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    Nouvelle Calédonie
  • LNC | Crée le 24.08.2025 à 10h00 | Mis à jour le 24.08.2025 à 10h00
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    Le pionnier Paul Poncelet, vers 1903, à Nouméa et Célina Facio, son épouse.
    Une histoire d'amour contrariée envoie le jeune Paul à l'autre bout du monde, en Nouvelle-Calédonie. À sa sortie du bagne, le forgeron s'installe à Thio et devient père d'une famille nombreuse... Et bien des années plus tard, son petit-fils, Serge Jarossay, parti à la recherche des origines familiales du forçat, va rencontrer par hasard la fille de celle que Paul aimait éperdument. Retour sur la vie de Paul Poncelet dans ce 66e épisode de notre saga consacrée aux familles issues du bagne. Cet article est une archive parue dans Les Nouvelles calédoniennes le samedi 26 novembre 2016.

    "Paul, Joseph, Onésime Poncelet est né le 16 juin 1873 à Sénard, dans la Meuse. De son enfance, nous n'avons que quelques détails. Fils de cultivateur, il a suivi son oncle maternel, l'abbé Félix Onésime, au Brésil afin d'entrer au petit séminaire. Son oncle est nommé vicaire mais décède en mars 1889. Mon grand-père revient donc dans son village natal. "


    Serge Jarossay et sa sœur Renée Richard (dite Monette).

    Serge raconte l'histoire de Paul comme celle d'un héros de roman, celui de sa famille. Sa sœur Renée, assise à ses côtés, opine de la tête silencieusement. La vie du jeune forçat est connue de tous. Et bien qu'octogénaires, aucun des deux ne s'offusque de ce passé parfois encore considéré comme gênant par les anciennes générations.

    Vers l'âge de 18 ans, s'éprend de sa cousine germaine, Jeanne Epinger. Une idylle naît entre les deux mais sera vite sanctionnée et interdite par leurs parents. Le jeune amoureux passe la nuit à noyer son chagrin dans l'alcool. Ivre, il met le feu à la grange du sieur Epinger.

    " Paul a des difficultés à se réadapter à la vie au village. Néanmoins, il se forme au métier de forgeron puis, vers l'âge de 18 ans, s'éprend de sa cousine germaine, Jeanne Epinger. Une idylle naît entre les deux mais sera vite sanctionnée et interdite par leurs parents. Le jeune amoureux passe la nuit à noyer son chagrin dans l'alcool. Ivre, il met le feu à la grange du sieur Epinger.

    " Paul est condamné le 10 janvier 1893, par la cour d'assises de la Meuse, à huit ans de travaux forcés pour incendie volontaire. Il est écroué au dépôt de Saint-Martin-de-Ré, embarque le 5 août sur le Calédonie, et arrive à l'ile Nou le 29 septembre. À sa libération dès octobre 1899, grâce à une remise de peine de quatorze mois, il travaille aux Forges françaises à Nouméa pendant environ quatre ans.

    Il rencontre ma grand-mère, Célina Facio, dont la mère est originaire de l'Oise et dont le père d'origine grecque est arrivé en Calédonie en 1856. Ils se marient le 6 juillet 1903. Leurs deux premières filles, Clothilde et Blanche (qui va décéder à 6 ans), naissent à Nouméa. Puis le couple déménage.


    En 1925, Clothilde a épousé Gaston Schmitt, boucher à Nouméa. Elle est entourée de ses enfants Paul, Andrée (future Mme Delaveuve), Jean et Gaston.

    L'installation à Thio

    " La famille s'installe à Thio-Mission, au lieu dit Pawany et Paul est employé par la SLN à partir de 1905. Il y est forgeron et s'occupe également du graissage des wagons, sous les ordres de MM. Veillon et Coq. Pauline naît en 1907, puis vient Hélène, notre mère, en 1909.


    Paul et Célina, Poncelet à Thio, en 1925 et, de gauche à droite, leurs filles, Pauline, Geneviève, Hélène et Clothilde. Devant, le petit Paulo.

    À 19 ans, elle épouse notre père, Alexandre Jarossay, avec qui elle a neuf enfants ! Geneviève, Paulo et Maurice naissent eux aussi à Thio.

     

     

    " Ma grand-mère Célina, en plus de ses tâches domestiques, est blanchisseuse. Elle travaille surtout pour les Japonais.

