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    Nouvelle Calédonie
  • Par Charlie Réné | Crée le 02.10.2018 à 04h25 | Mis à jour le 02.10.2018 à 06h36
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    La TGC est normalement visiblement indiquée, taux par taux, en bas des tickets de caisse. La transparence est un des gains de la réforme. Photos Thierry Perron
    Historique pour les uns, catastrophique pour les autres, la TGC est devenue hier une réalité dans les magasins et sur les factures de tout le pays. En tout cas pour ceux qui avaient pris le temps de faire le basculement. Nombreuses sont les entreprises qui ont des questions ou des contestations sur la réforme ou la réglementation des prix qui l’accompagne.

    Jus de fruit, biscuits, café… À chaque produit, à chaque client qui passe en caisse, cet épicier de Magenta parcourt des yeux une longue feuille listant les nouveaux prix, pas encore affichés dans le magasin. D’ailleurs, tous ne pourraient pas l’être : « On n’a pas toutes les infos des fournisseurs ! » Mais pour le commerçant, secondé en caisse par sa nièce, qui assure le service après-vente auprès de clients quelque peu suspicieux à l’égard des nouveaux tarifs, pas de panique ni de colère : « C’est juste lundi, c’est toujours un peu compliqué ! »

     Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton.

    Lundi ou pas, ce 1er octobre n’a pas été une journée comme les autres pour les entreprises calédoniennes. Attendue par beaucoup, redoutée par tant d’autres, la TGC est devenue réalité dans les rayons des magasins et sur les factures des entreprises. La taxe générale à la consommation a beau viser la simplification - elle supprime des milliers de combinaisons fiscales au profit d’une taxe à quatre taux -, sa mise en pratique s’avère souvent complexe. « Même pour ceux qui se sont bien préparés, il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton, commente-t-on au Syndicat des importateurs et distributeurs. Il faut recalculer les nouveaux prix et il y a un travail important d’étiquetage à effectuer. »

    Des couacs…

    Et pour s’assurer que ce travail se fait sans heurts, chacun sa stratégie. Certains, comme chez Carrefour Magenta, ont accueilli à l’aube leurs employés, qui ont parcouru les rayons étiqueteuse à la main avant l’arrivée des clients. Beaucoup d’autres, des petits commerçants aux hypers, ont gardé le rideau baissé, quelques heures ou plus d’une journée, en ce début de semaine. Désarmer les anciennes taxes, appliquer les taux de TGC, et, éventuellement, la réglementation des prix... La bascule peut être périlleuse. Chez Korail Pont-des-Français, où, pourtant, « tout le monde travaille jusqu’à 22 ou 23 heures depuis une dizaine de jours » pour se préparer au jour J, un problème informatique a obligé à repousser l’ouverture des portes à ce matin. « On aurait pu ouvrir, mais avec des problèmes d’affichage, explique le gérant. On a voulu faire les choses proprement ». Mais la TGC, taxe à l’assiette très large, ne touche pas que les commerces. « Toutes les entreprises, même les plus petites, sont concernées », assène-t-on depuis des mois dans les chambres consulaires. D’où la nécessité de former. « Globalement, la plupart des entreprises qui sont assujetties de par leur chiffre d’affaires ont été formées, assure une responsable à la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA). Mais il reste, chez les plus petits en particulier, des questions à se poser et des mécanismes à comprendre. » À la CCI, « les demandes affluent » ces derniers jours, et le programme de formation a été maintenu pour plusieurs mois. Comme la CMA, qui propose notamment des modules d’une journée ou d’une demi-journée entièrement gratuits.

    ... Et des questions

    Mais même chez les entreprises « formées », les questions fusent. Dans les organisations professionnelles et patronales, les téléphones « n’arrêtent pas de sonner ». « Quand on a les réponses, on répond, mais certaines questions doivent être posées directement à l’administration, explique une spécialiste. Ils font tout ce qu’ils peuvent mais il y a des milliers d’entreprises. Il est difficile pour eux de répondre à tout le monde. »

    Pour contacter la direction des affaires économiques, un site, tgc.nc, et un numéro vert : le 05 67 89.

     

    Contrôle des prix : des heureux, beaucoup d’inquiets

    Le prix des sodas ou des croquettes qui grimpe, celui des yaourts ou des conserves qui baisse, les pâtes ou le café qui perdent quelques dizaines de francs, le coiffeur ou les vêtements qui compensent… Depuis hier, les tickets de caisse sont une source inépuisable de commentaires, à la sortie des magasins ou sur les réseaux sociaux.

