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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 24.07.2025 à 17h45 | Mis à jour le 26.07.2025 à 18h41
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    De gauche à droite : Jacques Billant, haut-commissaire, Sonia Backès, présidente de la province Sud, Yves Dupas, procureur de la République et François Haouchine, commandant de la gendarmerie de Nouvelle-Calédonie, lors de la présentation du bilan de la d Photo Baptiste Gouret
    Les acteurs de la sécurité étaient réunis, jeudi 24 juillet, à l’hôtel de la province Sud dans le cadre d’un conseil provincial de prévention de la délinquance. L’occasion de dresser un premier bilan de la délinquance en 2025, qui laisse apparaître une hausse importante des actes violents, dont certains traduisent des situations sociales dégradées et "une paupérisation de la société".

    Une situation "tendue" et un fort sentiment d’insécurité

    "À mi-parcours de l’année 2025, les indicateurs de la délinquance en Nouvelle-Calédonie traduisent une situation qu’on peut qualifier de tendue", a introduit, devant la presse, le haut-commissaire Jacques Billant, au terme d’un conseil provincial de prévention de la délinquance qui a réuni l’ensemble des acteurs de la sécurité du territoire (gendarmerie, police, maires, procureur…). Si les actes violents sont retombés par rapport au pic de mai à juillet 2024, marqué par les émeutes, ils demeurent à un niveau plus élevé qu’en 2023. La conséquence : un "sentiment d’insécurité encore très marqué au sein de la population calédonienne", note Jacques Billant. Depuis la crise insurrectionnelle, "il y a un traumatisme toujours réel", qu’il convient "de prendre en compte". "Être là où il faut, quand il le faut, et avoir de la visibilité, du contact avec nos concitoyens pour les rassurer", exige le haut-commissaire.

    Une "progression inquiétante" des violences contre les forces de l’ordre

    C’est probablement une autre conséquence de l’épisode insurrectionnel de l’année dernière. Les autorités constatent une "banalisation de la violence et un rejet assumé de l’autorité", s’inquiète Jacques Billant, qui se traduit souvent par des actes violents envers les forces de sécurité. Une "progression inquiétante" des violences contre les agents dépositaires de l’autorité publique a été constatée durant les six premiers mois de 2025 : 232 faits ont été recensés, soit une hausse de 96,6 % par rapport à la même période en 2023, pour un total de 110 policiers et gendarmes blessés. "C’est un chiffre très important, le plus important au niveau national", alerte le haut-commissaire.

    Délinquance d’appropriation et "paupérisation croissante"

    "La délinquance d’appropriation est en hausse dans les quartiers populaires. Et ça, ça reflète une paupérisation croissante avec une situation sociale sous tension", affirme Jacques Billant. La preuve : les vols portent de plus en plus "sur la nourriture". "Un certain nombre de cambriolages concernent d’abord le contenu du frigidaire", confirme le procureur de la République, Yves Dupas. Une hausse de 28 % des cambriolages de résidence a été constatée au premier semestre 2025 par rapport à celui de 2023.

    Deux fois plus d’incendies volontaires

    Autre tendance notable : la très forte augmentation des incendies volontaires depuis le début de l’année (+ 86,3 %). "Cette évolution semble s’inscrire dans le prolongement des tensions post-émeutes", indique le haut-commissaire. Ces incendies sont en effet souvent accompagnés "d’entraves" sur la voie publique, un phénomène nouveau. D’autre part, depuis la crise insurrectionnelle, les vols et les dégradations sont quasi systématiquement suivis d’un incendie, "signe d’une contestation permanente d’une partie de la population".

    Violences intrafamiliales : des mineurs davantage représentés

    Territoire très marqué par les violences intrafamiliales, la Nouvelle-Calédonie continue de battre des records dans le domaine. "1 408 victimes ont été recensées depuis début 2025", révèle Jacques Billant. C’est "deux à trois fois plus que la moyenne nationale". Surtout, ce chiffre augmente chaque année, sans que les autorités parviennent à enrayer sa progression. En deux ans, les violences intrafamiliales, qui affichaient déjà un niveau très élevé, ont bondi de 12 %. Plus inquiétant encore : si les femmes restent les principales victimes, la part des mineurs ayant subi des coups et des blessures volontaires est en forte hausse, "ce qui nous préoccupe particulièrement", souligne le haut-commissaire. "C’est sans doute à mettre en rapport avec une souffrance sociale en développement dans les foyers de Nouvelle-Calédonie."

    Les grandes mesures du plan provincial de prévention de la délinquance 2025-2028

    En dehors de la présentation du bilan de la délinquance 2025, la réunion entre les différents acteurs de la sécurité en province Sud organisée ce jeudi 24 juillet devait permettre à la Maison bleue de dévoiler son plan provincial de prévention de la délinquance (PPPD) 2025-2028. Un document qui fixe les grandes orientations de la collectivité dans la mise en œuvre de ses politiques publiques en matière de sécurité et de prévention pour les trois prochaines années. Il décline, au total, cinq "axes prioritaires" et trente "actions concrètes".

    Parmi elles, plusieurs mesures phares ont été listées par la présidente de la province Sud, Sonia Backès. À commencer par l’instauration de "travaux non rémunérés", ou TNR, pour les élèves de collège indisciplinés. "Aujourd’hui, la réponse qui est apportée en conseil de discipline, c’est bien souvent l’exclusion, et ça ne règle jamais le problème", estime la présidente de la province Sud. Ces travaux, plafonnés à 20 heures et à réaliser dans une structure de la province Sud, sont présentés comme une alternative à un renvoi temporaire ou définitif de l’élève. Un travail est en cours avec le gouvernement et pourrait aboutir prochainement à la signature d’une convention.

    21 ans, l’âge minimum pour acheter de l’alcool ?

    Toujours dans le cadre de la prévention de la délinquance chez les mineurs, la province Sud envisage d’ouvrir, en lien avec la justice, un centre pour les jeunes en errance. Ces mineurs interpellés sur la voie publique entre 22 heures et 5 heures seraient emmenés dans un lieu d’accueil "d’urgence" qui garantirait leur "mise à l’abri et leur protection".

    L’autre axe sur lequel la province Sud a décidé de porter son attention, c’est la lutte contre la consommation excessive d’alcool, alors que 80 % des délits sont commis par des personnes sous l’empire d’un état alcoolique. "On a déjà essayé plein de choses, certaines ont fonctionné mais globalement, on n’arrive pas à régler le problème", reconnaît Sonia Backès. Plusieurs mesures sont envisagées, notamment le passage à 21 ans de l’âge minimum requis pour pouvoir acheter de l’alcool en province Sud. D’autre part, la création d’un fichier des personnes ayant commis un délit sous l’influence de l’alcool est en cours de réflexion. Il donnerait lieu à la création d’une "carte informatisée avec quota et niveaux d’autorisation pour l’achat d’alcool".

    Enfin, pour limiter les cambriolages, des aides financières pourraient être proposées aux particuliers pour protéger leurs domiciles, à l’image de ce qui se fait déjà pour les entreprises. Un dispositif qui s’est avéré efficace : en deux ans, les cambriolages de locaux professionnels ont baissé de 14 %.

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