    Un travail difficile car il fallait amidonner les chemises. Ma mère et ma tante nous racontaient qu'ils allaient en pique-nique le dimanche en utilisant, faute de voiture, les plates-formes de chemin de fer qui passaient le long de la rivière, la Dothio. Toutes deux se souvenaient avec plaisir de ces jours heureux de leur enfance, elles nous disaient ne manquer de rien. Plus tard, elles ont fait partie d'une chorale ou d'un groupe, ma tante jouait de l'harmonica. "


    Près de la tombe de Célina, décédée en 1930, à 46 ans : ses enfants Paulo, Maurice, Geneviève, et Clothilde avec ses enfants. Sur la droite : Paul Poncelet, le pionnier, veuf.

    Célina décède en 1930, elle n'a que 46 ans, et laisse deux enfants en bas âge. " Pauline est alors en France et y est employée comme gouvernante. Notre grand-père la rappelle pour qu'elle vienne s'occuper de ses frères et sœurs.

    En traversant le pont de bois alors en travaux, et où des lattes manquaient, il est tombé à l'eau sans savoir nager. Son corps a été retrouvé dans la rivière.

    Quatre ans plus tard, Paul décède à son tour, accidentellement. Une fête de famille était organisée à Thio Village, tout s'était très bien déroulé mais Paul décide de ne pas rentrer avec ses enfants et de rester un peu plus tard Il n'est jamais rentré. En traversant le pont de bois alors en travaux, et où des lattes manquaient, il est tombé à l'eau sans savoir nager. Son corps a été retrouvé dans la rivière.

    La femme à la clef

    " Paul n'est jamais retourné en France mais il a conservé une relation épistolaire avec son frère Amédée. Cette correspondance a été maintenue entre le fils d'Amédée, Jacques, et Pauline et Hélène, ses cousines germaines calédoniennes. À la mort de celui-ci, son épouse Raymonde a pris la relève.


    Les trois aînés d'Hélène Jarossay, Guy, Renée et Serge.

    " En 1997, lors d'un séjour en Métropole, mon épouse et moi sommes allés là où mes ancêtres maternels ont vécu : Sénard, Vaubécourt... Nous avons traversé le village natal de Paul, les rues étaient désertes, et l'église fermée. Nous sommes donc allés chercher du côté du cimetière voir si nous ne trouvions pas trace de ses ancêtres.


    Geneviève a épousé Henri Galaud, mécanicien à la SLN, en 1932, à Thio. Ensemble, ils ont eu quatre enfants : Roger, Amédée, Pauline (épouse Rolland) et Jean. Geneviève pose ici avec sa fille. Elle décède prématurément en 1940. Sa sœur Pauline élève ses enfants.


    Paul et Célina Poncelet et leurs trois derniers enfants, Maurice, Geneviève et Paulo


    Hélène et Alexandre Jarossay, en 1956. Hélène a épousé Alexandre, ajusteur mécanicien à la SLN, en 1928. Ensemble, ils ont eu neuf enfants : Guy, Renée (épouse Richard), Serge, Albert, Marie-Thérèse (épouse Vico), Valère (épouse Pourcelot), Sylvain, Maurice et José. Ils ont construit leur maison au 74, route du Port-Despointes où tous les enfants sont nés.

    " Alors que nous allions repartir bredouilles, une femme s'est approchée, tenant dans ses mains une vieille clef immense. Nous n'en avions jamais vu d'aussi grande ! C'était celle de la sacristie. Après les salutations d'usage, lorsque nous lui avons dit que nous venions de Nouvelle-Calédonie et que je me suis présenté comme le petit-fils de Paul Poncelet, nous avons vu ses yeux s'illuminer. Nous étions face à Pierrette Poirier, la fille de Jeanne Epinger, l'amour de jeunesse de mon grand-père. Pierrette nous a dit que sa mère n'avait jamais oublié Paul et qu'elle en parlait souvent avec beaucoup d'émotion. Malheureusement, Jeanne était décédée l'année précédente. Selon Pierrette, elle aurait été si heureuse de me rencontrer ! "

    Note

    Cette série sur les destins de familles issues de la colonisation pénale, tirée du livre Le Bagne en héritage édité par Les Nouvelles calédoniennes, est réalisée en partenariat avec l'Association témoignage d'un passé.

    Cet article est paru dans le journal du samedi samedi 26 novembre 2016.

    Quelques exemplaires de l'ouvrage Le Bagne en héritage, certes un peu abîmés, ainsi que des pages PDF de la parution dans le journal sont disponibles à la vente. Pour plus d'informations, contactez le 23 74 99.

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