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    Nouvelle Calédonie
  • | Crée le 06.11.2018 à 05h54 | Mis à jour le 09.11.2018 à 07h59
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    Selon les derniers éléments, aucun blessé n’était à déplorer. Les gendarmes n’auraient pas été victimes de tir. Photo Fabrice Balsamo
    FAITS DIVERS. Une fois de plus, hier, Saint- Louis a été le théâtre d’affrontements entre gendarmes et un groupe bien décidé à bloquer la RP1. Les automobilistes ont été contraints de faire preuve de patience, ou de rebrousser chemin.

    Est-ce une façon de manifester leur mécontentement après le résultat du référendum ? Une simple bravade de plus face aux gendarmes et aux automobilistes ? Personne ne le sait et ces questions resteront certainement sans réponse. Toujours est-il que, dimanche soir, les gendarmes ont compris qu’ils avaient affaire à des gens organisés. Un peu plus tôt, en cette soirée électorale, tandis que le non semblait l’emporter, un simple pneu, déposé sur un terre-plein au milieu de la RP1, laissait augurer une nuit agitée. À ce moment, l’Etat, bien que vigilant, laissait ses forces loin des regards, afin d’éviter toute provocation. Jusqu’à ce qu’un premier automobiliste ne rebrousse chemin face aux chicanes et aux objets en flammes dispersés sur la chaussée.

    DISPOSITIF DE GENDARMERIE QUASIMENT DOUBLÉ

    Il est alors 23 h 45 et la décision ne tarde pas à tomber. La route est bloquée. Du côté de Thabor, les trois gendarmes de la compagnie de Nouméa, en charge d’interdire l’accès à cette portion de la RP1, sont rapidement rejoints par des hommes cagoulés et lourdement armés. Il s’agit de l’antenne du GIGN, le groupe d’intervention d’élite des gendarmes. La situation est calme et une dizaine d’automobilistes décident de se ranger sur le bas-côté et de prendre leur mal en patience. Dans le noir, les gendarmes opèrent dans la plus grande discrétion, en vue d’une intervention. Les véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG) ne sont pas loin. Ils auront une sacrée part du travail à faire. Les premières allées et venues commencent au lever du jour. La file de voitures à l’arrêt s’allonge rapidement, on en dénombre plus d’une cinquantaine à 4 h 30. Et les manoeuvres des gendarmes se heurtent à la volonté des émeutiers de maintenir le blocage coûte que coûte. Des explosions de grenade résonnent à l’aube. « Dès que nous retirons un barrage, il est aussitôt remis en place », raconte un militaire. En quelques heures, les blindés et la troupe d’élite sont renforcés. Le dispositif initial de 65 gendarmes est monté à 135. Pas moins de neuf VBRG font vrombir leur moteur. Du jamais vu en termes d’effectif. Mais l’Etat, qui souhaitait faire de cette élection un modèle de calme, a prévu le pire scénario et fait venir des renforts. Le ballet des blindés reprend. « Il s’agit de rendre le plus rapidement possible cette route aux automobilistes », indique la gendarmerie. Les usagers s’agacent de ne pas pouvoir rentrer chez eux, une fois de plus. Mais les bloqueurs, certains mineurs, résistent. Et si aucun tir n’a été échangé selon les gendarmes, des projectiles ont fusé. Qu’il s’agisse de simples pierres ou encore, plus rare, de cocktails molotov. Derrière les barrières qui les séparent des militaires, les habitants du Mont- Dore et de Yaté attendent, à la fois impressionnés par cette démonstration de force de l’Etat, et exaspérés de voir l’acharnement de quelques fauteurs de troubles. Aux alentours de 16 heures, la nouvelle tant attendue arrive : les blindés ont dégagé les détritus à terre et l’entreprise de nettoyage a eu l’autorisation de faire place nette sur la chaussée. Un espoir de courte durée puisqu’elle s’est fait menacer par un groupe d’émeutiers et a dû rebrousser chemin. Elle refuse à présent d’intervenir. En attente d’une solution, l’axe restera certainement fermé une bonne partie de la journée d’aujourd’hui. D’autres incidents ont été signalés hier soir à Païta. Au col de la Pirogue et à N’Dé, de violentes échauffourées ont eu lieu entre des individus et les forces de l’ordre. Des automobilistes ont été caillassés.

    Jean-Frédéric Gallo et Jean-Alexis Gallien-Lamarche


    On a traversé et détruit les barrages à vive allure

    Bernard, Jean-Claude et Éric. Chacun a vécu à sa manière la longue journée d’hier. Dans la matinée, alors que la route est bloquée depuis plusieurs heures déjà, Bernard fait appel à la gendarmerie. « Je ne savais pas que la circulation avait été stoppée », témoigne cet homme qui devait être dialysé. Il y avait donc urgence médicale. Pris en charge par les gendarmes et emmené à l’intérieur du VBRG, Bernard a « traversé et détruit les barrages à vive allure. J’ai vu des carcasses de voiture, des grosses pierres… Cela faisait beaucoup de bruit lorsqu’on enfonçait tout ! » Si Bernard a vécu une expérience « impressionnante » – « ce n’est pas tous les jours qu’on monte dans un VBRG » –, quittant le blindé tout sourire en saluant chaleureusement les gendarmes, d’autres, en revanche, ont beaucoup moins rigolé. « Cela fait trente ans que j’habite Robinson et trente ans que ça dure, trente ans que la route est bloquée de temps en temps. On est habitué, presque résigné », peste Jean- Claude. Son avis est évidemment partagé par de nombreux Calédoniens. « Ces blocages montrent le manque de responsabilité de la part des autorités de Saint-Louis, s’il y en a encore. On espère que des gens sensés remettront un peu de calme », ajoute-t-il.

    ON EN A MARRE

    Bernard aussi trouve scandaleux ces blocages à répétition : « Ça ne sert à rien de faire ça. J’ai vu les débats entre politiques et les leaders indépendantistes avaient appelé la population et les jeunes à respecter le scrutin dans la paix. » Éric, 54 ans, s’est retrouvé « à la rue » dès 6 heures. Accroché aux grilles de sécurité, cet habitant du Mont-Dore Sud « en a ras le bol. Je ne vais pas pouvoir me rendre chez moi et par conséquent je ne vais pas pouvoir travailler. Je savais qu’il y allait avoir du grabuge à l’issue du référendum. On en a marre de cette situation : je me suis déjà fait caillasser, tirer dessus, je connais la chanson. » Quant à l’idée de la route maritime pour éviter tout problème, Éric n’est pas franchement certain que ce soit la bonne solution : « Ils trouveront toujours un moyen de bloquer la route. »

    J.-A.G.-L. et J.-F.G.

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