La bibliothèque Bernheim a été sommée par la Chambre territoriale des comptes de revoir son budget 2025, voté en déséquilibre, dans un avis que la CTC lui a transmis fin mai. C’est chose faite, assure Wali Wahetra, présidente du conseil d’administration de la structure culturelle. Le document budgétaire a été retravaillé par la direction avec l’appui de la Chambre, avant d’être voté par le CA. Mais, les marges de manœuvre sont minces en termes d’économies de fonctionnement. "Un tiers des salariés (il y en a une trentaine, NDLR) est à temps partiel, on ne remplace pas les départs à la retraite et on les encourage", développe Wali Wahetra. Pour pouvoir tenir jusqu’à la fin de l’année, c’est sur l’investissement que l’effort s’est essentiellement porté. "Nous avons dû prendre sur l’enveloppe dédiée à l’achat de livres et de logiciels à hauteur de 20 millions de francs."

Plus globalement, la bibliothèque Bernheim est confrontée à un problème structurel, à savoir la baisse des subventions depuis plusieurs années. Si le plus "gros financeur", la Nouvelle-Calédonie, s’est acquitté de sa dotation, à savoir 175 millions de francs, "la province Sud s’est retirée complètement depuis 2022, la ville de Nouméa nous donne 1,2 million cette année contre 12 millions habituellement, et on s’attend à une importante diminution de la province Nord, qui attend son budget supplémentaire". Alors que, pour arriver à fonctionner correctement, environ 300 millions de francs seraient nécessaires, avance Wali Wahetra. Afin d’améliorer les ressources propres de l’établissement, l’idée serait également de faire appel au crowdfunding et au mécénat.

Un projet qui corresponde aux attentes des collectivités

Dans son avis, la Chambre territoriale des comptes a également demandé à Bernheim de produire un plan de redressement, ainsi qu’un programme des besoins de financement en fonctionnement et investissement du futur bâtiment – qui doit être livré à la fin du premier trimestre 2026. Ces deux documents, en cours d’élaboration, ont été présentés au CA. La direction souhaite désormais en discuter avec ses partenaires, "afin que le projet soit en phase avec les collectivités et corresponde au mieux à leurs attentes", souligne Wali Wahetra, qui précise que la CTC leur a laissé "jusqu’à septembre pour les finaliser", avant de donner son avis définitif. Parmi les pistes étudiées, le fonctionnement de la structure, qui dispose d’une antenne au Médipôle, à Koné et à Poindimié, ainsi que d’un relais à Koumac avec un agent. Cette architecture pourrait être revue.

Pour l’élue, qui siège dans les rangs de l’UNI, cette affaire met à nouveau en lumière le besoin d’une réflexion globale sur les moyens de "sanctuariser les financements" de la culture, qui "fait souvent les frais" des difficultés financières des institutions. Or, certaines missions sont essentielles, considère la présidente du CA, à l’image de celles assurées par Bernheim. "Il y a la lecture publique, donc la lutte contre l’illettrisme notamment, et la conservation du patrimoine, avec le rôle de dépôt légal pour lequel nous avons une convention avec la Bibliothèque nationale de France, c’est très important pour le pays." Et cette réflexion doit se faire au plus vite. "Nous n’avons aucune visibilité à partir du 1^er janvier 2026", conclut Wali Wahetra.