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    Nouvelle Calédonie
  • Par Esther Cunéo | Crée le 15.02.2019 à 04h25 | Mis à jour le 15.02.2019 à 06h29
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    « S’il y a bien une structure à préserver contre l’insécurité, c’est bien l’école» a rappelé Philippe Michel. Des moyens ont été mis en conséquence.
    A la croisée des réformes (primaire, collège, lycée, licence universitaire), 2019 marque un tournant décisif dans le système éducatif calédonien.Face aux dégradations en série qui ont meurtri les établissements l’année dernière, la province Sud déploieun dispositif de sécurité et de lutte contre le décrochage scolaire dans les écoles et les collèges.

    Incendies d’origine criminelle, salles de classe vandalisées, enseignants agressés. « L’école n’est plus préservée. C’est un phénomène nouveau depuis deux ou trois ans, qui est totalement traumatisant, et qui contamine les autres écoles » a introduit hier Philippe Michel, président de la province Sud, à la traditionnelle conférence de presse de rentrée, à l’école primaire Gustave-Clain, à Koutio. Après une année scolaire 2018 marquée par des dégradations en série, 2019 place la sécurité des 20 400 élèves et des 12 502 collégiens qui reprennent les bancs de l’école en priorité absolue.

    « S’il y a une structure à préserver de l’insécurité et des actes de vandalisme, c’est bien l’école » commente Philippe Michel. Si on ne réagit pas et qu’on perd un collège, on perd 3 à 4 milliards de francs, justifie Philippe Michel. C’est aussi un signal désastreux qui est renvoyé. »

    Exercices en situation réelle

    Systèmes d’alarme, caméras de surveillance, rondiers, vigiles : la province Sud débloque 80 millions de francs, dont 30 pour relever le niveau de sécurité de douze collèges souvent cibles d’actes de vandalisme.

     

    L’idée c’est d’être réactif, et de ne laisser personne passer entre les mailles du filet. 

     

    Les 50 millions restants seront consacrés à des travaux de sécurisation et de renforcement des installations existantes.

    Pour faire face aux situations de violence ou d’agression, les formations des directeurs d’école se poursuivront cette année, avec des démonstrations pratiques et des exercices en situation réelle. Déjà 36 d’entre eux les ont suivi. Mais les directeurs seront également accompagnés dans l’élaboration d’un PPMS (plan particulier de mise en sûreté) en partenariat avec les acteurs extérieurs (Samu, pompier, sécurité civile, etc.) pour les cas de force majeur.

    Suppression des allocations familiales

    Enfin, pour mettre tout ce beau monde en musique, la province Sud a recruté un « chargé de mission sécurité - sûreté » pour la direction de l’enseignement secondaire, « preuve de l’importance accordée à cette problématique. » En parallèle, il s’agit de s’attaquer à l’un des facteurs de la délinquance : l’absentéisme qui mène au décrochage scolaire puis au désœuvrement, berceau de la délinquance. Dans la continuité du plan de prévention de la délinquance à l’échelle du pays, le signalement des absences aux parents - appel ou SMS - sera généralisé à l’ensemble des classes du primaire et du collège. A ce jour, 62 % des classes (soit 570) font déjà partie du dispositif. D’ici la fin de l’année, toutes les classes seront câblées et équipées. Le dispositif ne s’arrête pas là. Derrière ce système d’alerte, se déroule toute une procédure. Au-delà de 10,5 journées d’absences non justifiées, des mesures d’accompagnement sont contractualisées avec la famille, et un personnel référent est désigné. Si l’absentéisme persiste malgré la mise en place du dialogue, la direction de l’éducation peut être saisie, avec en dernier recours, un signalement auprès de la Dpass, du vice-rectorat, et enfin, de la justice. Objectif : mettre tout le monde dans la boucle. A ce stade-là, les parents « défaillants » s’exposent à des poursuites, et risquent par exemple une suppression des allocations familiales. « L’idée c’est d’être réactif, de ne laisser personne passer entre les mailles du filet, assène le président de la province Sud. C’est ça la nouveauté, relier tous les maillons entre eux. »

    Plus d’orientation, pour une meilleure fluidité du parcours

    Hélène Iékawé (au centre), membre du gouvernement en charge de l’éducation, a évoqué les grandes nouveautés de la réforme du primaire. Photo E.C.

