fbpx
    Nouvelle Calédonie
  • Anne-Claire Pophillat | Crée le 08.07.2025 à 16h42 | Mis à jour le 26.07.2025 à 14h38
    Imprimer
    En 2024, les incendies liés aux émeutes ont été les premiers responsables de la pollution de l’air avec 21 dépassements de seuils en mai et juin. Photo Archives LNC /  Anthony Tejero
    En 2024, les épisodes de pollution de la qualité de l’air ont été liés aux incendies au plus fort des émeutes, en mai et juin, révèle Scal’Air dans son bilan 2024, présenté lors d’une conférence de presse ce mardi 8 juillet. En revanche, la crise insurrectionnelle ayant affecté l’activité industrielle, la métallurgie a émis moins de polluants que les années précédentes. Explications.

    Les émeutes, "un impact fort sur l’environnement"

    Les émeutes "ont eu un impact très fort sur l’environnement et donc sur la santé des Calédoniens", introduit Nina Julié, présidente de Scal’Air, lors de la conférence de presse de présentation du bilan annuel de la qualité de l’air, organisée ce mardi 8 juillet. "2024 a été marquée par de nombreux épisodes de pollution de l’air liés aux incendies déclenchés par les exactions." Les feux des émeutes ont été responsables de 21 épisodes de dépassements de seuil de pollution entre mi-mai et fin juin, dont 6 dépassements du seuil d’information et de recommandation en particules fines PM10 (lire plus loin) à Vallée-du-Tir, Montravel, Logicoop et Nouville, "les secteurs les plus touchés", et un du seuil d’alerte sur la Vallée-du-Tir.

    Surtout, pour la première fois, Scal’Air a relevé 7 dépassements du seuil d’information et de recommandation en particules fines PM 2,5 sur Montravel et Logicoop. Enfin, le laboratoire mobile, qui était positionné à N’Du a connu des dépassements en PM 10 et en PM 2,5.

    "Des concentrations deux à dix fois plus importantes" que d’habitude

    Les techniciens de Scal'air ont relevé la présence de métaux dans les particules fines : arsenic, cadmium, plomb, antimoine, étain, zinc, cuivre, chrome, cobalt… En tout, 14 métaux distincts. "En temps normal, les polluants qu’on observe le plus dans ces particules fines sont le nickel et le zinc. L’année dernière, on a retrouvé d’autres choses qu’on ne voyait pas avant, comme l’arsenic, en lien avec les incendies pendant les exactions", relève Nina Julié.

    "Ce qu’il faut retenir, c’est que les concentrations de certains métaux dans les retombées atmosphériques sont deux à dix fois supérieures à ce qui est observé habituellement, même si tous sont en dessous des seuils réglementaires", précise Manina Tehei. La directrice de la structure de surveillance de la qualité de l'air pose également la question d’un impact potentiel à plus long terme des polluants persistants comme les dioxines et furanes, l’arsenic ou le plomb, ayant pu "contaminer les sols, les eaux littorales et souterraines et une partie de la chaîne alimentaire". Scal’Air aurait souhaité pousser davantage l’étude, "regarder jusqu’à quelle distance les panaches de fumée se répandent" et assurer d’autres prélèvements, ce qui n’a pu être fait faute de financements suffisants.


    Manina Tehei, directrice de Scal’Air, et Nina Julié, présidente, ont présenté le rapport annuel de la qualité de l’air lors d’une conférence de presse mardi 8 juillet. Elles ont noté un facteur notable, en 2024, à savoir la présence d’alizés, "ces vents qui éloignent quand même les polluants, en tout cas atmosphériques". Photo A.-C.P.

    Une baisse de l’activité industrielle

    L’année dernière a été marquée par l’arrêt de KNS - et donc la fin de la surveillance du site par Scal’Air -, mais aussi la mise sur pause pendant plusieurs mois de Prony Resources, ainsi que la réduction de l’activité de l’usine de Doniambo. Tout cela a entraîné une diminution de la consommation de combustibles. "Évidemment, on observe des différences en termes d’émissions de polluants", indique Manina Tehei. Dans le Grand Sud, sur "le peu qu’on a pu mesurer avant mai et à partir de septembre, on a observé aucun dépassement particulier de polluants atmosphériques". Conséquence : la qualité de l’air s’est globalement améliorée en 2024, mais de manière relativement factice, "tout simplement parce que les activités émettrices ont été fortement touchées et ont moins émis de polluants par rapport aux années précédentes", note Nina Julié.

