- Anne-Claire Pophillat | Crée le 05.07.2025 à 07h00 | Mis à jour le 26.07.2025 à 14h36ImprimerLes forces de sécurité déchargent les ballots de cocaïne une fois arrivée à Nouméa. Photo État-major des arméesIl y a dix jours, le 25 juin, les forces armées de Nouvelle-Calédonie interceptaient 2,5 tonnes de cocaïne à bord du SM Dante dans les eaux internationales, à 400 miles nautiques de l’archipel. Le navire, en provenance du Panama, se dirigeait vers l’Australie, en vue d’y écouler la drogue. Depuis, le bateau a été ramené à Nouméa, une enquête ouverte pour trafic de stupéfiants, les sept membres d’équipage placés en détention provisoire et la cargaison détruite. Les autorités ont fait le point sur '"l’opération Dante" lors d’une conférence de presse vendredi 4 juillet. Explications.
Une opération menée par les Fanc
L’opération, menée dans le cadre de l’action de l’État en mer, avec principalement les moyens des Fanc, dont le patrouilleur outre-mer (POM) Auguste Bénébig, a débuté le 20 juin, "sur un renseignement de sources extérieures", retrace le général Yann Latil, commandant supérieur des forces armées de Nouvelle-Calédonie. Le patrouilleur, avec à son bord des renforts – fusiliers marins et douanes -, a pris en chasse, dès le 21 juin, le navire le SM Dante, "dans une mer très difficile", alors qu’il faisait route très probablement vers l’Australie. Là, les équipes ont "attendu une fenêtre favorable pour pouvoir monter à bord", poursuit Yann Latil. Ce sera le 25 juin au matin, "après avoir eu des autorisations nous permettant de le faire en sécurité, tant au point de vue météo qu’au point de vue légal". Les personnels de l’équipage ont été rapidement identifiés, ainsi que la cargaison de cocaïne, de plus de 2,5 tonnes. Le bateau a ensuite été raccompagné jusqu’à Nouméa, ce qui a pris plusieurs jours, étant "en très mauvais état, d’autant plus que l’équipage avait tenté de le saboter", rapporte le général. Une fois au port autonome, la police nationale a pris le relais des Fanc.

De gauche à droite, Marjorie Ghizoli, directrice de la police nationale, Yves Dupas, procureur de la République, Anaïs Aït Mansour, directrice de cabinet du haut-commissaire, Yann Latil, général commandant les forces armées de Nouvelle-Calédonie et Cédric Rollet, directeur des douanes, lors de la conférence de presse donnée vendredi 4 juillet dans l’après-midi sur l’opération Dante. Photo A.-C.P.Un bateau sans nationalité
Si le SM Dante portait pavillon du Panama, il était également revendiqué par la Tanzanie. De fait, explique Yves Dupas, procureur de la République, "c’est un navire réputé sans nationalité" et "la loi française peut s’appliquer". Les sept membres de l’équipage, deux Portugais et cinq ressortissants équatoriens, ont été placés en garde à vue le 29 juin pendant 96 heures, dans le cadre d’une enquête diligentée par la police judiciaire de Nouméa. "Nous avons retenu dans ce dossier les faits d’acquisition, de détention et de transport de stupéfiants, développe Yves Dupas, des infractions qui font encourir une peine de 10 ans d’emprisonnement et une amende très lourde." L’ensemble de l’équipage a été déféré jeudi 3 juillet, mis en examen et placé en détention provisoire.
Un réseau international "de grande envergure"
Pas de doute, pour Yves Dupas, ce trafic de stupéfiants "s’inscrit très clairement dans un réseau international de grande envergure". D’après les premiers éléments recueillis par le service d’enquête, le bateau a quitté le Panama autour du 25 mars, avant de faire une escale au Pérou pour des raisons techniques, puis de s’orienter vers l’Australie. La drogue était "destinée au marché australien, en aucun cas à la Nouvelle-Calédonie", insiste le procureur.
Une valeur estimée à 60 milliards de francs
Cette saisie inédite est bien plus élevée que celles réalisées lors d’opérations précédentes. Et s’inscrit dans un contexte mondial de trafic illicite de stupéfiants, qui génère énormément de flux financiers. "Le chiffre d’affaires de ce narcotrafic, pour la France métropolitaine uniquement, est évalué à 4 milliards d’euros" (près de 480 milliards de francs), indique Anaïs Aït Mansour, directrice de cabinet du haut-commissaire. Concernant la saisie de 2,5 tonnes de cocaïne, elle représenterait une valeur approximative de 500 millions d’euros (60 milliards de francs environ).

Le patrouilleur Outre-mer Auguste Bénébig a mené l’opération d’interception. Photo État-major des arméesLa drogue détruite, le SM Dante bientôt
La totalité de la drogue a fait l’objet d’une destruction à la SLN. Le bateau, quant à lui, est pour l’instant au port autonome. N’ayant pas d’armateur, le navire appartient à l’État. Il va rentrer dans une phase de dépollution et de déconstruction "qui va prendre un certain temps", selon Anaïs Aït Mansour, et coûter environ 100 millions de francs.
La zone Pacifique "sur la route"
La zone Pacifique, et donc la Nouvelle-Calédonie, se trouve "sur la route" du trafic de stupéfiants, affirme Cédric Rollet, directeur des douanes. "Je pense que ce serait une erreur stratégique de penser que les territoires pacifiques seront épargnés par cette menace, étant donné le niveau de production et de stock extrêmement important de certains pays qui veulent l’écouler." En 2024, la marine nationale a saisi 48 tonnes de stupéfiants, dont 28 aux Antilles, 11 dans le golfe de Guinée et 500 kg dans le Pacifique. "On sera bien au-dessus cette année", pointe Yann Latil.

L’opération d’arraisonnement s’est déroulée dans les eaux internationales, à environ 400 milles nautiques de Nouméa, sous la surveillance du Gardian. Photo État-major des arméesEn Nouvelle-Calédonie, la cocaïne arrive surtout par colis postaux
Si la cargaison de cocaïne n’était pas destinée au marché calédonien, le territoire est tout de même concerné par cette drogue, souligne Yves Dupas, mais elle arrive plutôt par le biais de colis postaux. "La douane est très active dans le repérage de ce mode d’acheminement. Peut-être aussi par des navires de plaisance, mais dans des quantités beaucoup plus faibles." Pour autant, les autorités sont "très vigilantes". "Quand on voit les dégâts causés par l’ice en Polynésie, nous devons rester très vigilants sur l’évolution des produits dans la consommation des Calédoniens." Certaines voies sont particulièrement surveillées, notamment la desserte par Fidji, "qui peut être un moyen de livrer ce produit". Le procureur indique cependant que de l’ice n’a jamais été découvert pour l’instant.
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