    Le débat se fait souvent rageur - « Ils avaient promis que tout allait baisser ! » - ou plus joyeux - « Pour le même prix, on peut faire bien mieux », promet un restaurateur. « La TGC, c’est un chamboule-tout », résume une cliente d’un supermarché de Nouméa. La TGC mais aussi la réglementation des prix. Car les baisses les plus notables dans les supermarchés - quand les rayons ont été réapprovisionnés - sont surtout dues au contrôle des prix qui accompagne la réforme pour les douze prochains mois. Une période pendant laquelle l’alimentation, l’hygiène, l’entretien - l’essentiel du « panier de la ménagère », appuie le gouvernement - ainsi que les pièces automobiles se voient appliquées des marges maximales. Qui n’ont pas fini de faire jaser côté entreprises.

    Rideau baissé, CDD non renouvelés

    Les employés des magasins de pièces détachées ne mâchaient par leurs mots hier.

     

    Car pour beaucoup de patrons, le contrôle des prix suscite toujours colère et inquiétude. « Je vois la TGC d’un très bon œil, pose Jean-Marc Espalieu, du groupe Korail. Mais cette réglementation est beaucoup trop contraignante. » D’un point de vue pratique - appliquée à la lettre, « elle oblige à une rectification quotidienne des prix, à un contrôle manuel permanent » - comme économique : « C’est une politique sociale qu’on ne va pas pouvoir continuer, des jobs d’été ou des CDD qu’on ne va pas pouvoir renouveler », liste le dirigeant. Les suppressions de poste, brandis comme des menaces ces dernières semaines, beaucoup en parlent aujourd’hui comme « une évidence ». « Le comportement des consommateurs fera beaucoup, mais il va y avoir des baisses d’effectifs », pointe-t-on au Syndicat des importateurs.

     

    C’est une politique sociale qu’on ne va pas pouvoir continuer, des CDD qu’on ne va pas pouvoir renouveler.

     

    À la FINC, où on précise que les industriels sont « aussi concernés », de par leur activité de négoce, on juge la situation « floue » et « dangereuse pour beaucoup » : « Les textes ont été pris tard, et avec très peu d’échange, de test, d’explications ou de vulgarisation, explique une spécialiste. En dehors de la mécanique fiscale, c’est l’impact économique qui n’a pas été suffisamment évalué ». C’était aussi le sentiment, hier, chez les importateurs de pièces détachées automobiles, qui avaient pour la plupart gardé le rideau baissé. Une façon d’interpeller sur « les marges intenables qui ont été fixées » pour le secteur. « On savait que ça serait difficile, mais avec les précisions qu’on nous a données en fin de semaine dernière, on se rend compte qu’on est foutu, et nos clients avec », résume un gérant. Une réunion avec le président Philippe Germain, hier, a permis « un vrai échange ». « On a fait des propositions, on attend des réponses », commentait hier soir un membre de la délégation. Les magasins, eux, seront toujours fermés aujourd’hui.


     

    8 500

    C’est, a minima, le nombre d’entreprises qui ont profité des formations TGC en chambres consulaires. De nombreux modules sont encore proposés.


    05 67 89

    Le numéro vert mis à disposition des entreprises « pour toutes questions sur la constitution des prix ».


    2,38

    La marge maximale fixée pour les pièces automobiles. Mais elle est divisée entre l’importateur et le distributeur.


     

    « Comment on peut discuter si longtemps et pondre des textes la dernière semaine ? »

    Un patron d’épicerie, à Magenta.

    Repères

     

    Un afflux de marchandises dans les prochains mois ?

    Au port autonome, ces derniers mois ont été particulièrement calmes. Si l’hiver n’est jamais la période la plus intense en termes d’importation, les douanes ont observé une baisse dans les entrées de marchandises. À l’approche de la TGC et pour éviter de payer des taxes d’import qu’ils devront se faire rembourser, certains importateurs ont laissé leurs conteneurs un peu plus longtemps en zone de stockage ou simplement retardé leurs livraisons. « On s’attend à un trafic bien plus important dans les mois à venir », pointe le directeur des douanes, Jean Cheveau. Le service en a profité pour paramétrer et plusieurs fois tester la nouvelle version du logiciel de douane Sydonia, qui a été mis à jour en incluant la TGC dans la nuit de dimanche à lundi.

    Carburant en légère hausse

    En fin de semaine dernière, on pouvait croiser à la pompe des automobilistes particulièrement gourmands en carburant. « Le plein avant la hausse », pointaient certains. Car, en l’absence de communication claire du gouvernement sur la question, beaucoup de rumeurs ont couru sur l’impact de la TGC. Hier, le litre d’essence pointait à 147,30 francs, soit 1 % plus cher qu’en septembre. Le gazole affichait 127,80 francs, soit une hausse de 3 %. Difficile de dire si ces augmentations sont dues aux nouveaux calculs des prix du carburant, forcément revus par l’exécutif avec la réforme fiscale, ou simplement aux variations des prix d’import.

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