- AFP | Crée le 10.06.2025 à 11h44 | Mis à jour le 10.06.2025 à 14h01ImprimerLionel Païta, petit-fils de Clément Païta, grand chef de Païta, est décédé le 7 juin 2024, quelques jours après avoir été atteint par un tir de gendarme – qui n’était pas en service – au niveau du col de la Pirogue. Les obsèques avaient eu lieu le 17 juin Photo AFP / Thomas BernardiLionel Païta est décédé il y a un an, le 7 juin 2024, à 26 ans, quatre jours après avoir été blessé par un tir de gendarme – qui n’était pas en service – au col de la Pirogue. Sa tribu de Saint-Laurent lui rendait hommage samedi. Son entourage s’interroge toujours sur les circonstances de sa mort.
Sur la RP1, à hauteur de la tribu de Saint-Laurent, à Païta, un totem sculpté par des jeunes marque désormais l’endroit où Lionel Païta, 26 ans, a été mortellement blessé. Le jeune homme participait à un barrage lors des émeutes de 2024, le 3 juin, lorsqu’il a été atteint par un tir de gendarme qui n’était pas en service. Il est décédé quatre jours plus tard des suites de ses blessures, le 7 juin. Un an après, sa tribu lui a rendu hommage samedi, en installant une œuvre ornée d’oiseaux, son prénom kanak, "Nyaravü", signifiant "hirondelle".
Famille et proches s’interrogent toujours sur les circonstances de sa mort. L’enquête a été confiée à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), mais une audience tenue le 15 avril au tribunal de Nouméa a permis de mieux cerner les faits. Élie Païta, 33 ans, cousin de Lionel, qui se trouvait avec lui lors du drame, était jugé pour "violence avec usage ou menace d’une arme sans incapacité". Il est accusé d’avoir volontairement percuté, avec un pick-up, une voiture de location à bord de laquelle se trouvaient des gendarmes en civil.
Une volonté de bloquer le véhicule des gendarmes
Selon lui, les militaires, partis sans autorisation de leur hiérarchie pour déjeuner à Nouméa, avaient traversé à vive allure le barrage indépendantiste sur lequel il se trouvait. Deux semaines plus tôt, trois jeunes Kanak avaient été tués par des civils armés en marge de pillages et d’affrontements, réveillant les souvenirs douloureux de la quasi-guerre civile des années 1980 et alimentant les craintes de "milices". Un autre homme avait également perdu la vie à Kaala-Gomen, à un barrage, après un échange de tirs. Élie et Lionel Païta se seraient alors lancés à la poursuite du véhicule, "dans le but de le bloquer", selon Élie. Le pick-up percute la voiture. L’un des gendarmes, sans tir de sommation ni annonce de son statut, ouvre le feu à treize reprises. Élie Païta, au volant, est blessé au bras. Lionel descend alors du véhicule et tire à deux reprises avec un fusil de chasse. Il est atteint mortellement par un tir de riposte d’un second gendarme.
"Exprimer la colère autrement"
La gendarmerie nationale n’a pas souhaité commenter les faits. Mais cette version, contrastant avec les déclarations initiales du parquet, qui évoquait un "contexte d’embuscade" et une attaque menée par "deux hommes armés", alimente encore la colère de nombreux jeunes de la tribu. Début mars, des incidents ont opposé certains d’entre eux, alcoolisés, aux forces de l’ordre. La commémoration de samedi a donc pris une tournure résolument politique, à l’initiative du comité local de l’Union calédonienne (UC). "On essaie d’ouvrir des espaces de parole pour nos jeunes, pour qu’ils expriment cette colère autrement et que l’on puisse se tourner vers l’avenir", explique Allan Païta, secrétaire du comité et oncle de Lionel Païta.
Une avocate a été conviée pour répondre à leurs questions et expliquer le fonctionnement de la justice. Le long du chemin qui mène à la maison commune de la tribu, des affichettes rappellent les grandes étapes de la lutte indépendantiste. Une exposition retrace la mobilisation contre la réforme électorale à partir de novembre 2023 et les manifestations qui ont précédé l’explosion de violences du 13 mai 2024, qui s’est soldée par la mort de 14 personnes, dont deux gendarmes, et environ 240 milliards de francs de dégâts. "Il faut que l’on réinscrive ces jeunes dans l’histoire du combat politique et de la lutte pacifique", poursuit Allan Païta.
D’après le quotidien Le Monde, Élie Païta doit être rejugé ce mardi 10 juin, le parquet ayant fait appel de sa condamnation à trente mois de prison, dont dix-huit mois de sursis probatoire.
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