fbpx
    Nouvelle Calédonie
  • Charlie Réné / charlie.rene@lnc.nc | Crée le 16.03.2018 à 04h25 | Mis à jour le 16.03.2018 à 06h52
    Imprimer
    En Nouvelle-Calédonie, les prestations familiales du régime salarié ou du régime de solidarité sont gérées par la Cafat. Elles représentent environ 12,5 milliards de francs. Photo Archives LNC
    Société. Supprimer les allocations familiales aux parents de délinquants : l’idée revient souvent chez certains élus ou sur les réseaux sociaux. Le gouvernement rappelle, lui, qu’un dispositif de suspension des allocations pour absentéisme existe déjà.

    Faut-il supprimer les allocations familiales aux parents de mineurs délinquants ? L’idée fait visiblement son chemin. Dans leur plan de sécurité présenté fin 2016, les Républicains Calédoniens demandaient déjà la « suppression des allocations pour les parents de mineurs récidivistes », et en ont depuis fait une proposition phare dans le débat sur la délinquance. Le Conseil économique, social, et environnemental a lui-même recommandé cette mesure, synonyme selon lui de « meilleure responsabilisation parentale », lors de son rapport sur le plan de prévention de la délinquance, qui vient d’être voté au Congrès. Hier, le gouvernement a tenu à apporter une « précision » importante : un dispositif de suspension des allocations existe déjà.

     

    Déjà 1 355 sanctions

    Il s’applique aux parents d’enfants trop souvent absents en cours ou complètement déscolarisés, ce qui est souvent le cas des mineurs récidivistes. « En Nouvelle-Calédonie, le versement des allocations familiales est conditionné à la scolarité des enfants » rappelle l’exécutif, qui a voté une convention mettant en place le dispositif dans les collèges et lycées avec le vice-rectorat et la Cafat courant 2016. « À compter de 10 journées et demie d’absences injustifiées, l’établissement nous transmet un signalement par une application dédiée », précise-t-on au vice-rectorat. C’est « le service de la vie de l’élève » qui le traite : alerte des parents, vérifications de la situation familiale… En en cas de répétition, le signalement est transmis à la Cafat, qui peut suspendre ses versements. C’est ainsi qu’en 2017, la « sanction administrative » s’est appliquée aux familles de 1 355 mineurs, dont 817 collégiens et 498 lycéens. Le gouvernement ne précise pas la proportion de « décrocheurs » qui retourne en cours, mais la procédure semble être saluée au vice-rectorat. Ou à la province Sud, qui a passé une convention du même type concernant le primaire. D’autre part, dès lors qu'un mineur fait l'objet d'une mesure de placement, le juge peut changer l’affectation des allocations, vers la structure d’accueil (DPASS…). Au tribunal, on insiste « sur l'importance essentielle du travail administratif de signalement en amont » pour ces mesures d’ordre judiciaire.

     

    Vers un « contrat de responsabilité » ?

    Mais quid de la suppression des « allocs » pour les mineurs récidivistes ? Pour l’exécutif, et notamment sa présidence, il s’agit d’un « faux débat », « dans la mesure où il s’agit d’enfants déscolarisés qui, par conséquent, n’en bénéficient plus ». Déjà discutée en Métropole, cette proposition serait aussi difficile à mettre en place d’un point de vue juridique, à cause du principe de « personnalité des peines » qui interdit de condamner une personne pour un fait qu'elle n'a pas elle-même commis. Malgré tout, les Républicains Calédoniens veulent aller au bout de leur idée : Christopher Gygès « travaille actuellement avec la Dass sur un contrat de responsabilité qui serait signé par tous les parents ». Un dispositif un temps testé au niveau national (lire ci-contre) qui devrait, selon le membre du gouvernement, permettre de suspendre les allocations en cas d’actes de délinquance.

     

    Bilan mitigé en métropole

    Le débat est tout aussi vif au niveau national. Créé en 2006, le « contrat de responsabilité parentale », passé entre certaines familles et leur conseil général, permet la suspension des allocations pour absentéisme. Mais il est très peu utilisé. En 2010, la « Loi Ciotti », du nom d’un député Les Républicains, est venue systématiser ces suspensions, dès 4 demi-journées d’absence injustifiée par mois et après alerte des parents. L’inspection académique l’utilise avec parcimonie : en deux ans, seules 619 sanctions sont prononcées pour 80 000 signalements. En 2013, la majorité socialiste supprime le dispositif, le jugeant « inefficace » : les enfants des familles concernées avaient retrouvé leur assiduité dans moins d’un tiers des cas. Quant à la suppression des allocations pour les parents de récidivistes, elle a été plusieurs fois évoquée à droite, et jusqu’à récemment, à l’extrême droite. Mais jamais appliquée.

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS