- Julien Mazzoni | Crée le 28.07.2025 à 13h37 | Mis à jour le 04.08.2025 à 14h14ImprimerDans la cour du lycée Do Kamo, ce lundi 28 juillet, il ne reste plus rien du faré, incendié dans la nuit de jeudi. Photo Julien MazzoniAvant de débuter les cours ce lundi 28 juillet, l’équipe pédagogique du lycée Do Kamo, à la Vallée-des-Colons, a convié lycéens et parents à un moment de parole pour évoquer l’incendie qui a réduit le faré en cendres jeudi et remobiliser les élèves.
Dans la cour du lycée Do Kamo, ce lundi matin, il ne reste plus de trace de l’incendie qui a réduit en cendres le faré qui trônait au cœur de l’établissement. Seule l’odeur de brûlé rappelle le sinistre qui a anéanti, dans la nuit de jeudi 24 juillet, cet édifice qui était "l’âme du lycée". Vendredi, après le choc, les manches se sont retroussées. Pas le temps de s’apitoyer. Des membres de l’équipe éducative, accompagnés de parents et d’élèves ont uni leurs forces pour nettoyer la cour du lycée. "On a passé toute la journée à déblayer, couper les bois, les ranger sur le côté. Il y avait beaucoup de monde. C’était vraiment bien", raconte Hassan Bahri, enseignant en SVT.
Lycéens, ce n’est pas une ruine que vous voyez là, mais c’est un projet, un renouveau.
Avant de retrouver leur salle de classe, un temps de prise de parole était organisé dans la cour pour les élèves et les parents. Entre les coutumes, le culte et les discours des uns et des autres, ce moment de partage avait parfois des allures de cérémonie de deuil. "Nous demandons pardon à ceux qui ont construit le faré et pardon aux parents, nous n’avons pas su le protéger", déclare au micro, la voix tremblante, un membre de l’équipe éducative, une étoffe de tissu à la main. Pourtant, pas question de baisser les bras et de sombrer dans le fatalisme. Lors du culte, le pasteur Wadrobert adresse un message d’espoir : "Lycéens, ce n’est pas une ruine que vous voyez là, mais c’est un projet, un renouveau. Que Dieu remplace cette odeur de fumée en parfum d’apaisement et de résilience."

À l’entrée du lycée, lundi 28 juillet. Photo Julien MazzoniUn message que les élèves écoutent avec attention, car ils ont tous été choqués par la nouvelle de l’incendie. "J’étais un peu désespéré, un peu triste, reconnaît Rohan Douépéré, 17 ans. Ce faré, je l’aimais bien. J’y allais souvent pour faire mes devoirs, pour dire bonjour à tout le monde." "On était un peu tristes et un peu en colère, ajoute Maguy Ngazo, 17 ans elle aussi. Ça fait un peu bizarre de voir la cour comme ça ce matin. Parce qu’on a l’habitude de venir et de rester dedans", se désole la jeune fille. Nelson et Kydja, eux, espèrent que le faré sera reconstruit : "On est partagés entre colère et déception, mais on garde l’espoir", confient les deux jeunes hommes, qui voient dans cette rencontre "une façon de reconstruire".
Ce faré, c’était un symbole dans ce milieu urbain. Il faisait partie de l’histoire du lycée Do Kamo.
Car, comme l’a rappelé le pasteur Bouko, de la tribu de Hwadrilla, à Ouvéa, qui avait bâti l’édifice avec les membres de sa paroisse en 2013, "il faut relever la tête et avancer. Planter quelque chose et l’entretenir, tout simplement, c’est ça le message qu’il faut faire passer aujourd’hui", affirme celui qui fut aumônier de l’établissement de 2001 à 2008. "Ce faré était un symbole dans ce milieu urbain. Il faisait partie de l’histoire du lycée Do Kamo", rappelle-t-il. Incendié en 2012, le petit faré avait laissé place à celui érigé par les gens de Hwadrilla. Sa paille avait été refaite en 2023 avec le soutien des parents d’élèves et de l’Amicale des jeunes de Wedrumel.
Quelques parents ont fait le déplacement ce matin. Eux aussi expriment leur tristesse et interpellent la jeunesse. "C’est important de les mobiliser parce que c’est pour eux qu’on fait tout ça", explique Tenda, quadragénaire originaire de Boulouparis. Il estime que les jeunes sont parfois trop "matrixés par les réseaux sociaux, ils ne sont plus dans la réalité, il faudrait revenir un peu plus sur les rapports humains", glisse-t-il. Jacinthe, elle, est déjà tournée vers l’avenir. Son fils est en seconde et "il faut reprendre l’école et préparer les examens", insiste-t-elle. Mais "il y a une violence gratuite omniprésente en ce moment. C’est dommage qu’il n’y ait pas plus de parents ce matin", se désole la maman.

Rémy Vanhalle, un des directeurs du lycée Do Kamo. Photo Julien MazzoniDans son bureau, l’un des directeurs de l’établissement, Rémy Vanhalle, encore visiblement sous le choc, regarde lui aussi vers l’avenir. "L’objectif ce matin est de remobiliser les élèves, qui ont des échéances à préparer, et de donner la parole à tous pour qu’ils puissent s’exprimer. Mais aussi demander pardon aux parents et leur dire que quoi qu’il arrive, nous allons continuer à œuvrer pour leurs enfants."
Rémy Vanhalle annonce d’ailleurs la reconstruction d’un faré. "Un comité va être créé pour savoir si nous le reconstruisons à l’identique ou si nous allons utiliser de nouveaux matériaux, comme de la paille ignifugée." Le pasteur Wadrobert avait peut-être raison : à Do Kamo, ce matin, ce n’est pas un champ de ruines qui s’offrait à la vue, mais bien un espoir de renouveau.
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