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    Nouvelle Calédonie
  • Yann Mainguet | Crée le 16.03.2018 à 04h25 | Mis à jour le 16.03.2018 à 06h43
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    À l’image du déchargement d’agrégats à Mele Bay près de Port-Vila au Vanuatu pour la piste de l’aéroport et les routes, les scories seront acheminées par bateau et transbordées dans des barges jusqu’à un quai. Photo DR
    Economie. Le marché est en passe d’être signé. Les scories de la SLN vont être utilisées en sous-couche lors de la réfection des routes sur l’île d’Efate au Vanuatu. Une première exportation qui peut en générer d’autres.

    Un nouvel horizon s’ouvre, les scories de la SLN sont sur le point de s’offrir une seconde vie, bien loin des monticules gris de Doniambo. « Nous sommes à l’aube des premiers exports » confirme la Société-Le Nickel.

    Une décision officielle est à l’origine d’une très probable modification du marché. Conscient de l’enjeu environnemental, le gouvernement du Vanuatu va publier une loi interdisant l'utilisation du sable de mer dans le secteur des grands travaux. La promulgation du texte serait proche. Une perspective qui ouvre la voie aux scories. La filiale d’Eramet travaille sur la valorisation du produit depuis plusieurs années, avec l’ambition de le présenter notamment au monde économique australien, et les études techniques ont débouché sur des résultats positifs.

    Du côté de Port-Vila, ce recours à la matière née du passage du minerai dans les fours a été analysé. Tant sur le plan de la granulométrie que sur celui du prix. Et « nous sommes dans les clous » observe Jean-Claude Dinne, consul en charge du commerce et de l'investissement au consulat général du Vanuatu à Nouméa. « Le produit présente bien des avantages ». Un contrat s’annonce, « c'est une première ».

     

    Vers l’Arc mélanésien ?

    Soutenu entre autres par l’Asian Development Bank, ou ADB, un budget de 2 milliards de vatus, somme presque équivalente en francs Pacifique, a été isolé pour la réfection des routes sur l’île d’Efate frappée en mars 2015 par le cyclone Pam. Une entreprise chinoise, CCECC, pour China Civil Engineering Construction Company, a emporté le marché, tout comme celui des travaux à l’aéroport de Port-Vila. Cette compagnie a décidé de sous-traiter le programme routier à une société philippo-grecque, dénommée Nawae et basée en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Des contacts ont été pris auprès de la SLN pour un achat de 18 000 tonnes de scories. La matière, dans le chantier des routes détériorées, sera utilisée en sous-couche en remplacement du sable. Au niveau logistique, le transport sera assuré par barge envoyée à Nouméa. La rotation pourrait intervenir le mois prochain. D’après le consul Jean-Claude Dinne, un accord de principe a été conclu entre les entreprises privées intéressées aux travaux. Coups de pelle qui pourraient ainsi s’entendre très vite. La Société-Le Nickel « travaille sur ce premier marché ».

    Conséquence administrative de la nouveauté, une référence dans les taxes à l'export doit être définie pour ce produit visible dès l’entrée de la ville de Nouméa. Tous les acteurs engagés le reconnaissent, cette vente au Vanuatu peut constituer un tournant dans l’utilisation des scories SLN. Après Nawae, « d'autres entreprises de travaux publics au Vanuatu s’y intéressent » juge le consul en charge du commerce et de l’investissement. D’où l’idée, pourquoi pas, de regrouper les commandes et d’affréter un jour un bateau d’une plus grande capacité, afin de réduire les coûts de transport. Le pays voisin, doté d’un point de stockage, peut aussi être « la tête de pont » dans un marché tourné vers l’Arc mélanésien. Fidji, Îles Salomon, Papouasie-Nouvelle-Guinée… une accélération de l’intérêt n’est pas exclue.

    Pourparlers avec l'Australie, un énorme client

     

    La SLN en est convaincue. Ses scories, qualifiées comme un sable à béton, peuvent trouver leur place sur le marché australien.

     

    La valorisation des scories figure parmi les projets intégrés dans le plan de performance de la SLN. Mission première et absolue : la baisse du coût de production. La vente de ces « résidus » gris doit peser 0,16 dollar, dans l’étape de la stabilisation du « cash cost » à 4,50 dollars US la livre de nickel. Le cap SLN 2020 est plus que jamais tracé : atteindre 4 dollars US à l’horizon 2020.

    Qualifié comme un sable à béton, ce produit de la Société-Le Nickel, déjà utilisé en Nouvelle-Calédonie depuis des lustres, comporte, aux yeux de l’industriel, un réel potentiel commercial à l’export, à destination notamment de l’Australie. Des études ont été menées en partenariat avec les universités de Curtin, à Perth, et du New South Wales.

    Un processus technico-commercial a été enclenché. Premier argument, « la raréfaction du sable dans différentes zones géographiques du monde, comme dans des régions spécifiques d'Australie, à l’image du Queensland », commentait, en décembre 2016, Olivier Chazalmartin, alors directeur du projet au sein de la filiale d’Eramet.

    La seconde raison avancée était liée à l’amenuisement prévisible des scories de hauts fourneaux, les cendres volantes, avec l'arrêt par exemple de la centrale à charbon d'Hazelwood en pays aussie. Une fois broyées, selon la société centenaire SLN, les scories de Doniambo ont « un comportement similaire » à ces cendres volantes, dans la fabrication du ciment.

    Un calcul avait été réalisé il y a un peu plus d’un an. Une stratégie extrêmement raisonnable de pénétration du marché, c'est-à-dire de 5 % des besoins en sable de la côte Est australienne, permettrait déjà d'exporter 2 millions de tonnes par an.

    Les discussions se poursuivent actuellement avec les entrepreneurs et les autorités du pays-continent, très rigoureux sur les normes. L’envoi d’un premier bateau, de 10 000 tonnes, est espéré à court terme.

     

     

    25 millions de tonnes.

    Le stock disponible de scories à la SLN est estimé à plus de 25 millions de tonnes. Jusqu'à 2 millions de tonnes sont produites par an à Doniambo.

     

    Repères

     

    Prix ?

    Pour être compétitif sur le marché, le prix de ces résidus de la SLN doit se caler, du moins dans un premier temps, sur le tarif du sable. Une valeur qui varie apparemment beaucoup en fonction des régions et de l'accès à la ressource : de 20 à 30 ou 35, voire 40 dollars australiens la tonne - 1 700 à 3 400 francs -, indiquait-on en décembre 2016 lors des discussions avec le pays aussie. Dans un projet de vente de scories, le coût principal est lié au transport opéré par vraquier.

    D’après des acteurs, le projet de vente au Vanuatu présente un prix de la tonne très performant, la réduction et même l’absence d’intermédiaires étant recherchée.

     

    Des scories pour stocker le CO2

    Des scientifiques ont démontré, en mars 2016, après expériences en laboratoire, la faisabilité d'un procédé innovant permettant de fixer le CO2 dans les scories de la SLN et de KNS. Le principe ? En schématisant, les scories sont immergées dans une sorte de « Cocotte-Minute » remplie d’eau et de billes de métal pour les broyer. Le tout est placé à très haute température (180 °C) et sous pression (20 bars). Les déchets solides issus du traitement du minerai vont alors se dissoudre. Du gaz carbonique est ensuite injecté, et le CO2 va se recombiner avec le magnésium pour former un minéral, appelé carbonate de magnésium. Le CO2 est donc fixé, minéralisé, stabilisé sous forme inerte.

     

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