Le 21 juin dernier, sur le littoral de Deva à Bourail, une tortue " grosse tête " a été retrouvée morte par les gardes nature de la province Sud. Cet animal de grande taille et très récemment échoué ne présentait pas de blessure externe ou de symptôme apparent pouvant expliquer l’origine de sa mort. S’agissant d’un fait rare pour cette espèce menacée et protégée, la province Sud a commandité la réalisation d’un examen médical approfondi, une nécropsie, pour tâcher de comprendre l’origine de sa mort.

Une tentative de braconnage opérée entre décembre 2020 et janvier 2021

Dans un communiqué, la Maison bleue explique que "La nécropsie réalisée par un vétérinaire spécialiste et indépendant, ainsi que des analyses complémentaires effectuées par le Laboratoire de Nouvelle-Calédonie ont révélé notamment qu’il s’agissait d’une tortue femelle de l’espèce Caretta caretta, baguée et référencée par Bwara Tortues Marines en décembre 2020, "née" en Nouvelle-Calédonie à La Roche Percée, et qui revenait pour la première fois pondre sur sa plage de "naissance" après une longue migration. L’âge moyen de ce spécimen est estimé à une trentaine d’années. L’un de ses poumons a été perforé et contenait de l’eau. Une cicatrice externe a alors été décelée, blessure provoquée par un objet pointu et en capacité de transpercer la carapace. Aucune infection bactériologique n’affectait cette tortue et ne peut expliquer sa mort.

Sur la base de ces éléments médicaux, la mort de cette tortue "grosse tête" résulte très probablement d’une tentative de braconnage réalisée pendant la dernière saison de ponte sur le secteur de la Roche Percée (entre décembre et janvier). La perforation d’un poumon du spécimen a engendré une mort lente au regard d’une blessure profonde et interne, et malgré la cicatrisation externe de la plaie. Ce spécimen rare et en âge de se reproduire venu spécialement en Nouvelle-Calédonie pour se reproduire, n’a ainsi pas pu reprendre sa grande migration afin de rejoindre son lieu de vie et de nourrissage éloigné.

Cette affaire révèle que les actes de braconnage, y compris sur des tortues "grosse tête" (les pressions de braconnages étant plus connues localement sur les tortues "vertes" car plus appréciées pour leur chair), perdurent en Nouvelle-Calédonie et ce, malgré le statut de protection des tortues marines depuis plus de 12 ans.

Sensibiliser la population à la protection des tortues et des sites de pontes

Face à cet évènement, la province Sud rappelle que toutes les espèces de tortues marines sont des espèces protégées car elles sont menacées. Elles font donc l’objet de mesures de gestion et de suivi de la part de nombreux acteurs engagés dans la protection de l’environnement et de la biodiversité calédonienne (province Sud, Bwara Tortues Marines, Aquarium des lagons, etc.).

Concernant le secteur géographique de Bourail, La Roche Percée figure comme l’une des dernières plages de Nouvelle-Calédonie où les tortues "grosse tête" viennent se reproduire. Il s’agit d’un site exceptionnel inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco et reconnu comme le second site de ponte le plus important (après l’Australie) pour sa population de tortues grosse tête du Pacifique Sud. Ce site d’importance majeur à l’échelle régionale n’accueille pourtant qu’une cinquantaine de femelles par an. Les individus de grande taille (en âge de se reproduire) sont devenus essentiels à la survie de ces espèces marines, et afin que nos enfants et les générations futures puissent continuer à les admirer.