nous ne savons ni où ni quand son époux est décédé. "
D'une colonie à l'autre
" Angèle, leur fille aînée, après un premier mariage avec Augustin Daval, un surveillant militaire, et un premier fils, Eugène Paul, s'unit à Charles Hermann Ohlen, un propriétaire terrien d'origine allemande, et agriculteur à Bourail. En se mariant à un Allemand, mon arrière-grand-mère a perdu la nationalité française. "

Angèle, la fille aînée de Paul Marcelin, avec son époux, Charles Hermann Ohlen.Elle est réintégrée dans sa nationalité et son mari devient Français en 1899. Ils habitaient alors à Bourail où sont nés six de leurs sept enfants, dont Henri le grand-père de Dominique.

Certificat de réintégration. En 1899, Angèle est réintégrée dans la nationalité française qu'elle avait perdue en épousant Charles Ohlen, un Allemand. Son époux a de son côté obtenu la nationalité française la même année.Angèle et Charles Hermann vont ensuite partir vivre aux Nouvelles-Hébrides.

Angèle et Charles Ohlen avec six de leurs sept enfants. De gauche à droite: Georges et Eugène, les parents, puis au premier rang Emile, Charles, Fanny et Henri. La photo a été prise vers 1902-1903." Pierre et Georges, les deux fils du surveillant, épousent deux sœurs, Elise Ida et Blanche Jouvent, avant de s'installer aux Nouvelles-Hébrides. Pierre ne s'y plaît pas et quitte l'archipel pour le Maroc.

Magasin de Georges Rolland à La Foa, situé à l'angle de l'actuelle rue des Frères-Goisavost, face à l'église. Il sera racheté par Joseph Lacourt.Georges est d'abord commerçant et président de la commission municipale de La Foa avant de partir aux Nouvelles-Hébrides.

Blanche Jouvent, l'épouse de Georges Rolland, avec ses enfants : Marguerite (derrière), Marie-Rose (à gauche), Albert (à droite).
Georges Rolland, le fils du surveillant, sa femme Blanche Jouvent et leurs six enfants : Albert (le père d'Alain, devant son père), Marie-Rose (à gauche de sa mère), Marguerite (à droite de son père), Madeleine (entre les deux garçons), Emile et Georges (derrière leur père).Là-bas, il devient planteur à Tagabé, puis le fondateur du premier hôtel de Port-Vila. En 1910, Le Néo-Hébridais publie qu'il est "le seul vendeur au détail du bétail provenant de Port-Havannah". Georges décède à Port-Vila en 1933.

Les enfants de Georges Rolland. De gauche à droite: Georges l'ainé et son épouse Fernande Caspar, Marguerite (épouse Camille Creugnet), Marie-Rose (épouse Louis Desmoulières), Albert (le père d'Alain, futur époux de Marie-Louise Javelier) et Madeleine (épouse Charles Anger), Edmée Varin et son mari Emile. Au centre, au milieu de ses petits-enfants, leur mère, Blanche Jouvent (1876-1949).De son union avec Blanche naissent six enfants dont Albert, le père d'Alain, et Émile, engagé volontaire au Bataillon du Pacifique à 17 ans. Il revient de la guerre gazé et médaillé après plusieurs citations. "
Dominique a plusieurs fois tenté de récupérer le dossier de son aïeul et d'autres informations par le biais des Archives d'Aix-en-Provence, mais les délais sont longs et parfois les demandes restent sans réponse. Petit à petit, le puzzle grossit malgré les difficultés. " Les deux dernières filles de notre ancêtre, Victorine et Marie-Jeanne, épousent deux surveillants militaires, Eugène Chevalier et Jacques Laurent. Je n'ai découvert que très récemment que la première s'était mariée à l'ile Nou en 1889, puis ils sont passés par le Nord de la France à Malincourt où leur fille est née en 1891. Ils se fréquentaient entre familles de l'administration à l'époque, j'ai retrouvé des récits de bals et autres réceptions. La dernière, Marie-Jeanne, accouche une première fois à l'île Nou puis suit son mari en Guyane où une fille naît à Saint-Laurent-du-Maroni. Après cela, nous perdons la trace des deux familles. "
Retour aux sources
" À l'indépendance des Nouvelles-Hébrides, tout le monde est revenu en Nouvelle-Calédonie, sauf Isabella, ma tante, et Bernard, le frère d'Alain. "
Le départ de Port-Vila est un sujet sensible pour Dominique, l'émotion est encore là, même après tant d'années. " Jacques, mon père, est né à Port-Vila comme Isabella sa sœur, mais il faisait souvent des allers-retours à Nouméa pour voir sa famille, et notamment son cousin germain, Charles Ohlen, le capitaine de la Monique. "
Alain se souvient de son père, employé aux Comptoirs français puis commerçant à Port-Vila, ville où il est né en 1915. " Mon père a ensuite racheté la fabrique de glace et de limonade de Charles Anger puis a dirigé le cinéma du stade. Il mettait des disques sur le gramophone, et notamment La Marseillaise ! Ma mère faisait les livraisons de limonade et a travaillé comme sténo à la Résidence de France. À leur retraite, mes parents sont revenus finir leurs jours à Nouméa. Cela a été un véritable déracinement, mon père ne s'est jamais remis de son départ. "
Georges Rolland, président de la commission municipale de La Foa

Georges Rolland, président de la commission municipale de La Foa." Georges s'intéresse à la vie publique de la commune (Sarraméa fait alors partie de La Foa). Élu dès 1900 à la commission municipale, il développe également un commerce important, de même qu'une activité de charrois entre La Foa et Sarraméa. Cette réussite professionnelle et politique fait des envieux, et au cours de son second mandat, il est victime de basses manœuvres politiques destinées à l'écarter de la commission municipale.
Traduit en cour d'assises en 1907, Georges Rolland sera acquitté et lavé des accusations calomnieuses dont on l'avait accablé. " Extrait de La Foa, 120 ans d'histoire municipale, par Jerry Delathière.
Note
Cette série sur les destins de familles issues de la colonisation pénale, tirée du livre Le Bagne en héritage édité par Les Nouvelles calédoniennes, est réalisée en partenariat avec l'Association témoignage d'un passé. Quelques exemplaires de l'ouvrage Le Bagne en héritage, certes un peu abîmés, ainsi que des pages PDF de la parution dans le journal sont disponibles à la vente. Pour plus d'informations, contactez le 23 74 99.
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