     

    « Le projet éducatif ce n’est pas un leurre, sa mise en œuvre est aujourd’hui une réalité » insiste Jean-Charles Ringard-Flamant, vice-recteur. En témoignent les grands chantiers dans tous les cycles scolaires, avec des nouveautés à tous les étages. À commencer par la réforme des collèges en 2017, suivie du primaire en 2018, et du lycée cette année. « 2019, c’est sans doute l’année la plus significative, celle qui aura le plus d’impact sur le changement du système calédonien » poursuit le haut fonctionnaire. Pour Hélène Iékawé, membre du gouvernement en charge de l’Education, le projet éducatif se concrétise également par la mise en œuvre du « socle commun de connaissances, de compétences et de valeurs, adapté et contextualisé à la Nouvelle-Calédonie », sur toute la période de la scolarité obligatoire. C’est-à-dire de 5 à 16 ans. Objectif : « pallier la rupture entre le premier et le second degré. » Mais aussi la diversité du public scolaire. « On reste dans un système éducatif à la française mais tout en tenant compte de l’environnement calédonien », résume Hélène Iékawé.

    « Le lycée ce n’est pas une vocation »

    La mise en place d’un livret scolaire unique doit notamment permettre de suivre toute la scolarité de l’élève, avec une évaluation dès l’entrée en CP, et en CM1. Evaluation en math et en français qu’on retrouvera à l’entrée en 6e. Idem en seconde, avec un premier grand test général dès le 15 mars, qui permettra de réaliser un test de positionnement. « C’est ça le scoop de rentrée dans le second degré, relève le vice-recteur. On n’évalue pas pour évaluer, mais pour ajuster, mieux orienter et donner un accompagnement privilégié, personnalisé ».

     

    La réforme du lycée, ce n’est pas pour avoir le bac qui n’est que le premier grade universitaire, c’est pour réussir la formation supérieure. 

     

    L’orientation, autre grande nouveauté, devrait prendre cette année plus de place dans l’emploi du temps des élèves de seconde, à raison de 1 h 30 par semaine pour un total de 54 heures par an. « C’est essentiel pour ceux qui ne sont pas encore armés pour savoir ce qu’ils veulent faire plus tard, défend le vice-recteur, on les aide à s’éclairer ». Au-delà du lycée, l’orientation vise l’enseignement supérieur. Conclu mercredi, un partenariat négocié hier entre le vice-rectorat et l’UNC prévoit justement que des professeurs de l’université participent à ce temps dédié à l’orientation. « Le lycée ce n’est pas une vocation. D’ailleurs la réforme du lycée, ce n’est pas pour avoir le bac qui n’est que le premier grade universitaire, c’est pour réussir au-dessus », conclut le vice-recteur.


    8 %

    C’est le taux d’absentéisme pour l’école primaires et le collège confondus. Surprise : il se concentre en grande partie sur les maternelles.


    95 millions 

    C’est le coût de l’équipement en panneaux photovoltaïques dans les collèges.


    Bourses et aides

    Transport, cantine, Internet : la province Sud a prévu un budget de 1,7 milliard de francs pour les bourses et les aides.


    « Le décrochage scolaire est la première matrice de la délinquance. » 

    Philippe Michel, président de la province Sud.

     

    Repères

    67 508 élèves attendus

    De la maternelle au lycée, 67 508 élèves devraient reprendre le chemin de l’école dès lundi, dont 26 571 dans le premier degré public, 32 329 dans le second degré.

    Une semaine des parents à l’école

    Identifiée de longue date comme une piste clé, l’implication des parents dans la vie scolaire sera renforcée cette année avec « une semaine des parents à l’école ». L’opération se déroulera du 23 au 26 avril, et doit permettre de promouvoir les missions de l’école et de renforcer la relation école-parents.

    Baisse d’effectifs

    Observée depuis 2015, les effectifs scolaires reculent encore cette année (- 591 élèves). Une baisse qui devrait se poursuivre jusqu’en 2025, prédit le vice-rectorat, posant la question d’un « réagencement de la structure éducative », et pourquoi pas, d’une nouvelle composition des classes. « 337 élèves (77 dans le public, 260 dans le privé) en moins dans le second degré, ça représente ni plus ni moins la suppression d’un collège, » fait remarquer le vice-recteur. Même cas de figure dans le premier degré qui perd 254 élèves, soit l’équivalent de deux écoles.

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