    Première année de suivie pour l’incinérateur de déchets dangereux

    Pour l’incinérateur de déchets dangereux de Promed situé à Numbo, Scal’Air a surveillé sept polluants, notamment les dioxines et furanes. "C’est une première, et je sais que c’était une grande inquiétude de la population. Ce sont des particules extrêmement fines qui vont dans les poumons et qui génèrent, comme beaucoup d’autres polluants, des cancers par exemple." Résultat : les niveaux sont conformes aux normes. L’association n’a pas relevé d’impact visible de l’incinérateur en termes de particules fines et retombées atmosphériques. Néanmoins, cela reste difficile de tirer des conclusions, puisque la production de l’incinérateur a subi des variations au cours de l’année dernière. La surveillance de l'installation se poursuit en 2025, une obligation dans le cadre de son ICPE [installation classée pour la protection de l’environnement NDLR].

    Au port autonome, une étude sur la croisière biaisée

    L’objectif de l’étude menée au port autonome en 2023 et 2024 était de mesurer la pollution atmosphérique relative aux activités portuaires, notamment la croisière. Sauf que l'année dernière, l’arrivée de paquebots a été inexistante entre mi-mai et novembre. "On a quand même relevé des concentrations moyennes en particules fines et la présence de plomb qui sont plus élevées que sur l’ensemble de notre réseau nouméen." Si cela reste en dessous des seuils réglementaires, l’activité portuaire "nous indique qu’il y a un certain nombre d’impacts".

    Autre point relevé : des sources de pollution très localisées liées aux activités spécifiques du port, comme le levage et le transport de marchandises. Scal’Air a procédé à quelques recommandations dans son rapport : assurer un suivi à plus long terme ; utiliser des engins de levage et de transport plus propres, à gaz ou électriques, et "quelque chose qui est demandé depuis plusieurs années, le raccordement électrique de l’ensemble des navires sur le port. Mais, il me semble qu’ils y travaillent."

    Une situation financière précaire

    Si Scal’air a décidé d’organiser sa conférence de presse à sa station de mesure de l’Anse-Vata, située à côté de l’école Les Lys, ce n’est pas par hasard. L’association a été contrainte de la fermer, "consécutivement aux émeutes et à l’effondrement des recettes fiscales", explique Nina Julié, élue Générations NC à la province Sud et présidente de Scal’air. "Le gouvernement ne finance plus cette station, nous avons donc été obligés de l’arrêter." La baisse des subventions est globale. "Les collectivités, à part la province Sud, n’ayant pas pu participer au fonctionnement, la totalité de notre budget a été supporté par nos partenaires industriels." La structure est "presque dans le rouge", ajoute Nina Julié. L’activité pourrait être remise en question en 2026.

    Mesures alternatives

    Face à ce constat, des mesures alternatives pour financer la structure ont été proposées au gouvernement, comme imposer un suivi au port autonome, par exemple, ce qui permettrait au gouvernement de se désengager financièrement et "de ne pas assurer la surveillance de ce que les pollueurs devraient faire en réalité". Nina Julié évoque également des campagnes de suivi des polluants émis par les voitures, comme les BTEX, que Scal’air a financées pendant quatre ans. "Les collectivités ont assuré ce suivi, alors qu’il aurait pu être pris en charge par les importateurs de carburant ou de véhicules. Il y a les carrières aussi. On avait commencé un suivi de celle de Dumbéa, mais on n’a pas de financement dédié."

    Plus les particules sont fines, plus elles sont dangereuses

    Les particules fines sont différenciées en fonction de leur taille, PM 10 et PM 2,5. Or, plus elles sont petites, plus elles peuvent facilement pénétrer dans l’organisme. Nina Julié, présidente de Scal’air, raconte que les Calédoniens envoient souvent des photos de la SLN quand il y a un gros nuage de poussière autour, parce que cela les inquiète. "Nos appareils ne mesurent pas, à ce moment-là de l’événement, des épisodes de pollution. En fait, ces particules sont tellement grosses que ce n’est pas celles qui vont être les plus dangereuses pour notre santé, parce qu’on a des barrières naturelles qui vont les bloquer. Ce qui est plus inquiétant, c’est quand on ne voit pas la pollution, parce que c’est ça qui pénètre à l’intérieur de nos corps. On a l’impression que Scal’air ne fait pas son travail, mais si, c’est juste qu’on surveille les particules qui peuvent avoir un impact potentiel sur la santé." Les particules fines peuvent s’infiltrer en profondeur dans les voies respiratoires, les poumons, et provoquer des pathologies qui vont de la simple inflammation aux affections les plus graves.

    Note

    Le rapport annuel 2024 est disponible sur le site www.scalair.nc/

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS