- Julien Mazzoni | Crée le 30.05.2025 à 16h47 | Mis à jour le 02.06.2025 à 13h52ImprimerMarine Le Pen à son arrivée au wharf du Vallon-Dore ce vendredi 29 mai. Photo Julien MazzoniPour son troisième et dernier jour de visite en Nouvelle-Calédonie, la cheffe du groupe Rassemblement national au Palais Bourbon s'est rendue ce vendredi à la rencontre des habitants du Mont-Dore Sud. Elle y a présenté son projet pour le pays, qui n'a pas fait l'unanimité. Si l'accueil a été chaleureux, les débats ont été parfois houleux.
C'est avec une bonne demi-heure de retard que Marine Le Pen est arrivée, ce vendredi matin, au débarcadère du Vallon-Dore. La navette maritime sur laquelle elle avait embarqué à 7h30 de Nouméa a poussé jusqu'à Plum avant de rebrousser chemin. Pendant que la présidente du groupe Rassemblement national à l'Assemblée et les membres de sa délégation expérimentaient le moyen de déplacement que les habitants du Mont-Dore sud ont été contraints d'utiliser pendant des mois en raison des émeutes en 2024, une petite foule se rassemblait aux abords du wharf. Parmi la centaine de personnes présentes, un grand nombre de membres de l'Association citoyen mondorien, autour de leur président, Florent Perrin. Ils sont venus là pour "souhaiter la bienvenue à Marine" mais aussi pour exprimer leurs attentes et leurs craintes par rapport aux thématiques qui leur sont chères : la sécurité, le dégel du corps électoral et "le respect de la démocratie". A 18 heures, ils réserveront le même accueil a François-Xavier Bellamy, vice-président des Républicains.
Bataille de drapeaux
Les drapeaux bleu blanc rouge sont de sortie et on se dit que Marine Le Pen va avoir droit à un accueil chaleureux. Quelques minutes avant que la navette ne jette ses amarres sur le ponton, le ton monte à quelques mètres, dans la foule. Parmi les habitants venus saluer la députée, trois arborent un drapeau FLNKS et se font rapidement prendre à partie : "Dégage de là avec ton torchon !" Les esprits s'échauffent malgré la présence de nombreux gardes mobiles et, après quelques vifs échanges, le calme revient. Paul, Maréen d'une cinquantaine d'années résidant au Mont-Dore depuis quelques mois, ne s'attendait pas à "cette méchanceté". "Je suis venu avec mon drapeau kanak saluer la députée et son discours qui a changé, c'est un discours de paix, je voulais encourager ce discours de dialogue et au final je me fais insulter." Le décor est planté.

Cet habitant est venu avec son drapeau kanak "saluer Marine Le Pen et son discours de paix". Malgré quelques tensions, il a pu serrer la main de la députée. Photo Julien MazzoniDans la Salle des communautés, les 150 personnes présentes font face à la délégation du Rassemblement national et ils ont des choses à leur dire. Florent Perrin introduit la rencontre en évoquant d'abord "la nécessaire unité du camp loyaliste. On a confiance en nos élus qui ont dit non au projet d'indépendance de [Manuel] Valls. Il faut être ensemble pour que la Nouvelle-Calédonie reste française." La salle applaudit. Le président poursuit sur les thèmes qui préoccupent les membres de son association : le respect de la démocratie et la sécurisation de la route de Saint-Louis. "On veut la construction d'un pont pour contourner la tribu, c'est la seule solution pour arrêter d'être pris en otage, on demande votre soutien à l'Assemblée nationale", clame-t-il en direction de Marine Le Pen.

Florent Perrin, président de l'Association citoyens mondoriens, a présenté les doléances des habitants à la députée. Photo Julien MazzoniAutre sujet sensible, le dégel du corps électoral est largement évoqué. Des membres de l'association Un Cœur une voix, qui porte cette revendication, la prennent également à partie.
Accord sur quarante ans
Il faut dire que la proposition de la cheffe de file du Rassemblement national, d'un accord sur quarante ans avec une consultation par référendum au terme de ce délai ne fait pas l'unanimité dans l'assistance. Marine Le Pen évoque alors les grandes lignes de son projet. Pour elle, la priorité est la relance de l'économie et pour "redonner confiance aux investisseurs, il faut un accord politique". Si elle fait le procès des élus calédoniens qui "en vingt-cinq ans n'ont rien fait pour préparer l'avenir", elle admet que l'accord de Nouméa, auquel elle était opposée, "a néanmoins eu le mérite d'apporter la paix".

Environ 150 personnes étaient présentes dans la salle des communautés, vendredi 29 mai. Photo Julien MazzoniLe public désapprouve. "On a voté trois fois non et ils refusent la démocratie !" "Quand bien même vous voteriez trente deux fois non, pensez-vous vraiment que vous empêcherez les Kanak de vouloir leur indépendance ?, rétorque Marine Le Pen. Ce que je propose c'est d'organiser une autre consultation dans quarante ans, le temps de convaincre que la prospérité et la sécurité de la Nouvelle-Calédonie sont dans la France".

La présidente du Rassemblement national a débattu avec le public lors d'échanges parfois houleux. Photo Julien Mazzoni"Projets structurants", "formation adaptées aux besoins des entreprises", "mini-centrales nucléaires pour assurer les besoins énergétiques", "véritable rééquilibrage économique", "tirer le bilan du transfert des compétences", "il faut passer à la vitesse supérieure", assène la députée, mettant en avant "les peurs existentielles de chaque camp, mauvaises conseillères", qui empêchent d'avancer.
Peu d'éléments concrets sur tous ces sujets et leur mise en œuvre, mais un discours prônant le dialogue et l'ouverture afin de parvenir à un accord politique. "Il n'y a pas d'autre solution à part la guerre civile", tranche-t-elle. Une position qui l'aura mise, au moins le temps de cette matinée, et face à des habitants excédés par des mois de peur et de violence, dans une position de modératrice qu'on ne lui connaissait pas. "Il y a eu des failles énormes dans l'accord de Nouméa. On est à un moment ou toutes les factures arrivent en même temps mais ce n'est pas pour ca qu'il faut baisser les bras. J'apporte des solutions avec énergie et une vraie croyance dans ce que je défends et je vais essayer de convaincre." Marine Le Pen a également confirmé avoir fait la demande au président Macron de rejoindre les discussions autour de l'avenir institutionnel. "Le RN est le premier parti de l'Assemblée nationale et je pense que notre projet mérite d'être présenté pour le bénéfice de tous." Pour l'instant, l'Elysée n'a pas donné suite.
Marine Le Pen sera en réunion publique ce vendredi à 18 heures au Château Royal. Ce sera son dernier rendez-vous calédonien. Elle s'envolera avec sa délégation samedi soir pour Paris, où le temps de quelques jours et de quelques visites parlementaires, la Calédonie se sera invitée dans le débat national, à deux ans des élections présidentielles.
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